Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

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27 février 2007

98 - Une citation parmis d'autres

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Mardi 27 février 2007

De retour, mais quel boulot! Pas assez de temps à consacrer à la réflexion ces jours-ci.
Je relaye donc cette citation de Roland Barthes:



"Au dire de Freud, un peu de différence mène au racisme. Mais, beaucoup de différence en éloigne irrémédiablement."



Cette citation me rappelle un morceau de RAP que j'avais déjà relayé en 2005 mais qui est plus que jamais d'actualité. En effet, si la différence peut être générationnelle ou culturelle, elle s'appelle diversité tout simplement. L'exemple ci-dessous illustre bien la richesse qu'elle peut engendrer:




Les paroles de ce texte ont été écrites lors des évènements de Novembre 2005, lorsque les banlieues se sont enflammées. Elles sont les suivantes:

Monsieur le Président,
Avec tout le respect que je dois à votre fonction
Je vous demanderais un peu d’attention
Je me présente à vous en tant que citoyen,
Sain de corps et d’esprit, en pleine possession de mes moyens
À l’heure où je vous parle, dans le pays le couvre-feu résonne
Je fais appel à l’article 19 de la déclaration des droits de l’homme
Sans étiquette, je ne jugerai que vos actes
D’avance veuillez recevoir mes excuses les plus plates

Monsieur le Président,
Je vous fais part de ma grande indignation
Face aux événements, comprenez ma position
Je suis français, ai grandi dans les quartiers populaires
Mes grands-parents ont défendu ce pays pendant la guerre
Mes parents eux aussi l’ont reconstruite cette république
Rappelez vous ces ouvriers qu’on a fait venir d’Afrique
Et Leurs enfants ignorés par le droit du sol
Citoyens de seconde zone, de la naissance à l’école
J’accuse trente ans de racisme et d’ignorance
La répression sans prévention en France
J’accuse votre politique, vos méthodes archaïques
La centralisation, la défense unique de la loi du fric
Au lieu de rassembler car tous français,
Vous n’avez fait que diviser, laissant l’ extrême droite avancer.
Monsieur le Président,
Ne le prenez pas comme une offense,
Mais moi aussi je crois en la démocratie de France
Je crois en la république, la vraie
Car c’est le rêve du peuple et des opprimés
Colonisation, chômage, et précarité
Ont engendré violence, inégalités
La Discrimination, à l’embauche, à l’emploi, cela va sans dire
Provoque la fuite des cerveaux, laisse une jeunesse sans avenir
Est-ce un hasard si votre ministre séduit l’extrême droite ?
Ces gens qui auraient livré la France sans jamais combattre
Monsieur le Président,
Je vous écris une lettre, une lettre que vous lirez peut-être
Monsieur le Président, je vous écris une lettre
Dans les rues, la sixième république vient de naître

Monsieur le Président,
Je vous écris une lettre
Je me présente à vous, pacifiquement
Monsieur le Président,
Je vous écris une lettre
Ma lettre au président
Monsieur le Président
Je vous écris une lettre
Peut-être ferez-vous preuve de compréhension
Monsieur le Président
Je vous écris une lettre
La sixième république attend votre démission

Monsieur le Président
Tout ne peut être de votre seul chef
Je le comprends même si je formule mes griefs
Votre gouvernement plonge le pays dans le chaos
Incapable de discernement, incapable de vents nouveaux
Le peuple a besoin de solutions, non de mensonges
« Liberté, égalité, fraternité » n’est pas un songe
Incapables de protéger nos policiers, nos enfants
D’un affrontement qui restera sans précédent
nous sommes l’avenir, en notre cœur le plus beau des rêves
pacifiquement, la sixième république en est la sève
la république a besoin d’un nouveau vent
celui de l’espoir, du cœur, un vent plus tolérent
monsieur le président,
votre ministre instaure la terreur
Et l’histoire dira bientôt que ce fut une erreur
Où est passé cet humanisme qui a fait la grandeur de ce pays ?
Est-il dans la rue ou dans ces treillis ?
le peuple d’en bas ne veut pas d’école en apprentissage
mais plus d’égalité de chance et plus de partage
Monsieur le Président de la peur découle la haine
Les luttes politiques sont loin des valeurs républicaines
La France est un idéal qu’il faut sans cesse bâtir
Dans l’honnêteté, la transparence, l’altruisme et dans l’avenir
Marchons, marchons, vive la France oui,
Mais dans la paix et le respect des différences
Monsieur comment aurait on pu faire mieux il aurait déjà fallu moins attiser le feu
Monsieur le Président
Je vous écris une lettre
La sixième république est en train de naître

