Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

Le coin des compteurs
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24 mai 2006

46 - «Combat» antiraciste?

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Mercredi 24 mai 2006

L’antiracisme est-il un combat, une lutte?
Je m’aperçois, à force d’écrire sur ce blog, que je suis très souvent à court de mots pour décrire l’action de divulguer un message antiraciste. Aussi, je cède souvent à la facilité et réalise combien cette faiblesse se révèle inefficace. La terminologie quasi guerrière me semble en contradiction avec l’esprit de l’action.
En effet, lutter, combattre, résulte toujours par un camp gagnant et un camp perdant. C’est pourtant tout le contraire que je recherche. A mon humble avis, enterrer le racisme en tant que concept ne doit absolument pas avoir pour effet collatéral de générer frustrations et sentiment d’échec de la part de ceux qui seront enfin débarrassés de ce poids. C’est une victoire de tous qu’il faut envisager, car chacun est gagnant.

Ne manque-t-il pas une vision?
Alors, pourquoi est-ce aujourd’hui encore considéré comme un combat ? En écoutant les uns et les autres s’opposer, je note que chacun se focalise sur un constat (comme je le fais aussi d’ailleurs) en essayant de culpabiliser l’autre, de mettre en évidence toute la noirceur de la réalité présente. Mais qui propose une vision ? Qui serait à même de décrire un monde sans racisme, sans exclusion, riche de sa diversité enfin reconnue ? Pourquoi pas chacun d’entre nous ? Ne pourrions-nous pas jouer à imaginer ce monde ?


Si le cœur vous en dit…



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19 mai 2006

45 - L'esclavage est aboli, pas l'esprit du colonialisme

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Vendredi 19 Mai 2006

Gladys, notre jeune reporter sur la blogosphère devenue globe-trotter, m'a communiqué cette revue de presse de Courrier International que j'ai finalement décidé de partager avec vous. En effet, il est intéressant de prendre conscience du regard averti que les médias étrangers posent sur nous. Merci à notre prochaine correspondante permanente en Californie!

Revue de presse - 10 mai 2006
FRANCE-AFRIQUE • L'esclavage est aboli, pas l'esprit du colonialisme


Alors que l'Hexagone célèbre la victoire sur le nazisme ou la fin de l'esclavage et que l'Europe se réjouit de sa naissance et de ses succès, la presse africaine regrette la mémoire sélective de ces anciennes puissances occupantes. Et critique la résurgence, à travers des lois sur l'immigration, d'un discours colonialiste.


Carte postale datant de 1903, du temps de la France coloniale


"Les pays du Vieux Continent ont fêté, le 9 mai, la Journée européenne", note le quotidien congolais Le Potentiel. Le Soleil de Dakar, quant à lui, relève que "Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée de la France à la Coopération, au Développement et à la Francophonie est attendue aujourd'hui à Dakar dans le cadre de la célébration, à Gorée, de la première Journée des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions." Mutations, le quotidien camerounais, précise que cette date du 10 mai "correspond à l'adoption par le Parlement français de la loi, proposée par Christiane Taubira, qui reconnaît l'esclavage et la traite des populations africaine, amérindienne, malgache et indienne comme un crime contre l'humanité."

Il revient au quotidien algérien El Moudjahid de gâcher la fête en rappelant un aspect de la colonisation que la France officielle se garde bien de commémorer. "Le 8 mai est sans doute l'une des dates les plus tragiques de notre histoire, qui donne un aperçu de l'ampleur du massacre colonial dans notre pays. Cet événement est d'autant plus douloureux que la répression, qui a fait plus de 45 000 morts en quelques jours, des centaines de villages bombardés ou brûlés, de Sétif à Guelma, a eu lieu au moment où le monde entier, principalement l'ancienne puissance coloniale, fêtait le bonheur de sa libération du nazisme."

Le Potentiel remarque que "la colonisation aidant, quelques pays européens se sont confortablement installés en Afrique, jouant parfois au paternalisme pour imposer leur souveraineté à leurs anciennes colonies. D'où ces 'relations privilégiées' qu'on évoque si souvent lors des rencontres entre ces pays du Vieux Continent et ceux du continent noir." Pour le quotidien de Kinshasa, l'Union européenne, même si elle feint de l'ignorer, "ne doit pas sa prospérité aux seuls efforts de ses Etats membres mais également aux sacrifices des Africains, voire à l'exploitation honteuse des richesses africaines par les anciennes métropoles. Le devoir de mémoire oblige qu'on s'en souvienne."

