Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

Le coin des compteurs
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25 octobre 2006

78 - Les stéréotypes s'invitent au Sénat

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Mercredi 25 octobre 2006

Le canard Enchainé du 18 octobre dernier relate une anecdote très révélatrice. Je me permet de relayer l'article en question que j'ai trouvé sur le site d'Alain Mabanckou.

Sans doute une info qui est passée presque inaperçue. Elle est signalée dans Le Canard enchaîné du 18 octobre dernier : "Bon nègre", avait intitulé l’hebdomadaire satirique pour rapporter le "délit de faciès" subi par deux attachées parlementaires noires, l’une travaillant pour le socialiste Yannick Bodin et l’autre pour le questeur socialiste Gérard Miquel. La scène, d’après Le Canard, s’est passée le 10 octobre dans une cafétéria du Sénat.

Les deux attachées parlementaires de couleur sont apostrophées, à leur entrée dans la salle, par un Sénateur UMP du Val-d’Oise Hugues Portelli (en photo), qui leur lance : « Vous pouvez nettoyer, parce que c’est sale ! On ne peut pas se servir, ici, c’est vraiment dégoûtant ». Et comme les deux attachées parlementaires, sous l’effet de la surprise, ne bronchent pas, le Sénateur UMP enfonce le clou : « Vous comprenez ce que je vous dis ou pas ? (...) Nettoyez, vous comprenez ou, ou pas ? » Alors, l’une des deux femmes lance : « C’est vrai que nous sommes noires, et qu’en général les femmes noires sont au Sénat pour faire le ménage. Mais là, nous venons juste nous servir un café. Nous sommes des assistantes parlementaires. »

Et comme le pauvre type de l’UMP se rend compte de son impair, il emprunte plus qu’un terrain glissant, question de se rattraper : « Vous savez, je ne suis pas raciste, mon beau-frère est antillais, mais je pensais que vous veniez là pour travailler. » Allons, allons, avis aux autres qui se livreraient à un tel amalgame : prévoyez un beau-frère de couleur. Mieux encore, vous pouvez trouver un beau-frère de votre beau-frère qui a épousé une personne de couleur...



Cette petite anecdote montre combien les stéréotypes sont ancrés dans nos esprits et combien ils peuvent s'avérer blessants. Une étude montre même leur pouvoir aliénant. En cliquant sur le lien suivant, vous pourrez lire ce rapport: "La Menace du Stéréotype". Bonne lecture...


Ce sketch fait lui aussi appel aux stéréotypes. Il nous rappelle combien le rire est conditionné par nos aquis culturels, et pas forcément les meilleurs.

Voir aussi: "Question d'humour"

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18 octobre 2006

77 - Indigènes: Un catalyseur?

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Mercredi 18 octobre 2006

Indigènes, le film évènement de ces dernières semaines semble avoir réussi à toucher les consciences au-delà du thème traité. En effet, bien que couvrant une page courte de notre histoire récente ainsi qu'une problématique spécifique aux anciens combattants, le film permet d'ouvrir des débats plus larges associés à notre histoire, à ses conséquences sur le monde contemporain et sur des faits d'actualité. L'identité et la construction identitaire, le racisme, le communautarisme, l'exclusion, la reconnaissance de chacun, semblent des thématiques émergentes lorsqu'il est question de ce film. Mon souhait le plus cher est de rendre obsolète le titre de ce blog, de pouvoir enfin mettre le mot "tabou" aux archives. Ce n'est qu'un premier pas bien entendu, mais comme le dit l'adage: "The longest journey begins with the first step".
Beaucoup de réactions sur le web au sujet de ce film. Positives, négatives, peu importe! Elles existent et permettent ainsi d'échanger et de véhiculer de nouvelles réflexions.


Pour illustrer cette note optimiste, France 2 programme demain soir jeudi un numéro d'"A Vous de juger" intitulé "Qu'est-ce qu'être Français aujourd'hui?" en réaction à la sortie de ce film. Voici comment est présentée cette émission sur le site de France 2:


Chaque mois, la politique est remise à l'honneur avec un décryptage, autour d'un grand thème de l'actualité. Ce soir, Arlette Chabot pose la question «Qu'est-ce qu'être Français aujourd'hui?» à ses invités. Pour en débattre, on retrouve sur le plateau Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, Rachid Bouchareb, réalisateur du film «Indigènes», Max Gallo, écrivain et historien, Sami Bouajila, acteur, et Bernard Tapie. Pendant deux heures, l'objectif est de réussir à faire le tour de la question, en abordant ses différents aspects pour en saisir toute la complexité, en confrontant avis d'experts, de politiques mais aussi de citoyens concernés par le sujet. Avec toutes les cartes en main, chacun pourra juger en connaissance de cause.


