Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

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17 mai 2006

44 - La question du communautarisme

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Mercredi 17 Mai 2006

Un des ferments du racisme est bien entendu le communautarisme. Il s’agit ici de l’expression la plus concrète qui soit de l’exclusion. J’opposerai ici ce sentiment à l’humanisme, courant de pensée au contraire dirigé vers l’inclusion, vers la réunion de toutes les communautés en une seule : l’espèce humaine.

Ceci étant dit, on peut être choqué par le communautarisme sans pour autant avancer vers plus d’inclusion. Dans une démarche plus holistique, il me semble intéressant de comprendre comment passer d’une situation à une autre. Conscientiser, convaincre, dialoguer, montrer et démontrer certaines évidences me parait nécessaire, mais il faut aussi écouter, comprendre et reconnaître certaines causes qui ont amené à cet état de notre société.

Vaincre le communautarisme, c’est identifier ce qui nous réunit et le renforcer, mais c’est aussi identifier ce qui nous sépare et avoir le courage de l’affronter. J’ai choisi de créer ce blog en partie pour contribuer à cette démarche, bien modestement je le reconnais. J’ai bien conscience du caractère utopique de cette initiative et surtout des limites qui sont celles d’un pauvre blog perdu dans l’immensité de la blogosphère. Aussi me suis-je délibérément limité a un axe de réflexion principal : le lien entre notre passé tel qu’il est perçu et l’effet communautaire qui en résulte. En effet, prendre conscience que nous sommes finalement tous si proches, c’est aussi partager le même regard sur le chemin parcouru.

J’ai le sentiment que nos regards divergent fortement sur certaines périodes de notre histoire. Pour certains, il est très dérangeant de regarder ce passé avec un regard du 21eme siècle, car cela bouleverse les consciences. Aussi, le tabou ou l’occultation sont-ils devenus un réflexe de confort. Pour d’autres au contraire, ce manque de courage représente une blessure qui se transmet en s’amplifiant au lieu de s’atténuer avec le temps. Et nous aboutissons ainsi a ce communautarisme diviseur et complètement anachronique : dans le monde globalisé nous construisons de nouvelles frontières mentales qui remplacent peu a peu l’éloignement géographique d’antan.

Se rapprocher les uns des autres c’est se sentir chacun concerné personnellement par les blessures de l’autre, c’est s’immiscer dans ce qu’il y a de plus intime dans chacun d’entre nous afin d’atteindre notre point commun : notre humanité. Pour pouvoir effectuer cette démarche personnelle sans malaise, il convient bien entendu de ne pas se laisser entraîner par la culpabilité ou la «victimite». Un bon moyen est de prendre tout d’abord conscience du leurre des différences, du caractère absolument artificiel de ces frontières d’exclusion qui nous enferment dans telle ou telle communauté. Mais il ne faut aussi pas nier certaines réalités. Le racisme ne sera certainement pas vaincu par la seule levée de certains tabous historiques. Il est pourtant une de ces frontières à abattre. Je pense que partager enfin un passé commun et assumé contribuera à rapprocher les êtres et à tisser les liens du dialogue et de la connaissance de l’autre.

Etre blanc et militer pour la reconnaissance d’une histoire contrastée n’est pas de l’auto flagellation. Ce n’est que considérer cette histoire avec un regard d’homme et non pas d’homme blanc. Je me sens homme, c’est tout. Ma couleur de peau ne fait pas réellement partie de mon identité. C’est pourquoi je ne me sens d’aucune communauté, ou plutôt, de toutes les communautés. Je ne veux que partager ce sentiment.

Le petit débat suivant donne un éclairage différent et plus contrasté. Je me fais un plaisir de le partager avec vous afin que vous puissiez contruire votre propre réflexion.



Débat Lozes - Dupont-Aignant


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10 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tu aurais pu avoir la courtoisie d'annoncer pourquoi tu parlais de communautarisme titophe ! en réponse à notre échange de cette nuit avec Véro, post 42 !

je ne crois pas au tabou historique (et encore une fois, je ne parle pas de cette salope d'éducation nationale qui d'ailleurs a la traite au programme);je crois par contre au mensonge historique. Il y a certaines conclusions orientées, depuis toujours, qui nous conditionnent, nous façonnent...
Il est nécessaire de faire l'effort d'aller voir par soi même tel ou tel pan de l'histoire. Il est encore plus nécessaire de ne pas se spécialiser. Il faut être systémique, sinon, trop de choses nous échappe dont la relativité.
la loupe du manichéisme.
la précision historique alliée à une perspective macro économico historique, à allier, absolument.
l'histoire, c'est le sens de l'humanité. L'humanité marche à la recherche d'adversaires et au conflit.

