Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

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27 mai 2008

157 - Du racisme positif?

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Mardi 27 mai 2008

Toujours en ballade sur le web, je suis tombé sur un article intéressant dans le style et dans le fond. Le sujet: Le racisme n'est pas qu'une vision négative de l'autre, ce peut aussi être une image stéréotypée systématiquement positive, et donc raciste aussi. Intéressante analyse dont je ne livrerai ici que certains extraits, n'ayant pas eu l'autorisation de l'administrateur du site pour relayer l'article dans son intégralité. Vous pouvez néanmoins lire cet article en vous rendant directement sur le site du Causeur.

Quelques extraits:

"Le racisme est devenu un tabou contemporain. Tant mieux. Mais ce qui semble avoir échappé à notre vigilance, c’est la persistance d’un discours qui, pour être formellement sympathique, n’autorise pas moins la pérennité, la mutation et donc, à terme, le retour d’un racisme pur et dur.

Car si l’expression raciste de nature agressive est prohibée, la louange raciste, elle, ne l’est pas. Les Noirs sont plus sympathiques, les Nordiques mieux bâtis, les Asiatiques plus sensuels, et ad libitum : autant de jugements caricaturaux, qui sont communément propagés et admis dans la mesure où ils ne sont pas proférés dans un but méprisant…"

"Les Métis sont beaux, comme les Noirs dansent bien et les Asiatiques cousent vite. Loin de toute vocifération hitlérienne, on en arrive ainsi, de nouveau, à ramener l’individu à ses caractéristiques zoologiques."

"Cette conception de l’homme est hélas minée par un néo-racisme débonnaire et flatteur, qui à la haine préfère l’ADN, et nous ramène sans cesse au règne animal : pour la chasse ? Un teckel. Pour l’entrée du magasin ? Un black ! Pour le défilé de Deauville ? Un lévrier. Pour le standard et l’accueil ? Une Noich… Pour la chambre du petit ? Un hamster. Dans les buts ? Un rebeu. Pour Mamy ? Un chat angora. Et pour la Direction Générale ? Un blanc, la bonne blague !"

"Qu’on y songe donc : derrière d’innocents compliments (”Oh ! Comme ils sont beaux…”) se profile une régression idéologique majeure. Il ne tient qu’à nous de l’enrayer. "


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23 mai 2008

156 - Le racisme selon René

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Vendredi 23 mai 2008


J'ai découvert dernièrement le blog de René. C'est un billet, Vous avez dit racisme ?, qui a retenu mon attention. Comme je l'ai déjà écrit, le blog Racisme et Histoire est un espace de partage avant tout. Les contributions sont donc les bienvenues, surtout lorsqu'elles offrent un éclairage nouveau. Dans l'article en question, René livre sa définition du racisme. Le style, très synthétique et précis, m'a semblé en parfait accord avec le fond, plutot détaché et sans surcharge émotionnelle inutile. Après avoir obtenu l'accord de René, je vous livre son analyse.

Bonne lecture.

Vous avez dit racisme ?

Une polémique vient récemment de voir le jour, avec le projet du Président Sarkozy de faire inscrire l'histoire de l'esclavage dans les programme scolaires dès la rentrée 2009. Parallèlement, une discussion connexe est née, au sujet du racisme. Car bien qu'il n'y ait qu'un rapport indirect entre les deux, l'évocation de l'esclavage historique, et notamment du commerce triangulaire, provoque chez les descendants des anciens esclaves, et notamment dans les anciennes colonies françaises d'Outre Mer, la résurgence du sentiment d'être victime de racisme, aujourd'hui encore.

N'ayant jamais voyagé, ni a fortiori vécu, dans ces territoires lointains, je ne sais pas si ce sentiment est justifié ou non. En tout état de cause, mon propos d'aujourd'hui est plus d'évoquer le racisme en général que cet aspect en particulier. Car le racisme anti-Noirs, celui qui vient immédiatement à l'esprit dès qu'on prononce le mot, n'est qu'un aspect du problème.

Qu'est-ce que le racisme?

Le racisme est une théorie selon laquelle il existerait des races humaines qui présenteraient des différences biologiques justifiant des rapports de domination entre elles et des comportements de rejet ou d'agression. Ce peut être aussi le fait de croire en la supériorité d'un groupe humain. Défini comme une race, ce groupe serait supérieur à tous les autres. Le racisme est la haine d'un de ces groupes humains. Dans le langage courant, le terme "racisme" se rapporte également à la xénophobie, c'est à dire au rejet des étrangers.

D'où vient le racisme?

