97 - Victimes et coupables, un schéma dépassé
Lundi 5 février 2007
Il est grand temps de rompre un héritage que nous trainons tous comme un boulet. Au nom d’ancêtres auxquels nous nous identifions, notre mémoire devient sélective, notre mémoire devient jugement.
Nous souffrons ainsi de devoir toujours la déformer pour éviter d’avoir à l’affronter, ou plutôt de nous affronter nous-mêmes dans ce processus d’identification. Il est grand temps de prendre un peu de recul. Quels qu’aient étés les faits, ils appartiennent au passé et nous ne les changerons pas. Les accepter comme indélébiles et savoir nous en détacher, c’est enfin les ranger dans ce passé qui est leur place, c’est refuser qu’ils ne hantent notre présent en hypothéquant notre avenir. Nous ne sommes pas nos ancêtres, le monde a changé et changera encore plus positivement lorsque nous saurons maitriser cette mémoire, lorsque nous la considérerons comme celle de l’humanité et non pas de telle ou telle communauté. Il n‘y a qu’une histoire, sachons la partager et nous reconnaître en chacun de ses protagonistes.
Je me sens aussi proche de l’homme qui a souffert de la tyrannie que du tyran. Qu’aurais-je fait, qu’aurais-je pensé si j‘avais vécu à une autre époque? Je n’ai pas la réponse à cette question. Je persiste néanmoins à penser aujourd’hui que seul un regard commun et objectif sur l’unique réalité historique nous permettra de sortir ensemble des pathologies victimaires ou culpabilisantes. La diversité nouvelle de notre peuple nous offre cette belle opportunité, celle de partager enfin le même regard, celle de nous considérer tous comme les heureux acteurs d’une société à réinventer.
Ensemble, nous pouvons faire exploser les silos communautaires qui nous enferment. Communiquer dans la diversité de cette explosion, c’est savoir apprendre de ce passé enfin partagé, c’est sortir notre société de ses vieux démons. Ces silos se dissoudront lorsque nous aurons appris à enseigner la valeur de la diversité, à l’expliquer. Ces silos ne seront plus qu’un lointain souvenir que lorsque nous saurons nous extirper de cet individualisme qui nous masque toute humanité. Le reflexe communautaire est avant tout un repli, une affirmation de la suprématie de l’individualisme sur l’ouverture. Pourtant, comment exister sans les autres? Nous ne sommes ce que nous sommes que parce que nous vivons ensemble. L’autre, c’est moi et sans lui je ne suis rien. C’est un peu le message de l’Ubuntu. Jamais l’humanité n’aurait su atteindre un tel seuil d’évolution avec des individus isolés. Ce qui nous différencie des autres animaux, c’est justement cette capacité à vivre et à échanger ensemble. Alors considérons ces silos communautaires comme une réminiscence de notre animalité et leur explosion comme une avancée majeure de notre humanité.
Ce qui nous rassemble, c’est notre communauté de vie, notre partage des mêmes valeurs. Un noir de France est un étranger en Afrique, tout comme un blanc du fin fond de Sibérie est un étranger en France. Sachons nous rassembler sans devoir nous ressembler, sachons nous aimer tels que nous sommes et non tels que nous fantasmons d’être. Nous sommes tous, à un moment de notre vie, coupables ou victimes, car nous sommes tous humains. Reconnaissons nous dans cette communauté d’être et nous saurons enfin partager notre passé pour construire ensemble notre avenir.
Titophe
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18 Comments:
C'est bien ce que tu dis et plein de courage... mais pourquoi tout le monde ne pense pas comme ça et n'agit pas ainsi ??? On est pourtant nombreux à souhaiter que les choses soient aussi simples...
Mais le jugement est toujours présent...