Et El Moudjahid d'ajouter que seules "les grandes nations peuvent assumer leur passé. L'Allemagne a demandé des excuses pour les crimes nazis, cela ne veut pas dire que le peuple allemand en ait été le coupable. Un peuple est une entité, les Etats en sont une autre et les systèmes politiques différents d'une époque à l'autre. Condamner l'ordre colonial et situer la dimension de ses actes est le moins que l'on puisse exiger."

D'ailleurs, affirme Le Messager, "les peuples africains sont peut-être idiots, mais pas masochistes. Par conséquent, ils n'accepteront pas éternellement de recevoir sur le visage le crachat du mépris. Avis aux consulats français en Afrique qui humilient les populations lors de l'obtention d'un visa." Le journal camerounais laisse alors éclater sa colère : "Au moment où un jeune Sénégalais vient d'être poignardé à mort dans le nord de la France pour avoir commis le crime d'être un Noir et de venir au pays des Blancs poursuivre ses études, M. Nicolas Sarkozy nous sert un projet de loi ségrégationniste sur l'immigration."

Les Nouvelles de Madagascar s'insurgent également contre "ce texte qui vise à fermer les portes de la France à des millions de jeunes Africains mus par la volonté d'acquérir des connaissances". Désormais, s'il veut venir en France, le futur étudiant devra "démontrer qu'il est un génie en puissance ou un étudiant hors normes. C'est une autre forme de colonisation. Pour la guerre de 1914-1918, on choisissait les plus costauds. Aujourd'hui, on n'a plus besoin de gens forts, mais de gens très intelligents."

Mais Les Nouvelles mettent l'ancienne métropole en garde : "Dans sa quête effrénée des meilleures têtes africaines, la France pourrait se retrouver avec une bande de cancres. Certains étudiants africains, qui souhaitent vivement poursuivre leurs études en France, sont prêts à tout ; ils n'hésiteront pas, par exemple, à se faire fabriquer de très bons relevés de notes et à se faire préparer d'impressionnants projets d'études, et les autorités françaises n'y verront que du feu !"

Et si la France commet l'erreur de poursuivre dans sa voie actuelle, analysent Les Nouvelles, elle en sera la première perdante.

Une législation comme celle que prévoit Paris "ne pourra pas détourner les meilleurs étudiants africains des universités nord-américaines (Etats-Unis, Canada), britanniques ou allemandes au profit de l'Hexagone. Sur le continent noir, on croit dur comme fer qu'en durcissant sa législation la France pourrait perdre sa place de principale destination des étudiants africains."

Le Messager estime que la doctrine de l'immigration choisie "est une escroquerie. Car, pour que cette loi se concrétise dans les faits, il faut déjà que l'immigration actuelle tende vers zéro. Ce qu'aucun gouvernement, des temps immémoriaux et malgré de récents charters bestiaux de refoulement des immigrés vers leurs pays d'origine, n'a réussi à faire. En conséquence, l'immigration voulue viendra s'ajouter à l'immigration subie, aggravant ainsi le flux migratoire et son lot de problèmes."

Pour le quotidien camerounais, il se cache derrière ces lois sur l'immigration "un racisme français rampant qui ne dit pas son nom, qui refuse de se démasquer. M. Nicolas Sarkozy – un nom bien de chez nous, comme dirait un Français d'origine – est dans la logique xénophobe de la droite pure et dure. Seulement, voilà. Le revers de la médaille de sa démarche est qu'il engendre des extrémismes qui, à terme, opposeront les Français entre eux. Déjà, des replis ou des regroupements identitaires naissent ça et là sur le sol français."

Le discours de rejet n'a donc pas de sens, poursuit Le Messager, d'après qui "il est temps de changer le concept de la coopération et des échanges Nord-Sud. Les aides ne nous aident pas à nous émanciper, en tant qu'elles renvoient l'image des misérables qui tendent continuellement la sébile aux riches, et eu égard aux miettes qu'elles représentent par rapport à l'exploitation de nos richesses. Or, c'est la misère et le manque de débouchés qui sont à l'origine de l'exode des jeunes Africains."