De tous temps, le racisme a existé. Les Egyptiens s'opposaient à ceux qui ne parlaient pas leur langue. Les Romains se considéraient supérieurs à leurs voisins, dont ils voulaient conquérir les territoires. A la même époque, les Chinois se sont interrogés sur le degré d'intelligence des navigateurs qui leur rendaient visite, et commencèrent à comparer les peuples entre eux. Au XVIème siècles, les Espagnols, puis les Portugais, puis nous, les Français, suivis de près par les Anglais et les Hollandais, avons inventé le racisme colonial, considérant les "indigènes" de nos colonies lointaines comme des peuplades inférieures, et les assimilant presque à des animaux, sous prétexte qu'ils vivaient nus, qu'ils peignaient leurs corps, ou qu'ils ne parlaient pas la même langue que nous...

C'est à ce moment également qu'est apparu le "commerce triangulaire" destiné à "approvisionner" les colonies américaines en esclaves "échangés" en Afrique contre des marchandises venues d'Europe. Il faut savoir que tous les Noirs du monde entier ont leur origine en Afrique subsaharienne, et que c'est essentiellement la pratique de l'esclavage qui a fait qu'on en retrouve aujourd'hui un peu partout sur la planète. Il est bien évident que le statut d'esclave de ces populations "déplacées" n'a pu qu'alimenter le sentiment de racisme à leur encontre, puisque par définition ils étaient socialement inférieurs. De là à considérer qu'il l'étaient également d'un point de vue ethnique, il n'y avait qu'un pas, franchi allègrement par tout le monde occidental à l'époque.

Malgré l'abolition de l'esclavage, au milieu du 19ème siècle, le sentiment de racisme anti-Noirs a longtemps perduré, sur le continent américain notamment mais pas seulement. Bien que devenus illégaux, les comportements racistes sont encore d'actualité, y compris en France et en Europe. Et pas seulement en rapport avec la couleur de la peau. L'épisode du régime nazi en Allemagne et dans plusieurs pays d''Europe occidentale entre 1933 et 1945 a laissé des traces profondes. Ce régime profondément raciste qui a persécuté notamment les Juifs, avec plusieurs millions de victimes, s'est appuyé sur une vague antisémite qui n'a pas disparu avec la fin de la guerre, mais qui existe encore aujourd'hui.

Parallèlement à ces formes de racisme au sens étymologique du terme, d'autres formes de rejet de "l'autre", de "celui qui est différent", de "l'étranger", sont encore parfaitement d'actualité. Ce comportement se nomme la xénophobie, et se perpétue dans chaque pays à l'encontre des ressortissants des autres nations, voire à l'encontre des habitants de certaines provinces. C'est encore souvent le cas en France à l'égad des Bretons, des Basques, ou encore des Corses, sans que cette liste soit limitative.

Mais ce n'est pas tout : le rejet de l'autre peut se fonder aussi en fonction des pratiques sexuelles, des croyances religieuses, voire de tout autre critère de différenciation objective ou subjective.

Que penser du racisme?

Le racisme, qui ne s'appuie sur aucune réalité scientifique, est une perversion de la pensée, souvent en relation avec une appréhension (peur de l'inconnu) ou un risque (comportement atypique de certains, chômage...).

Les comportements racistes, et par exemple les discriminations, sont interdits par la loi, c'est bien le moins, sévèrement punis au plan pénal, mais au-delà des textes, il convient de les condamner avec énergie tant sur le plan philosophique que dans la vie de tous les jours. Ils sont une gangrène de la vie sociale, et le déshonneur de l'individu qui s'y adonne. L'égalité de droit entre tous les hommes est un principe immuable qu'il convient de défendre bec et ongles. C'est un des aspects de ce qui différencie l'être humain de l'animal. Le raciste est donc, pourrait-on dire, "un animal parmi les hommes". Au plan moral, j'entends.

Et ces comportements passent malheureusement souvent pour anodins. Il convient donc d'être particulièrement vigilant. Le plus petit signe de discrimination est un "doigt dans l'engrenage", et s'en accommoder, le banaliser, conduit inexorablement à excuser ensuite à court ou moyen terme des comportements beaucoup plus graves. C'est un phénomène insidieux et sournois.

Les dérives actuelles de l'antiracisme

Etre antiraciste, ça consiste à lutter contre le racisme, et ne faire aucune différence de droits entre deux individus, sur quelque critère que ce soit : couleur de peau, religion, habitudes sexuelles, nationalité ou tout autre.

Aucune différence, ni dans un sens ni dans l'autre ! La notion de "discrimination positive", très à la mode actuellement, et qui consisterait, si elle était appliquée, à favoriser telle ou telle catégorie de personnes, membres de telle ou telle minorité, est donc en elle-même une (nouvelle) forme de racisme. Favoriser un groupe minoritaire quel qu'il soit, c'est le discriminer. Le racisme aura disparu quand on ne se posera plus la question de savoir à quel groupe particulier appartient tel ou tel. Mais je sais bien que c'est encore une utopie !...

