169 - Annick nous parle de "conscience collective"
Vendredi 31 octobre 2008
J'ai découvert cette semaine le blog d'Anna, que je m'empresse de rajouter dans mon blogroll. Au cours d'un échange très intéressant, Annick m'a fait un commentaire sur la conscience collective que je trouve passionnant, car il introduit un axe de réflexion nouveau sur ce blog. J'ai donc décidé de faire un billet de ce commentaire: Bonne lecture!
(...)des études sur la mémoire collective ont été réalisées et il s’avère que celle-ci obéit à des rythmes ( pas complètement expliqués d’ailleurs)Un savant Maurice Halbwachs (*) a consacré son œuvre presque essentiellement à l’étude de la conscience collective : comme les individus, les sociétés humaines connaissent l’état de choc et réagissent en évacuant au plus profond de leur mémoire l’évènement destructeur. La conscience collective doit alors, lentement, apprivoiser l’horreur vécue. Ce n’est qu’après une longue période de maturation que la communication, puis l’analyse sera possible.
Elie Wiesel, dans son livre « tous les fleuves vont à la mer » et lors de son discours en 2006 (festival international de littérature à Mantoue) en analyse les méandres mystérieuses : les survivants de la Shoah ont longtemps refusé de parler et ne furent guère questionnés non plus.
« L’espèce humaine » de Robert Anthelme, témoignage des camps de concentration, écrit en 1947, fut peu lu et tomba rapidement dans l’oubli. Pourtant à l’époque personne ne pouvait ignorer l’extermination de plus de 6 millions d’êtres humains. Mais la Shoah tomba dans l’oubli pendant plus de deux générations, refoulée dans la conscience universelle.
Raul Hilberg est l'un des plus grands historien de la Shoah. En 1961, son œuvre « la destruction des juifs d’Europe » n’eut pratiquement aucun écho. En 1985, la réédition de son œuvre connu, au contraire, un écho considérable.
« Nous assistons aujourd’hui à l’irruption d’une autre mémoire enfouie, celle des peuples anciennement colonisés de l’Hémisphère sud. ‘J’habite un long silence, j’habite une soif irrémédiable’ écrit Aimé Césaire. Comme la mémoire juive, celle des anciens peuples colonisés aura connu un long silence, suivi d’un brusque réveil. » (Jean Ziegler)
J’attire l'attention sur le fait des enfants esclaves il y en a des centaines de milliers au Nigéria. Avec notre complicité, évidemment… (celle de la Banque de France, Shell, pour ne citer qu’eux.)
(*) mort à buchenwald, peu avant la libération des camps en 1945.
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