Aussi, reprend Le Potentiel, "en cette Journée européenne, il est temps que le 'partenariat adulte et prometteur' tant prôné entre l'Europe et l'Afrique s'active. L'Europe devrait apporter son expertise à l'Union africaine pour accélérer les intégrations politico-économiques régionales. Pousser les Africains à se doter de 'marchés africains' pour élargir la base de leurs transactions commerciales afin que leurs produits soient compétitifs. C'est la voie obligée pour combattre l'immigration clandestine et la pauvreté."

Eric Glover

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17 mai 2006

44 - La question du communautarisme

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Mercredi 17 Mai 2006

Un des ferments du racisme est bien entendu le communautarisme. Il s’agit ici de l’expression la plus concrète qui soit de l’exclusion. J’opposerai ici ce sentiment à l’humanisme, courant de pensée au contraire dirigé vers l’inclusion, vers la réunion de toutes les communautés en une seule : l’espèce humaine.

Ceci étant dit, on peut être choqué par le communautarisme sans pour autant avancer vers plus d’inclusion. Dans une démarche plus holistique, il me semble intéressant de comprendre comment passer d’une situation à une autre. Conscientiser, convaincre, dialoguer, montrer et démontrer certaines évidences me parait nécessaire, mais il faut aussi écouter, comprendre et reconnaître certaines causes qui ont amené à cet état de notre société.

Vaincre le communautarisme, c’est identifier ce qui nous réunit et le renforcer, mais c’est aussi identifier ce qui nous sépare et avoir le courage de l’affronter. J’ai choisi de créer ce blog en partie pour contribuer à cette démarche, bien modestement je le reconnais. J’ai bien conscience du caractère utopique de cette initiative et surtout des limites qui sont celles d’un pauvre blog perdu dans l’immensité de la blogosphère. Aussi me suis-je délibérément limité a un axe de réflexion principal : le lien entre notre passé tel qu’il est perçu et l’effet communautaire qui en résulte. En effet, prendre conscience que nous sommes finalement tous si proches, c’est aussi partager le même regard sur le chemin parcouru.

J’ai le sentiment que nos regards divergent fortement sur certaines périodes de notre histoire. Pour certains, il est très dérangeant de regarder ce passé avec un regard du 21eme siècle, car cela bouleverse les consciences. Aussi, le tabou ou l’occultation sont-ils devenus un réflexe de confort. Pour d’autres au contraire, ce manque de courage représente une blessure qui se transmet en s’amplifiant au lieu de s’atténuer avec le temps. Et nous aboutissons ainsi a ce communautarisme diviseur et complètement anachronique : dans le monde globalisé nous construisons de nouvelles frontières mentales qui remplacent peu a peu l’éloignement géographique d’antan.

Se rapprocher les uns des autres c’est se sentir chacun concerné personnellement par les blessures de l’autre, c’est s’immiscer dans ce qu’il y a de plus intime dans chacun d’entre nous afin d’atteindre notre point commun : notre humanité. Pour pouvoir effectuer cette démarche personnelle sans malaise, il convient bien entendu de ne pas se laisser entraîner par la culpabilité ou la «victimite». Un bon moyen est de prendre tout d’abord conscience du leurre des différences, du caractère absolument artificiel de ces frontières d’exclusion qui nous enferment dans telle ou telle communauté. Mais il ne faut aussi pas nier certaines réalités. Le racisme ne sera certainement pas vaincu par la seule levée de certains tabous historiques. Il est pourtant une de ces frontières à abattre. Je pense que partager enfin un passé commun et assumé contribuera à rapprocher les êtres et à tisser les liens du dialogue et de la connaissance de l’autre.

Etre blanc et militer pour la reconnaissance d’une histoire contrastée n’est pas de l’auto flagellation. Ce n’est que considérer cette histoire avec un regard d’homme et non pas d’homme blanc. Je me sens homme, c’est tout. Ma couleur de peau ne fait pas réellement partie de mon identité. C’est pourquoi je ne me sens d’aucune communauté, ou plutôt, de toutes les communautés. Je ne veux que partager ce sentiment.

Le petit débat suivant donne un éclairage différent et plus contrasté. Je me fais un plaisir de le partager avec vous afin que vous puissiez contruire votre propre réflexion.