Il en va de même de cette notion de "parité" qui est apparue il y a quelques temps, et par exemple de la parité hommes/femmes dans les partis politiques, sur les listes électorales, à l'antenne à la télévision, aux postes de direction des entreprises, etc.. etc.. Quelle est cette galéjade ? Quelle est cette idée idiote en fonction de laquelle on devrait systématiquement avoir moitié hommes et moitié femmes dans tel ou tel groupe socio-politique, professionnel ou autre ? Pour donner aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes ? D'accord sur le principe, mais je veux également les droits des hommes identiques à ceux des femmes. Et ça signifie qu'un homme ne doit pas se voir refuser tel poste au motif qu'il y a déjà 50 % de "mâles" dans le groupe, et qu'il faut maintenant y admettre autant de femmes. Car dès lors, vous discriminez les hommes, chers amis donneurs de leçons ! Ce n'est certes pas la faute des hommes s'il y a moins de candidates que de candidats aux postes de responsabilité, que ce soit dans l'entreprise ou dans le monde politique. Et définir tout autre critère de choix que la qualité intrinsèque de l'individu en fonction du poste proposé est non seulement une hérésie, mais un acte discriminatoire !...

Une autre notion, qui sort quelque peu du champ de cet article, mais pas vraiment : la parité salariale, à poste égal, entre hommes et femmes. L'adage souvent entendu "A travail égal, salaire égal", est, ou devrait être en tous cas, une lapalissade ! Mais je dis bien "à travail égal" et pas "à poste égal". Nuance importante ! Je sais par expérience la différence que peut représenter, à certains postes stratégiques, le fait d'y placer un homme ou d'y placer une femme. Un simple exemple : quand le petit a la fièvre, il est extrêmement rare que ce soit le papa qui reste au domicile pour le garder. Et ce n'est pas tout : d'autres phénomènes biologiques liées à la condition féminine, ce n'est évidemment pas leur faute, entravent de manière considérable, même s'il est politiquement incorrect de le dire, le taux de présence des femmes au travail. Ce n'est pas de l'idéologie, c'est une constatation objective, et l'absentéisme, à poste égal, est en moyenne supérieur de 15 à 20 % chez les femmes par rapport aux hommes. Alors, non, à poste égal, le travail n'est pas égal, et, oui, il est tout à fait normal que le salaire ne le soit pas non plus !..

Conclusion

Pour résumer tout cela en quelques mots :

- le racisme est une tare de la pensée humaine et une gangrène de la société
- les discriminations, qui sont l'une des conséquences les plus courantes du "racisme ordinaire", doivent être combattues non seulement par la loi, mais dans le comportement de chacun au jour le jour
- mais combattre les discriminations, ce n'est pas les remplacer par d'autres à contresens. L'absence de discrimination, c'est l'égalité absolue de droits entre tous les individus. Et l'égalité de droits, ce n'est pas l'égalité de fait : les aptitudes et les possibilités de chacun doivent être prises en compte, en ce qu'elles sont négatives comme en ce qu'elles sont positives, quels que soient l'individu et ses spécificités.

La société ne sera plus raciste quand on ne se posera plus la question de la race. Idem pour les autres critères de discriminations actuels. Malheureusement, il reste un long chemin à parcourir avant d'y parvenir....


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21 mai 2008

155 - Quand l'Afrique s'éveille...

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Mercredi 21 mai 2008

Pour redonner vie à ce blog, je relaye aujourd'hui encore un article de presse qui m'interpelle par son optimisme. Celà fait du bien. Cet article a été trouvé sur le site du journal Le Point

L'éditorial de Claude Imbert - Quand l'Afrique s'éveille...

Entre la France et l'Afrique, c'est, dit-on, le désamour. Mais où donc était l'amour ? Amour, l'esclavage, la colonisation ? Amour, les intermittences d'humeur d'une tutelle coloniale qui fut à la fois prédatrice et humanitaire, profiteuse et normative ? Amour, la férule du gaullisme postcolonial lorsque « papa de Gaulle » gourmandait la chefferie de l'Union française ? Vous plaisantez !

Devant cette image dégradée de la France en Afrique-que confirment une quarantaine de nos ambassadeurs (1)-, on perd son temps à décrypter tous les aléas de notre politique accusée d'en faire trop... ou pas assez. Le prétendu « désamour » vient de plus haut et de plus loin : l'Afrique liquide quelques siècles de soumission. Une nouvelle génération d'Africains accomplit la « mort du père », la mort du parrainage colonial et postcolonial. Elle fait sonner, à tous vents, ses chaînes déliées.