NOUS partageons un passé commun : des esclaves aux serfs, des nègres à la populace révolutionnaire dite anthropophage, avilie, barbare pour l'écarter du pouvoir révolutionnaire.

mon argument ne tend pas à la négation de l'esclavage. je pense que vouloir faire reconnaître ci et faire adopter une loi gayssot pour ça, est en soi une démarche raciste. Ex : je pense qu'il n'y a qu'un antisémite refoulé pour faire une loi anti-antisémite. être sémite, noir ou blanc, ou catho ou musulman, ça n'est pas un putain de droit de l'homme:c'est un héritage(faut se rendre compte une bonne fois pour toutes de ce qu'est le droit de l'homme : une servitude juridicisée, surtout dans une société où le droit de propriété est le premier de ces droits (art 17 DDHC, Code Civil de 1804)).

tiens et si on parlait de narcissisme ethnique ? cool ça comme concept.devoir de mémoire non! connaissance et souvenir oui!

17 mai, 2006 12:05  
Anonymous Anonyme said...

cette note est empreinte d'ouverture et de tolérance.

A Comte de Monte-Christo en premier lieu et pour Titophe en second lieu

L’affirmation de son identité est un besoin élémentaire de construction et de « reconnaissance » - on peut le regretter – et on peut la qualifier de quelque façon que ce soit (sexe – pays d’origine – appartenance politique) elle est une partie de la définition de Soi, existentielle (voir la recherche désespérée des enfants adoptés qui recherchent leurs « origines »)

Je te remercie de nous alerter sur le danger bien réel du communautarisme (et je connais nombre de bretons qui s’empressent d’annoncer qu’ils le sont, bretons !! et je me rappelle même il n’y a pas si longtemps des bombes au château de Versailles pour se faire reconnaître, leu lutte pour l’enseignement du breton et la reconnaissance des prénoms bretons ;=))
Donc effectivement le risque du communautarisme est de réactiver voire renforcer les peurs des autres « communautés » et constitue également la justification de leurs arguments de rejet mais il est là aussi une réaction « humaine » au danger, à la menace selon l’adage « l’union fait la force »
Je me rappelle un temps où des personnes se vivaient françaises et intégrées depuis plusieurs générations et ont été désignées par d’autres comme une communauté juive, j’ai été frappée à la lecture des témoignages de beaucoup qu’ils s’étaient alors découverts juifs, notamment les jeunes. Alors oui ils sont devenus tels qu’on les avait désignés et persécutés. Le résultat ? l’Etat d’Israël … pour survivre.
Car il s’agit bien de ça.
Et je pense qu’il n’y a pas de petit combat, de petite dénonciation. Tu le dis toi même « le dur combat quotidien » : si on ne dénonce pas telle ou telle injustice, on cautionne toutes les autres. Chacun réagit à celle pour laquelle il a une sensibilité particulière.

Il est une autre loi humaine : pour pouvoir passer à autre chose et se reconstruire, il faut d’abord avoir été reconnu victime. Or, s’il n’y a pas tabou historique, il a une chape de plomb sur l’histoire récente. Chercher ? moi j’ai cherché dans le but de comprendre, les enjeux, les mécanismes je n’ai pu avoir aucun éclairage réel et objectif (ref au soit disant documentaire sur l’Algérie hier soir !!!) Nous partageons tous un passé commun ? certes mais ceux-ci sont récents… pour autant permettons nous à ceux qui pourraient témoigner de s’exprimer ?

Nous savons bien tous que ces peurs sont dues à la méconnaissance – un blog qui puisse apporter un éclairage, alerter ne me semble pas de trop en ces temps de « moutonnage » surtout quand on voit ce qui se profile…
Malheureusement seuls les convertis y viendront !!!

Pour terminer, il est facile pour toi et moi de philosopher sur ce sujet et de vouloir élever le débat dans un contexte global car nous ne sommes pas directement concernés. Je trouve que Titophe reste bien pudique. Pour ma part, si mes propres enfants étaient regardés de travers lorsqu’ils vont à la boulangerie, étaient systématiquement contrôlés par la police au risque de « dérapage » - risquaient d’être pris à parti par des skins et j’en passe… parce qu’ils sont métis… alors je crois que mon ouverture et ma tolérance passeraient vite aux oubliettes et que je verrai rouge !
C’est aussi une réalité, surtout lorsqu’on constate le type de lois qui passent allègrement à l’heure actuelle sans aucune réaction !!!
Il faut toujours prendre en compte l’état émotionnel de notre interlocuteur…

En conclusion vous dites tous les deux la même chose mais pas sur le même registre.