Bonjour Zézette. La force de la blogosphère, c'est de pouvoir relayer les messages et les idées. Pour rassembler le plus de monde autours d'un peu d'humanité, chacun de nous doit pouvoir faire quelque chose. Nos blogs sont là pour ca ;-)
waooh, Titophe! belle note! c'est drôle, elle est un peu en relation avec la mienne aujourd'hui. ;-)
:-)
Isabelle
Bonjour Isabelle, je suis très content de vous recevoir de nouveau. Elle est effectivement en relation avec votre note du jour, mais ne va pas forcément dans le même sens, encore une fois. Vous fustigez la victimite, je suis d'accord avec celà, mais vous ne l'expliquez pas. Et vous occultez, à mon avis, la "culpabilite". Bref, mon aspiration est d'apaiser, pas de contourner.
Titphe, répondu à votre commentaire sur mon blog.
Juste ceci: je ne fustige rien...pas mon genre!..;;-) je tente d'inviter à autre chose, une autre vision, une co-création plus consciente. La position de victime elle-même nous rend encore plus malheureux, pourquoi ne pas essayer autre chose?
:-)
ps: pourquoi la page identé des comm ne mémorise-t-elle pas les noms et page web?
Isabelle, j'ai la même démarche que j'explique dans ce billet. La différence est que j'estime que coupables ou victimes, nous sommes tous concernés non pas en raison de notre appartenance comunautaire, mais en raison de notre condition humaine. Je m'estime autant victime de l'eclavage, de la colonisation, du tabou qui entoure ces periodes, que je m'en sens coupable. En d'autres termes, je pense que cette "victimite" pourrait s'apaiser si nous partagions un peu mieux nos maux et nos espoirs de facon commune plutot que dans des silos.
Pour ce qui est de la mémorisation de l'identité, il faut que je me renseigne. C'est vrai que ce serait quand même plus pratique pour ceux qui n'ont pas de compte chez blogger.com
Salut les Bisounours ! Alors comment ça va aujourd'hui ? Dis Isabelle, tu pourrais laisser ton URL tout de même, on aimerait bien se marrer quoi.
en attendant, voilà qui devrait vous régaler : http://culturalgangbang.blogspot.com/2007/02/le-crime-de-gustave-eiffel.html
Au revoir les Bisounours !
Il va sans dire Titophe, que je t'invite à réagir à cet article car je pense qu'il serait de bon ton que tu te confrontes à un expert en histoire (et je ne dis pas historien).
salutations comtesques.
j'oubliais :
http://culturalgangbang.blogspot.com/2007/02/ne-croyez-pas-que-je-fait-une-fixation.html
PS : tu devrais virer la vérif des mots. franchement ça sert à rien niveau modération des commentaires. c chiant. je vois pas l'intérêt.
le sujet victimes/coupables mériterait un putain d'autre traitement bordel !
quelle abominable réduction...
Tous tes textes sont d'authentiques insultes à l'intelligence...
Je suis noir et pas stupide Titophe.
La légende du sexe surdimensionné des noirs de Serge Bilé.
Un ouvrage intéressant si vous ne connaissez (je n'ai pas parcouru tout votre blog).
Dark, sur quoi appuyez-vous vos propos? Avez-vous deja lu d'autres articles de ce blog avant de vous prononcer?
Nicolas, Merci!
Bonjour,
Au nom d’ancêtres auxquels nous nous identifions, notre mémoire devient sélective, notre mémoire devient jugement.
Je ne comprends rien a cette phrase.
De quels ancetres parlez-vous ? Avez-vous des exemples concrets ? Qui c'est nous ?
En general, les concepts doivent etre definis avant d'etre manipules. J'ai beau chercher dans les precedents recits, je ne trouve aucune reponse a ces simples questions.
Je pose ainsi 2 questions:
- Qui c'est nous ?
- Que signifie "s'identifier a ses ancetres" ?