La France n'a jamais bien compris la souffrance d'une Afrique « déshéritée ». Déshéritée certes dans son climat, ses endémies, sa géographie, mais tout autant dans son histoire. Nous n'avons jamais pris la cruelle mesure d'une double mutilation. Celle de l'esclavage-tant occidental qu'arabe. Celle de la colonisation lorsque, il y a plus d'un siècle, nos messieurs en jaquette découpaient leur butin de déserts et savanes sur les tapis verts de Paris, Londres ou Berlin, en biffant des royaumes défaits, des ethnies ignorées...

Ce que la jeune Afrique nous demande, aujourd'hui, c'est de cesser de croire-par illusion postcoloniale-à l'exemplarité de notre modèle démocratique. Veut-elle notre repentance ? Non ! L'Afrique a mieux à faire-et nous aussi-que de nous voir battre notre coulpe sur celle de nos aïeux. Ce qu'elle magnifie à grand bruit, c'est la fierté reconquise d'une masse d'hommes, jadis infériorisés, avec leurs cultures propres, leur vision de la fratrie, de la vie et de la mort, et qui furent précipités sous la tutelle de l'homme blanc, de son ingéniosité scientifique et technique. Mieux que les Indiens décimés d'Amérique, l'homme noir aura survécu. Il s'approprie peu à peu-et comme toute l'Asie-le savoir-faire occidental. Mais il ne liquidera plus sa différence. Apprenons à regarder cette nouvelle Afrique au fond des yeux : elle ne les baissera plus.

Chassons, par exemple, cette idée datée, odieuse-et qui rôdait encore vaguement dans notre discours présidentiel de Dakar-que l'histoire des hommes appartint tout entière à ceux qui, pour quelques siècles, en tenaient le gouvernail et nullement à ceux qui croupissaient à fond de cale. Aujourd'hui, le monde noir-Afrique, Caraïbes, Amérique-fête la fin de cet enfouissement. Il fait de sa libération le mythe fondateur de sa renaissance. De même que la Révolution de 1789 devint le mythe fondateur d'une nouvelle France, de même l'Afrique sacralise sa rupture. Pourquoi le tyran Mugabe, obstiné despote, conserve-t-il l'indulgence de ses pairs d'Afrique ? Parce qu'il fut avec Nkrumah une des grandes figures fondatrices de la Libération. Pourquoi Aimé Césaire, descendant d'esclaves de la Martinique, est-il encensé dans toute l'Afrique ? Parce qu'il apparaît, plus que Senghor, comme le chantre vraiment rebelle de la négritude. Désormais, un rêve panafricain germe dans les jeunesses noires, avec son cortège fantasque d'utopies. Mais sous leur confuse rumeur une nouvelle Afrique bouge et s'étire.


Avec ses 800 millions d'hommes, l'Afrique n'en a pas fini avec ses misères climatiques, ses famines, ses conflits ethniques et la corruption de ses caciques. Mais, avec un taux moyen de croissance de 4 %, elle quitte les gouffres. Elle aligne encore des lanternes rouges de la détresse mondiale, mais aussi de nouveaux champions, dopés, entre autres, par le boom pétrolier.

Dans une mondialisation qui rebat bien des cartes, la France conserve un atout majeur : sa langue, et une rare expertise du continent. Nous devons défendre nos intérêts sans hauteur ni complexes, contre des concurrences nouvelles, dont la Chine, omniprésente. Déjà, nous commerçons plus avec l'Afrique anglophone qu'avec le prétendu pré carré de l'Afrique francophone. Une manière de tourner la page !

Si des vestiges de la « Françafrique » nous conservent, ici ou là, des fidélités profitables, tant mieux ! Pourquoi jeter ces bébés avec l'eau du bain où nous avons baigné ? Ce qu'il faut évacuer, c'est l'eau du bain. On disait, il y cinquante ans, l'Afrique mal partie. En fait, elle n'était pas du tout partie. Aujourd'hui, elle part, appareille, s'arrache à nos anciens parapets... Bon vent ! §

1. Le Monde, 27 et 28 avril 2008.


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20 mai 2008

154 - "L'Afrique est ruinée ? La Chine est preneuse"

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Mardi 20 mai 2008

J'ai trouvé aujourd'hui un dossier très intéressant sur le site du Monde. Je me permets de le relayer car il traite d'un sujet qui mérite d'être développé. Le livre qui sort aujourd'hui semble prometteur.

Article long mais captivant:

"L'Afrique est ruinée ? La Chine est preneuse"

Le dernier acte de la mondialisation se joue loin des yeux occidentaux. Ses acteurs ? Des milliers de migrants chinois qui s'installent partout en Afrique pour construire, produire et commercer. Serge Michel et Michel Beuret, avec le photographe Paolo Woods, sont allés à leur rencontre. Nous publions des extraits du prologue de leur livre, qui paraît mardi 20 mai. La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir, photographies de Paolo Woods. © Editions Grasset & Fasquelle, 2008.