Une citoyenne du monde

17 mai, 2006 20:22  
Blogger Gladys said...

Revue de presse - 17 mai 2006

NÉGATIONNISME • La France, plus prompte à revisiter le passé des autres que le sien

La proposition de loi visant à pénaliser la négation du génocide arménien doit être discutée à l'Assemblée nationale française le 18 mai 2006. La presse turque réagit vivement, certains quotidiens invitant la France à regarder son propre passé avant de "se mêler de celui des autres".



Une manifestation devant le consulat de France à Istanbul, le 11 mai 2006
AFP


Derrière un titre rageur, "France, regarde-toi d'abord !", le quotidien Bugün énumère en une ce qu'il nomme les crimes et massacres commis par la France en Algérie ou vis-à-vis des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par Napoléon "qui a tué plus de un million de personnes rien qu'à cause de leur appartenance ethnique", sans oublier le tout récent génocide rwandais "perpétré par des escadrons de la mort hutus armés et entraînés par la France".

Dans le même registre mais sur un ton plus posé, Abdülhamit Bilici, du quotidien Zaman, explique que, lors d'une visite au musée du Louvre où le guide évoquait la personnalité de Louis XIV, un confrère journaliste africain lui avait expliqué que le "Roi-Soleil évoquait surtout pour les Africains celui qui avait codifié l'esclavage". Dans la foulée, Taha Akyol, dans Milliyet, rappelle que, "outre la fin de la guerre, le 8 mai 1945 est aussi le jour où des milliers d'Algériens ont été massacrés à Sétif".

Taha Akyol raconte à ce propos son passage au musée de l'Indépendance, à Alger, "où il y a une section consacrée au génocide dans le contexte de la colonisation du pays. Il y a même une peinture représentant des Algériens utilisés comme cobayes lors des essais nucléaires réalisés par la France dans le désert algérien". Les articles critiquant la France pour son passé colonial violent que publie la presse turque ne font cependant aucune mention de la journée du 10 mai, qui commémore désormais en France la traite coloniale.

Par ces allusions au passé colonial de l'Hexagone, Abdülhamit Bilici, de Zaman, n'entend pas "stigmatiser Paris à tout prix ni se rassurer en trouvant des partenaires qui ont, eux aussi, commis de graves fautes". Il s'agit seulement, poursuit Bilici, de "montrer l'absurdité qu'il y a, pour un pays dont l'histoire est encore sujette à polémique, de se sentir investi de la mission de se mêler de celle d'autres nations".

Selon Cengiz Candar, éditorialiste de Bugün – qui a soutenu dans ses éditoriaux la tenue de la conférence d'Istanbul consacrée à la question arménienne, en septembre 2005, où les tenants de la thèse officielle turque négationniste n'avaient pas été invités –, "cette mentalité française cultivant l'interdit est un legs de la tradition jacobine issue de la Révolution de 1789 qui produit encore aujourd'hui ses effets. Qui, mieux que la Turquie, qui s'est inspirée du modèle français républicain, peut comprendre pareille attitude ?"

Selon Cengiz Candar, cette proposition de loi s'inscrit également dans un contexte qui voit la France amorcer son déclin : "A bien des égards, la classe politique française ressemble à la nôtre, avec une identique incapacité à se regarder en face. Les Français ne se rendent pas compte qu'ils sont loin désormais de leur prestige international d'antan. Cette situation est valable sur le plan économique et technologique mais aussi par rapport à la culture, domaine qu'ils ont pourtant toujours privilégié. La France ne dispose plus des outils lui permettant de regarder le monde de façon globale et stratégique."

Haluk Sahin, dans un éditorial de Radikal intitulé "La France irrationnelle" (en français dans le texte), souligne le paradoxe entre cette France "pépinière de rationalistes" et une proposition de loi qui dogmatise la pensée. "Imaginez donc ! Un pays comme la France, si fier de sa tradition rationaliste, qui transforme en délit un certain type d'approche vis-à-vis d'un sujet historique qui n'a pas encore épuisé tout débat de fonds ! Un pays qui a une tradition de lutte contre les tabous et les dogmes crée ainsi un espace à propos duquel il est désormais interdit de penser et de s'exprimer ! D'une certaine façon, c'est un retour vers le Moyen Age."