Vendredi 20 octobre 2006

J'ai suivi, comme beaucoup d'entre vous j'espère, l'émission de France 2 hier soir. La première partie était réellement de très bonne qualité et finalement ne démentait en rien ce que j'ai dit précedemment. J'ai notament découvert un personnage, Abd al Malik, d'une maturité et d'une justesse exceptionnelles. Je vous laisse profiter d'un court extrait (2mn) qui fait du bien.



PS: L'intégralité de l'émission est visionnable ICI.

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13 octobre 2006

76 - L'Afrique va mal, à qui la faute?

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Vendredi 13 octobre 2006

Petit extrait de l'émission de France 3 "Ce soir ou jamais" du 11 octobre dernier à laquelle participait un ami de la blogosphère: Alain Mabanckou.

J'aime ce type d'échange sans surcharge émotionnelle inutile. La recherche de "fautifs" ne fait que cacher la recherche de solutions et d'humanité. Durée: 20mn environ.


L'Afrique va mal : A qui la faute?
Vidéo envoyée par Titophe





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11 octobre 2006

75 - "Le beau temps des colonies" en disque

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Mercredi 11 octobre 2006

J'ai très peu de temps à consacrer au blog en ce moment. La lecture de cet article du Monde me permet de l'alimenter par procuration.

C'est un disque qui sent bon le sable chaud, la casbah d'Alger et ses moukères, Saïgon et ses mousmés... La jaquette reproduit le célèbre dessin d'un tirailleur sénégalais hilare, dégustant une boisson au chocolat : "Y'a bon !" Le titre de cette compilation, dans les bacs début octobre, est tout un programme : Le Beau Temps des colonies.

On y trouve des chansons bien connues telles que Mon légionnaire d'Edith Piaf et La Petite Tonkinoise de Joséphine Baker.

D'autres sont des produits de propagande. La Marche triomphale du centenaire de la conquête de l'Algérie fait un éloge sans nuances de l'oeuvre accomplie dans ce pays :
"Ah ! Si le brave Abd el Kader revenait en Algérie, il serait heureux de voir comme elle est jolie. Y a du pinard, du chemin de fer, de l'industrie ! (...) Ces trésors dont nous sommes émerveillés, qui nous les a gagnés ? C'est le père Bugeaud et ses troupiers ! (...) Viens dans la casbah, et culbute-la, ta jolie Fatma !"

La marche officielle de l'exposition coloniale de 1931 évoque "Nénufar, le petit négro", venu visiter l'exposition, "nu comme un ver, le nez en l'air et les cheveux en paille de fer". Beaucoup de textes reflètent l'imaginaire du colonisateur fantasmant sur la femme des colonies. La Fille du Bédouin, chantée par Georges Milton, "rangeait des bananes dans son petit couffin" et "connut tour à tour les 3 000 bédouins de la caravane".

Sur le site Internet de la Fnac, le débat fait rage. "Comment osez-vous mettre en vente des chansons procolonialistes et ouvertement négrophobes au sein d'une institution telle que la vôtre, où il apparaît désormais officiel de calomnier nos aïeux et se faire traiter de négro en musique !", s'indigne un internaute de Paris. "Je suis choquée, je n'ai pas de mots, s'indigne une femme. J'attends la suite, "Au beau temps de Vichy"..." D'autres personnes trouvent des vertus au disque. "Chaque morceau est un rayon de soleil qui illumine notre quotidien !", s'exclame un internaute de Paris. "C'est un témoignage historique et en rien un appel au racisme", écrit un autre, et conclut : "Vive la liberté d'expression !"

Emmanuel Chamboredon, PDG de la société Milan Music, qui publie le disque, reconnaît qu'il a eu l'idée de sortir la compilation en voyant les nombreux livres consacrés à la période coloniale.

"Les chansons les plus excessives ont été écartées, précise-t-il. Notre but est de restituer l'ambiance de l'époque. Quant à la couverture, elle est bien choisie car elle reflète à la fois la mythologie des années 1930 et l'héroïsme des troupes coloniales."

Les associations antiracistes s'interrogent sur les suites à donner à cette parution.



Xavier Ternisien
Article paru dans l'édition du 11.10.06


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