"Ni hao, ni hao."
Nous marchions depuis dix minutes dans cette rue de Brazzaville quand une joyeuse pelote de petits Congolais s'est arrêtée de courir après un ballon pour nous saluer. Les Blancs, en Afrique, ont l'habitude des "hello mista !", des "salut toubab !" ou des "Monsieur Monsieur !". Mais ces enfants, alignés et souriants au bord de la rue, ont enrichi le répertoire. Ils ont crié "ni hao, ni hao", bonjour en chinois, avant de reprendre leur jeu. Pour eux, tous les étrangers sont chinois.

Quelques centaines de mètres plus loin, une société chinoise était en train de construire le nouveau siège de la télévision nationale congolaise, un bâtiment de verre et de métal comme tombé du ciel dans ce quartier populaire. Et à l'entrée de la rue, cette même société érigeait une villa somptueuse pour un membre du gouvernement, sans doute en remerciement de l'attribution du chantier de la télévision. En ville, d'autres compagnies chinoises mettaient la dernière main au nouveau ministère des affaires étrangères et de la francophonie et bouchaient les trous d'obus dans les bâtiments touchés par la guerre civile.

A 2 250 km au nord-ouest de là, dans la banlieue de Lagos, au Nigeria, l'usine Newbisco passait pour une malédiction. Fondée par un Britannique avant l'indépendance de 1960, cette unité de production de biscuits secs a changé souvent de mains, aucun propriétaire n'étant capable de la tenir à flot dans un pays où les exportations pétrolières et la corruption étouffent toute autre activité économique. En 2000, son avant-dernier patron, un Indien, a revendu Newbisco en état de ruine à l'homme d'affaires chinois Y. T. Chu. Lorsque nous sommes entrés dans l'usine, un matin d'avril 2007, une odeur de farine et de sucre flottait dans l'air. Les tapis roulants charriaient chaque heure plus de trois tonnes de petits biscuits aussitôt emballés par des dizaines d'ouvrières. "Nous couvrons à peine 1 % des besoins du marché nigérian", a dit Y. T. Chu en souriant. Les reporters rentrent souvent d'Afrique avec des histoires dramatiques d'enfants affamés, de conflits ethniques et de violences incompréhensibles. Nous avons bien sûr été témoins de tout cela lors de nos reportages en Afrique ces dernières années, mais, cette fois, au moment de commencer la rédaction de ce livre, ce sont les images d'une Afrique nouvelle qui nous passent devant les yeux : les enfants de Brazzaville qui saluent en chinois, l'usine de biscuits de Lagos ou encore l'autoroute construite au Soudan, que nous avons empruntée à l'été 2007.

Nous roulions depuis deux heures entre Khartoum et Port-Soudan lorsqu'un passage du livre de Robert Fisk nous est revenu en mémoire. En 1993, c'est dans un village à gauche de cette route que le reporter britannique avait rendez-vous avec Oussama Ben Laden, réfugié au Soudan après avoir appelé à la guerre sainte contre les Américains en Arabie saoudite. Pour remercier ses hôtes soudanais, il a expliqué à Fisk qu'il allait construire une nouvelle route de 800 km entre la capitale et le grand port. En 1996, le terroriste est obligé de fuir à nouveau, cette fois en Afghanistan, où il a développé d'autres projets que le génie civil. Qui allait terminer son chantier ? Les Chinois. Ils prévoient même de le doubler d'une voie de chemin de fer. Arrivées massivement dans le pays dès le milieu des années 1990, les entreprises chinoises y ont déjà investi 15 milliards de dollars, en particulier dans les puits de pétrole qui fournissent aujourd'hui à la Chine jusqu'à 10 % de ses importations.

Pendant plus d'un an, nous avons parcouru des milliers de kilomètres et visité quinze pays pour raconter ce que la Chine fait en Afrique. L'idée nous trottait dans la tête depuis un certain temps, mais elle s'est imposée lors d'une rencontre impromptue avec Lansana Conté, le président de Guinée, à la fin octobre 2006. Cela faisait une dizaine d'années qu'il n'avait pas parlé à la presse étrangère. Pourquoi accepter de nous voir, ce jour-là, dans son village natal, à trois heures de la capitale, Conakry ? Peut-être le besoin de prouver qu'il était encore vif, alors qu'on le disait à l'agonie et que le pays se laissait gagner par le chaos. De fait, la discussion fut assez sombre, malgré le décor ravissant de sa grosse villa donnant sur son lac privé. Le président a traité la plupart de ses ministres de "voleurs" et fustigé les Blancs "qui n'ont jamais cessé de se comporter en colons". Il a fait l'éloge d'une Guinée agricole et a paru accablé par la découverte off-shore de gisements pétroliers qui, à son avis, feront de la Guinée un pays plus corrompu encore.