Selon Haluk Sahin, cette proposition de loi française est d'autant plus choquante pour la Turquie que celle-ci s'est largement inspirée du modèle rationaliste français en adoptant la République "sur les cendres de l'Empire ottoman". "Toutefois, poursuit l'éditorialiste de Radikal, contrairement à ce que certains prétendent, je ne pense pas que l'objectif de cette proposition soit motivé par le souhait de récupérer électoralement le vote des Arméniens de France.

17 mai, 2006 21:15  
Anonymous Anonyme said...

je ne suis pas tellement d'accord avec toi Véro.
je pense que ta réflexion a pour base une psychologie oedipienne de base, d'où mon désaccord.
je suis un peu naze là donc je n'ai peut être pas lu assez intensément ton post.
quant aux origines, dans mon intervention, je ne renie pas du tout le besoin de s'y identifier : je parle d'héritage rappelle toi.
je pense que la psycho a complètement perverti le discours en général et en particulier dans la volonté d'être reconnu victime : "oui, mmmm, oui c'est vrai vous avez souffert dans votre enfance.". tu vois ce que je veux dire. j'ai eu une enfance chaotique. tout seul (en tout cas sans canne psychologique bancale), je me suis endurci (et je peux te dire que je ne suis pas du genre à refouler, j'intellectualise tout, je ressens mes intellectualisations et j'en tire des leçons).
Gladys tu es bien mignonne avec ton texte de radikal, ce mag complètement tout pourri... Justement, en parlant des ottomans, tu devrais te pencher sur leur histoire avant qu'ils se soient pris une branlée bien méritée. La France est tellement méchante. tu sais qu'une poésie t'est dédiée quelque part sur le net ?
Bref cet article est absolument représentatif du révisionisme qui sévit dans tous les camps. d'ailleurs c'est le sujet concernant la France. Mais faut arrêter, quand on connait un peu l'histoire des turcs, pogrom style !
Je suis d'accord pour dire que la France n'a pas de leçons à donner. Mais personne n'a de leçons à donner à personne. Et je dirais qu'au niveau individuel : no one is innocent.
t'as ouvert ton dico Glad pour te renseigner un peu sur la vie des Dumas grand père, père, fils.

18 mai, 2006 00:32  
Anonymous Anonyme said...

en lieu et place de Titophe, je serai au contraire tellement fier que les gens regardent de travers mes beaux enfants. c'est comme ça ! je suis vaniteux. mais bon faut arrêter avec la généralisation. évidemment qu'il y a de la discrimination. mais évidemment aussi qu'il y a de la parano et de la projection.
le fait que je sois blanc ne doit certainement pas m'empécher de donner mon avis.
vous avez lu Kundera ? Oui ? Alors, vous devez savoir que tout est "kitsch totalitaire", qu'à une pensée unique en répond une autre.

18 mai, 2006 00:49  
Anonymous Anonyme said...

http://education.france5.fr/esclavage_profs/

Salut M'sieur Titophe
Bon Week-End

19 mai, 2006 07:29  
Blogger Titophe said...

Stef, ce site est super interessant. Je vais essayer de le partager, mais il me manque une trame

22 mai, 2006 12:59  
Anonymous Anonyme said...

Je n'arrive toujours pas à comprendre ce besoin de communautarisme chez certains. Pour moi, les gens qui en arrivent à ce stade sont des êtres perdus, mal dans leur peau, dans leur vie etc. Personnellement j'ai encore et encore envie de m'ouvrir aux autres, qu'ils m'enrichissent et m'ouvrent des univers qui me sont inconnus.
Et cela d'autant plus que mon identité ne sera jamais une mais toujours multiple

25 janvier, 2007 17:04  
Blogger Titophe said...

Bonjour Isa. Les billets que j'ai commencé à ecrire (91 et 94) ainsi que les 3 ou 4 qui suivront ont pour objet d'analyser le lien entre l'absence de travail de mémoire et les replis communautaires.

Par rapport à ton commentaire, j'avais déjà essayé de décortiquer ce communautarisme dans ce billet, mais d'autres composantes sont à prendre en compte.

26 janvier, 2007 08:52  
Anonymous Tucker said...

Thanks great post

13 décembre, 2021 13:21  

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