Débat Lozes - Dupont-Aignant


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15 mai 2006

43 - Ouverture, Respect et Dignité

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Lundi 15 Mai 2006

Suite à mon interrogation dans le billet précédent, j'ai finalement décidé de laisser la porte ouverte. J'espère ainsi rester cohérent avec moi-même. Je remercie celles et ceux qui, par leurs messages publics ou privés, ont contribué à cette décision.

Il n'empêche que j'en appelle à chacun de respecter les idées de tous, surtout lorsqu'elles ne sont pas partagées. Ce respect commence par l'utilisation d'un langage digne et ne nécessite ni insultes, ni invectives, ni attaques, ni jugement. A ceux qui seraient choqués de voir ici des commentaires un peu limites, je demande simplement de ne pas répondre.

Je suis très peu disponible en ce moment, mais espère retrouver bientot le temps d'écrire. Bonne semaine à tous!




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11 mai 2006

42 - Modération ou censure?

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Jeudi 11 mai 2006

Depuis quelques temps, certains internautes (peu, heureusement) interviennnent sur ce blog de facon décalée, en voulant afficher avec un humour douteux relevant plus de l'ironie, un discours violent dans lequel se melent un jugement de ma personne ainsi qu'un certain dénigrement de la cause humaniste.
J'ai souhaité, dans un premier temps, laisser s'exprimer ces personnes car je déteste la censure. Néanmoins, il me semble que ces interventions de plus en plus insistantes dénaturent ce blog en créant des échanges complètement hors-sujet. Je rappelle en effet une phrase de mon premier post: "Ce blog n'est pas un espace d'expression pour la haine, la rancune et la culpabilité facile."

Avant de mettre en oeuvre une modération active qui me permette de "filtrer" les commentaires des visiteurs indélicats, je souhaite faire un petit tour de table en recueillant vos opinions sur le sujet. Personnellement, ceci me pose un cas de conscience. Aussi, je me permets de poser 2 questions:

  • Ne plus pouvoir poser immédiatement un commentaire représente-t-il pour vous un problème?

  • Les commentaires dont je parle ici vous dérangent-ils?


  • En fonction des quelques réponses que j'obtiendrai, je prendrai ma décision. Merci d'avance pour vos avis éclairés.



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    09 mai 2006

    41 - 10 mai: les langues se délient?

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    Mardi 9 mai 2006

    Demain sera la journée de commémoration de l'esclavage. Est-ce enfin l'opportunité pour que l'information se débarrasse de ses tabous? J'ai l'impression que le début est timide, il suffit de regarder les programmes télé pour s'apercevoir que le sujet reste peu prisé aux heures de grande écoute...

    Néeanmoins, je conseille la lecture de l'article du Point dont j'ai choisi de seulement reproduire l'extrait suivant:

    Le racisme crée l'esclavage ? Faux

    C'est la traite et l'esclavage qui nourrissent le racisme. Pour légitimer la traite, les esclavagistes ont besoin de considérer les Noirs comme des êtres inférieurs. Jusqu'au développement de la traite, la couleur noire n'est pas péjorative en Occident. Sur les tableaux du Moyen Age, l'un des Rois mages est noir. Quant à saint Maurice, vénéré par les peuples germaniques, il a les traits négroïdes. D'après l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, ce sont les musulmans qui, les premiers, recourent à la « malédiction de Cham » pour justifier le sort qu'ils imposent aux Africains. Cette thèse sera reprise au XVIIe siècle par les planteurs espagnols, en même temps que les stéréotypes « racistes » nés dans le monde musulman dès le Moyen Age et qui vont poursuivre les Africains pendant des siècles : hommes robustes, naïfs, paresseux... Au XIXe siècle, les Occidentaux défenseurs de l'esclavage soutiendront des thèses « scientifiques » prouvant l'infériorité de la race noire. Accusations que beaucoup finiront par intérioriser. Dans le téléfilm « Noirs. Enquête sur l'identité noire », d'Arnaud Ngatcha (diffusé le 7 mai sur France 5, voir Guide p. 150), l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé se rappelle ainsi ses parents » : « Au lieu de voir l'esclavage comme une faute, ils avaient le sentiment d'être coupables. Ils pensaient que, si leurs parents avaient été mis en esclavage, c'est qu'ils portaient en eux des éléments qui faisaient d'eux peut-être pas des êtres inférieurs, mais des êtres facilement pris et utilisés par les plus forts.»


    Lire l'article dans son intégralité...

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