Une seule fois, le visage présidentiel s'est éclairé : lorsque la discussion a glissé sur les Chinois. "Les Chinois sont incomparables !" s'est exclamé le vieux général. Au moins, ils travaillent ! Ils vivent avec nous dans la boue. Il y en a qui cultivent, comme moi. Je leur ai confié une terre fatiguée, vous devriez voir ce qu'ils en ont fait !"

La présence de Chinois en Afrique n'est plus une surprise. Ces quatre ou cinq dernières années, nous les avions vus progresser un peu partout lors de nos reportages en Angola, au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Sierra Leone. Mais le phénomène a changé d'échelle. Tout se passe comme s'ils avaient d'un coup décuplé leurs efforts au point de pénétrer l'imaginaire de tout un continent, du vieux président guinéen, qui ne voyage plus que pour se faire soigner en Suisse, aux petits Congolais trop jeunes pour distinguer un Européen d'un Asiatique.

En quelques années, la Chine en Afrique est passée de sujet pointu pour spécialistes en géopolitique à un thème central dans les relations internationales et la vie quotidienne du continent. Et pourtant, chercheurs et journalistes continuent de brasser les mêmes chiffres macro-économiques : le commerce bilatéral entre les deux régions a été multiplié par cinquante entre 1980 et 2005. Il a quintuplé entre 2000 et 2006, passant de 10 à 55 milliards, et devrait atteindre 100 milliards en 2010. Il y aurait déjà 900 entreprises chinoises sur le sol africain. En 2007, la Chine aurait pris la place de la France comme second plus gros partenaire commercial de l'Afrique.

Ce sont là des chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les investissements de tous les migrants. D'ailleurs, combien sont-ils ? Un séminaire universitaire organisé à la fin 2006 en Afrique du Sud, où la communauté chinoise est la plus nombreuse, avance le chiffre de 750 000 pour tout le continent. Les journaux africains, eux, se laissent parfois aller à évoquer "des millions" de Chinois. Du côté chinois, l'estimation la plus haute vient du vice-président de l'Association de l'amitié des peuples chinois et africains, Huang Zequan, qui a parcouru 33 des 53 pays africains. Dans une interview au Journal du commerce chinois en 2007, il estime que 500 000 de ses compatriotes vivent en Afrique (contre 250 000 Libanais et moins de 110 000 Français).

Tout ces migrants-là, comme s'ils n'étaient qu'une armée de fourmis, n'ont pas de nom, pas de visage et restent muets. Le plus souvent, les journalistes se plaignent qu'ils refusent de parler. Et le ton des articles pour les décrire est inquiet, voire alarmiste, comme si l'arrivée d'une nouvelle puissance n'était qu'une calamité de plus pour le continent noir, aux souffrances déjà infinies.

Voyons les choses d'une autre façon. L'entrée de la Chine sur la scène africaine pourrait bien représenter, pour Pékin, son couronnement de superpuissance mondiale, capable de miracles aussi bien chez elle que sur les terres les plus ingrates de la planète. Et, pour l'Afrique, cette rencontre marque peut-être le rebondissement tant attendu depuis la décolonisation des années 1960, de son heure qui sonne enfin, du dernier espoir du président guinéen mais aussi des 900 millions d'Africains, le signal que plus rien ne sera comme avant. Passons les acteurs en revue.

Les Chinois d'abord. L'histoire, telle qu'on la raconte en Occident, veut qu'ils vivent depuis des millénaires une aventure tragique, essentiellement collective et confinée à l'intérieur de leurs immenses frontières. Un jour de décembre 1978, alors que l'empire du Milieu se remettait à peine des affres de la révolution culturelle, Deng Xiaoping leur a lancé un slogan révolutionnaire : "Enrichissez-vous". Vingt ans plus tard, c'est devenu le credo d'un milliard 300 millions de Chinois et, pour une partie d'entre eux, c'est chose faite. Pour les autres, les ruraux surtout, la vie est devenue impossible. Depuis la nuit des temps en Chine, cette catégorie-là cherche à quitter sa terre pour un monde meilleur. La diaspora chinoise, dit-on, est la plus nombreuse au monde, avec 100 millions de personnes, et la plus riche. (...) Jusqu'en 2000, Pékin tentait encore de freiner le mouvement, afin de ne pas entacher l'image du régime. Aujourd'hui, il l'encourage, en particulier pour les braves qui veulent tenter leur chance en Afrique. Dans l'esprit des dirigeants chinois, et singulièrement dans celui du président, surnommé parfois Hu Jintao l'Africain, l'immigration est même devenue une partie de la solution pour faire baisser la pression démographique, la surchauffe économique, la pollution. "Nous avons 600 rivières en Chine, 400 sont mortes de pollution, affirmait un scientifique dans Le Figaro, sous couvert de l'anonymat. On ne s'en tirera pas sans envoyer 300 millions de personnes en Afrique !"