Monsieur le Président,
Je vous écris une lettre
Je me présente à vous, pacifiquement
Monsieur le Président,
Je vous écris une lettre
Ma lettre au président
Monsieur le Président
Je vous écris une lettre
Peut-être ferez-vous preuve de compréhension
Monsieur le Président
Je vous écris une lettre
La sixième république attend votre démission

Monsieur le Président
Vous remerciant de votre attention
Veuillez agréer mes sentiments les plus distingués.

Adieu.



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17 février 2007

Pause hivernale

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Samedi 17 février 2007

Depuis une semaine déjà j'ai déserté la blogosphère pour me consacrer à ma famille et aux joies des pistes ensoleillées du Vercors. La pause continue la semaine prochaine aussi car je serai en déplacement avec une quasi indisponibilité sur la toile.
A tous ceux qui prennent aussi le temps de souffler un peu je souhaite de bonnes vacances, de la bonne neige et du soleil!

A bientot,

Titophe




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05 février 2007

97 - Victimes et coupables, un schéma dépassé

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Lundi 5 février 2007

Il est grand temps de rompre un héritage que nous trainons tous comme un boulet. Au nom d’ancêtres auxquels nous nous identifions, notre mémoire devient sélective, notre mémoire devient jugement.

Nous souffrons ainsi de devoir toujours la déformer pour éviter d’avoir à l’affronter, ou plutôt de nous affronter nous-mêmes dans ce processus d’identification. Il est grand temps de prendre un peu de recul. Quels qu’aient étés les faits, ils appartiennent au passé et nous ne les changerons pas. Les accepter comme indélébiles et savoir nous en détacher, c’est enfin les ranger dans ce passé qui est leur place, c’est refuser qu’ils ne hantent notre présent en hypothéquant notre avenir. Nous ne sommes pas nos ancêtres, le monde a changé et changera encore plus positivement lorsque nous saurons maitriser cette mémoire, lorsque nous la considérerons comme celle de l’humanité et non pas de telle ou telle communauté. Il n‘y a qu’une histoire, sachons la partager et nous reconnaître en chacun de ses protagonistes.

Je me sens aussi proche de l’homme qui a souffert de la tyrannie que du tyran. Qu’aurais-je fait, qu’aurais-je pensé si j‘avais vécu à une autre époque? Je n’ai pas la réponse à cette question. Je persiste néanmoins à penser aujourd’hui que seul un regard commun et objectif sur l’unique réalité historique nous permettra de sortir ensemble des pathologies victimaires ou culpabilisantes. La diversité nouvelle de notre peuple nous offre cette belle opportunité, celle de partager enfin le même regard, celle de nous considérer tous comme les heureux acteurs d’une société à réinventer.

Ensemble, nous pouvons faire exploser les silos communautaires qui nous enferment. Communiquer dans la diversité de cette explosion, c’est savoir apprendre de ce passé enfin partagé, c’est sortir notre société de ses vieux démons. Ces silos se dissoudront lorsque nous aurons appris à enseigner la valeur de la diversité, à l’expliquer. Ces silos ne seront plus qu’un lointain souvenir que lorsque nous saurons nous extirper de cet individualisme qui nous masque toute humanité. Le reflexe communautaire est avant tout un repli, une affirmation de la suprématie de l’individualisme sur l’ouverture. Pourtant, comment exister sans les autres? Nous ne sommes ce que nous sommes que parce que nous vivons ensemble. L’autre, c’est moi et sans lui je ne suis rien. C’est un peu le message de l’Ubuntu. Jamais l’humanité n’aurait su atteindre un tel seuil d’évolution avec des individus isolés. Ce qui nous différencie des autres animaux, c’est justement cette capacité à vivre et à échanger ensemble. Alors considérons ces silos communautaires comme une réminiscence de notre animalité et leur explosion comme une avancée majeure de notre humanité.