Dans l'absolu ton intervention est juste mais si tu te penches sur les raisons de l'occultation de cette partie de l'Histoire tu verras qu'elle obéit à une logique inavouable mais bien à l'oeuvre car essentielle pour les tenant de l'ordre actuel! L'UNIQUE objectif étant la DOMINATION "OCCIDENTALE" par tous les moyens (ce que d'aucuns appellent la suprématie blanche), l'Ordre Injuste actuel est dans la CONTINUITE de celui qui engendra l'esclavage et la colonisation. C'est aussi pour cette raison que ceux et celles qui dirigent ( SUR L'OBJECTIF IL N'Y A PAS DE CLIVAGE DROITE-GAUCHE, TOUS SONT DACCORD)sont d'abord les garants de ce système qui est dans son essence basé sur une prétendue hiérarchisation et classification du genre humain sur la base de son apparence physique! Et de celà découlerait une "supériorité" d'autant plus naturelle que l'on se rapproche de ce qui est BLANC!
L'économie, le politique, le divertissement, la santé, la culture, la religion, le sexe ne DOIVENT être que des moyens au service de cet objectif, la guerre étant considérée comme l'élément stabilisateur du système. Depuis ces époques nous n'assistons qu'à des adaptations aux nouvelles conditions du monde et ce que l'on ne peut obtenir de façon trop voyante (avec des exceptions comme la guerre en Irak ou plus subtilement en Côte d'Ivoire), on l'obtient par des institutions dites internationales. FMI, OMC, BM.
C'est la raison pour laquelle aucun problème de fond ne peut être posé par les bénéficiaires de l'Ordre actuel (Occident + Japon et bientôt Chine...C'est d'ailleurs l'occasion de préciser que TOUS les pays OCCIDENTAUX sont en parfait accord sur l'Objectif même si sur certains points des divergences peuvent exister). En dehors de ce schéma vous serez diabolisés et on vous fera la guerre en la présentant comme légitime et si on y arriva pas tant pis! On la fera tout de même!
Il y a quelques trompe-yeux pour gagner du temps comme les concepts "TOUS METIS"! On parle de France métissée mais une attention profonde vous montrera que les CENTRES DE POUVOIR NE SONT QUE RAREMENT METISSES et c'est un euphémisme.
Il ne reste que l'Education personnelle (opposée à l'Education institutionnelle qui est partie intégrante de ce système. Jetez un coup d'oeil sur les programmes scolaires, notamment en histoire et vous verrez) et l'investigation en allant autant que faire se peut à la source des documents! C'est un long combat, difficile pour tous car les dégâts n'épargnent personne où qu'il soit sur la planète.
Je finirais en demandant de nuancer le titre car on ne peut être en même temps, au même degré coupable et victime.
Smash, bonjour et désolé pour le retard, mais je ne me suis pas connecté depuis presque 2 semaines. Petite explication de texte: Les communautés impliquées dans les processus d'exclusion aujourd'hui sont des groupes formés par une communauté mémorielle. Les noirs se regroupent au nom de la souffrance commune de leurs ancêtres dans les periodes esclavagistes et coloniales. Les blancs se reconnaissent dans leurs ancêtres ayant participé, activement ou passivement, à ces pratiques déshumanisantes. En conséquence, ils cultivent une forme de culpabilité commune et s'en protègent en nourrissant une forme de refus groupé de "l'auto-flagellation", comme il l'appellent.
Si l'on réfléchit bien, les souffrances d'aujourd'hui ne sont ni l'esclavagisme ni la colonisation, mais plutot le manque de reconnaissance de ces périodes. C'est ce qui modifie l'objectivité du regard sur l'histoire et le transforme en jugement.
Tokos, idem, je m'excuse pour le retard. Ce que tu donnes comme explicaion au regard biaisé sur l'histoire est seulement vrai pour une infime minorité, concentrée sur les dirigeants et les puissants. Pour le reste, représentant plus de 99,9% des populations, je pense que les mécanismes de culpabilité et de victimite sont bien plus inhibants que tu ne le laisses penser.
Monsieur Colonisation, c'est toi qui écrit les discours de Ségolène Royal ?
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