Ils sont pour l'instant des centaines de milliers à avoir fait le grand saut.

Et c'est ainsi que s'achève, dans le plus grand silence, l'une des dernières étapes de la mondialisation et la rencontre des deux cultures les plus éloignées que la terre puisse porter. En Afrique, leur nouveau Far West, les Chinois découvrent à tâtons les grands espaces, l'exotisme, le rejet, le racisme, l'aventure individuelle - voire intérieure. Ils comprennent que le monde est plus complexe que ne le décrit le Quotidien du peuple. Ces migrants-là se retrouvent tantôt prédateurs, tantôt héros de leur propre histoire, conquistadors ou samaritains. Ils ont, bien sûr, tendance à rester entre eux, à manger comme chez eux, ils ne font pas l'effort d'apprendre les langues autochtones ni même le français ou l'anglais et affichent souvent une moue de dégoût à l'idée d'épouser les coutumes locales, sans parler d'une femme africaine !

A force de s'être enfermés derrière leurs grandes murailles durant des millénaires, les Chinois auraient perdu l'envie de s'adapter aux autres civilisations ou de cohabiter avec elles. Mais aucun ne reviendra indemne d'Afrique. Leurs voyages, leurs découvertes ébranlent désormais l'inertie de la Chine autant qu'a pu le faire, dans les années 1980, sa conversion au capitalisme. Ces Chinois-là feront naître de nouvelles idées, de nouvelles ambitions.

D'ailleurs, leur gouvernement, lui aussi, change depuis qu'il a intensifié sa présence en Afrique. Très attaché à sa devise de "non-ingérence" dans les affaires intérieures, il se rend compte progressivement qu'un soutien trop affiché à certains dictateurs peut lui causer un tort considérable. C'est ainsi que Pékin, après avoir été le plus sûr allié de Khartoum ou de Harare, tente aujourd'hui de freiner l'élan guerrier du Soudan au Darfour et n'aide plus Robert Mugabe, le dictateur zimbabwéen, qu'au compte-gouttes.

L'Afrique, ensuite. Les puissances coloniales l'ont pillée jusqu'en 1960, avant de pérenniser leurs intérêts en y soutenant ses régimes les plus brutaux. L'aide, que l'on estime à 400 milliards de dollars pour toute la période 1960-2000 (400 milliards, c'est l'équivalent du PNB de la Turquie en 2007, mais aussi des fonds que l'élite africaine aurait cachés dans les banques occidentales), n'a pas produit l'effet escompté et aurait même, selon une théorie en vogue, empiré les choses. Il n'empêche, l'Afrique n'a survécu que grâce au sentiment de culpabilité des Occidentaux, qu'elle a fini par décourager. En faisant échouer tous les programmes de développement, en restant la victime éternelle des ténèbres, des dictatures, des génocides, des guerres, des épidémies et de l'avancée des déserts, elle se montre incapable de participer un jour au festin de la mondialisation. "Depuis l'indépendance, l'Afrique travaille à sa recolonisation. Du moins, si c'était le but, elle ne s'y prendrait pas autrement", écrit Stephen Smith dans Négrologie. Avant de poursuivre avec ces mots terribles : "Seulement, même en cela, le continent échoue. Plus personne n'est preneur."