Ce qui nous rassemble, c’est notre communauté de vie, notre partage des mêmes valeurs. Un noir de France est un étranger en Afrique, tout comme un blanc du fin fond de Sibérie est un étranger en France. Sachons nous rassembler sans devoir nous ressembler, sachons nous aimer tels que nous sommes et non tels que nous fantasmons d’être. Nous sommes tous, à un moment de notre vie, coupables ou victimes, car nous sommes tous humains. Reconnaissons nous dans cette communauté d’être et nous saurons enfin partager notre passé pour construire ensemble notre avenir.



Titophe

Billets en relation:
  • 91 - Le travail de mémoire sur la Shoah

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    02 février 2007

    96 - Ségolène pour une France métisse?

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    Vendredi 2 février 2007

    Ségolène Royal veut devenir la présidente de la "France métisse"



    J'ai peu de temps pour écrire ces jours-ci. Aussi ai-je décidé, pour ne pas laisser cet espace s'empoussiérer, de relayer un article trouvé sur 7sur7.be concernant la visite hier de Ségolène Royal dans notre ville de Grenoble.

    Extraits:

    La candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, a affirmé jeudi soir à Grenoble au cours d'un show à l'américaine qu'elle "serait la présidente de la République de la France métisse", critiquant à plusieurs reprises, sans le nommer, Nicolas Sarkozy.

    "Je veux une France qui reconnaisse comme ses enfants légitimes tous ceux dont les familles sont venues d'ailleurs et qui sont aujourd'hui français à part entière", a-t-elle renchérit, dans un discours d'une cinquantaine de minutes concluant plus de 2H30 de débat. Plusieurs dizaines de jeunes avaient au cours du forum évoqué au micro la discrimination, les stages non rémunérés et la difficulté à trouver un logement et du travail. "L'ascenseur social reste bloqué au sous-sol et ne dessert plus les étages du haut, et le modèle que l'UMP propose à nos enfants face aux grandes transformations du monde peut se résumer à peu près à ceci -- +sois compétitif, ne pense qu'à toi et tais-toi+ -- est cela que vous voulez?", s'est écriée la candidate sous un tonnerre d'applaudissements.

    Elle a ensuite pris à partie le ministre de l'Intérieur: "Je ne veux pas de cette société du 'tous contre tous et du chacun pour soi' qu'un autre nous prépare, je ne veux pas d'un projet où la jeunesse est infantilisée, considérée comme une menace, un danger". Mme Royal a évoqué l'échec de la politique actuelle dans les banlieues: "on pourra envoyer tous les bataillons de police et de gendarmerie que cela n'y changera rien, par les mots de la provocation, rien n'est réglé".




    Lundi 5 février 2007

    Suite à un commentaire d'Isa que je remercie, je complèterai ces extraits avec les suivants:

    "Ni amnésie, ni repentance : je veux une France capable de porter un regard apaisé et de poser les mots justes sur son histoire ; capable de reconnaître l’esclavage pour ce qu’il fut : un crime contre l’humanité, sans effet bénéfique ; capable de reconnaître la colonisation pour ce qu’elle fit, sans effet bénéfique : dominer et spolier ; capable de reconnaître la part prise par la police de Vichy dans la rafle de Vel d’Hiv et dans la déportation des Juifs français"

    "Vous êtes les enfants de la République. Pour que la République soit à la hauteur de son idéal et des attentes de tous ses enfants, notre histoire doit être partagée et notre mémoire, commune. Au moment où Aimé Césaire rejoint notre combat, je m’adresse à votre génération qui n’a connu ni la colonisation, ni la décolonisation et qui, donc, sans complexe, pourra se retourner vers son histoire pour qu’elle soit celle de tous. Je l’ai déjà dit, je vous le redis solennellement ce soir, car c’est un engagement que je tiendrai : je veux une France qui s’accepte telle qu’elle est devenue et qui considère même que c’est une chance plurielle, diverse, colorée, qui s’en réjouisse et qui sache en tirer parti. (...) Je veux une France qui assume avec lucidité une histoire partagée, respectueuse de toutes les mémoires et accueillante à tous les siens. Une France fière de sa République et de sa laïcité quand elles correspondent à ces valeurs universelles qui nous permettent de dialoguer avec le monde, sans que de vieux relents de « mission civilisatrice » fassent subrepticement leur retour dans nos mots et dans nos attitudes."


    Je ne sais pas qui écrit les discours de Ségolène Royal, mais il/elle a assurément sa place sur ce blog!!!


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