Erreur, la Chine est preneuse. Pour alimenter sa croissance démesurée, la République populaire a un besoin vital en matières premières dont le continent regorge : le pétrole, les minerais, mais aussi le bois, le poisson et les produits agricoles. Elle n'est pas rebutée par l'absence de démocratie ni par la corruption. Ses fantassins ont l'habitude de dormir sur une natte, de ne pas manger de la viande tous les jours. Ils trouvent des opportunités là où d'autres ne voient que de l'inconfort ou du gaspillage. Ils persévèrent là où les Occidentaux ont baissé les bras pour un profit plus sûr. La Chine voit plus loin. Ses objectifs dépassent les anciens prés carrés coloniaux et déploient une vision continentale à long terme. Certains n'y voient qu'une stratégie, apprise de Sun Tsu : "Pour battre ton ennemi, il faut d'abord le soutenir pour qu'il relâche sa vigilance ; pour prendre, il faut d'abord donner." D'autres croient sincèrement aux partenariats "gagnant-gagnant", ce leitmotiv de la propagande de Pékin. De fait, la Chine ne fait pas que s'emparer des matières premières africaines. Elle écoule aussi ses produits simples et bon marché, retape les routes, les voies ferrées, les bâtiments officiels. Manque d'énergie ? Elle construit des barrages au Congo, au Soudan, en Ethiopie, et s'apprête à aider l'Egypte à relancer son programme nucléaire civil. Besoin de téléphone ? Elle équipe toute l'Afrique de réseaux sans fil et de fibres optiques. Les populations locales sont réticentes ? Elle ouvre un hôpital, un dispensaire ou un orphelinat. Le Blanc était condescendant et m'as-tu-vu ? Le Chinois reste humble et discret. Les Africains sont impressionnés. Plusieurs milliers parlent ou apprennent aujourd'hui le chinois. Beaucoup d'autres admirent leur persévérance, leur courage et leur efficacité. Et toute l'Afrique se réjouit de cette concurrence qui casse les monopoles des commerçants occidentaux, libanais et indiens. (...)

La Chine en Afrique est donc plus qu'une parabole de la mondialisation, c'est son parachèvement, un basculement des équilibres internationaux, un tremblement de terre géopolitique. S'y installe-t-elle au détriment définitif de l'Occident ? Sera-t-elle pour le continent des ténèbres la lumière providentielle ? L'aidera-t-elle à prendre enfin sa destinée en main ? Pour répondre à ces questions, nous le savions, quelques articles ne suffiraient pas. Il fallait aller sur place, sillonner l'Afrique de part en part, aller à la rencontre des Chinois et des Africains, se mettre dans la peau des uns et des autres ; il fallait écrire ce livre...



A voir: Le site Chinafrique

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05 mai 2008

153 - La voix qui se voit?

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Lundi 5 mai 2008

Je relaye aujourd'hui une vidéo initialement publiée par mon ami Jocelyn-Charles.

Le thème: La force des préjugés subis par les acteurs de doublage noirs. Les noirs auraient une voix spécifique à leur couleur, donc ne peuvent doubler que des noirs. Par contre, les acteurs blancs auraient une vois plus universelle, leur permettant de doubler des blancs et des noirs.

Au-delà du sujet, le thème ici est encore une fois le poids des préjugés largement répandus, admis, et jamais contestés. En téléspectateur moyen, je ferai ici un parallèle avec ce que j'ai entendu dernièrement de la bouche des "jurys" de l'émission La nouvelle star sur M6.

Ils "analysaient" la voix d'une des candidates, et la qualifiaient de "négresse blonde". En effet, un des personnages formant ce "jury" expliquait que la performance de la jeune femme lui permettait de se comparer aux "voix noires qui groovent" et qui seraient, jusqu'à ce jour, une caractéristique vocale spécifique aux femmes noires...

Loin de moi l'idée de qualifier cet intervenant de raciste primaire, je ne le nomme d'ailleurs pas car là n'est pas mon objectif. Mais que voilà un magnifique sujet de questionnement!

J'ai en effet souvent entendu cette affirmation. Si un tel préjugé est encore si présent, c'est que jamais il n'est remis en question sur la place publique. Comme ne le sont d'ailleurs pas d'autres préjugés analogues (les noirs ont le rythme dans la peau, les noirs sont de redoutables fêtards, les noirs ont des sexes sur-dimentionnés, les noir(e)s sont chaud(e)s et ont une libido démesurée, etc...)

Le poids des préjugés n'est que la conséquence du poids des tabous qui inhibent toute remise en question ouverte. Et pourquoi, me direz-vous, ces sujets seraient tabous? Tout simplement pour des raisons commerciales. Lorsque vous sélectionnez une chaine de télévision, si le programme diffusé vous met mal à l'aise, vous zappez. Une des causes de malaise systématique est une "identification négative":
"Je me délecte à regarder les travers des autres, mais s'il vous plait, ne me parlez pas des miens!"

Ces préjugés, dont celui des "voix noires", sont très largement partagés. Les dénoncer en les remettant en question, c'est prendre le risque de déranger les téléspectateurs qui s'identifieront aux porteurs de préjugés, donc de faire un mauvais score d'audience. Voilà le fameux "tabou commercial" en route dans toute sa malignité et sa perversité. Expliquer, remettre à plat certaines inepties, n'est plus possible dans un monde formaté pour le "business". On préfère laisser passer quelques bêtises déclamées avec un air inspiré, qui renforcent un peu plus les préjugés déjà si tenaces.

Pour ceux qui ont tenu jusqu'ici, je vous laisse découvrir ces extraits d'émission de France O, la "télé des noirs" puisque le sujet n'y est pas tabou...

Vraiment, il y a du boulot...








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