31 - Complexes et susceptibilité
Dimanche 26 Février 2006
Le sujet est délicat. Je crains que mon propos d’aujourd’hui soit mal interprété et se retourne contre moi en me prêtant des pensées qui ne sont pas les miennes.
Pourtant je prends ce risque car mon objectif reste inchangé, je souhaite décortiquer le racisme, ses causes et ses manifestations pour permettre de mieux le combattre. Il est parfois nécessaire de déranger les consciences, et j’aimerais pour cela avoir le talent de certains blogueurs pour le faire avec le plus de tact possible. L’hégémonie occidentale s’est développée au cours du temps en s’accompagnant d’un complexe de supériorité. C’est la base principale du racisme qui résiste toujours a l’usure du temps dans l’esprit de nombre de nos contemporains. Malheureusement, ce complexe est accompagné par son corollaire, un complexe d’infériorité de certaines personnes conditionnées par des siècles d’aliénation. Celui-ci est avant tout le carburant du fatalisme, frein terrible a l’évolution positive des peuples laissés pour compte.
Une anecdote parmi d’autres : J’ai connu en Afrique des personnes noires qui souhaitaient se faire soigner par un médecin blanc car elles ne faisaient pas confiance au médecin noir, tout aussi compétent, qui devait normalement les prendre en charge. Il s’agit bien entendu d’une vision très négative de leur propre image que ces individus projettent sur le malheureux médecin. Une telle anecdote est du pain béni pour les racistes en tout genre qui ne ratent pas une occasion de détourner certains faits afin de rajouter une pierre à leur édifice pitoyable.Cette mésestime de soi de certains s’avère insupportable à d’autres, à juste titre. Aussi, pour compenser, se développe un sentiment de fierté. Je regrette l’inefficacité de celui-ci, et même sa malignité. Encore une fois, cette fierté se retourne contre ceux qui la ressentent, car elle alimente trop souvent une certaine mauvaise foi et un certain aveuglement, occulte le sentiment critique et ne permet pas de voir la réalité avec recul. J’opposerais ici la fierté à la dignité, la seconde se nourrissant de l’estime de soi.
C’est une forme aussi de victimisation parfois justifiée, parfois déplacée. Se développe ainsi une susceptibilité à fleur de peau qui n’admet plus aucune critique et surtout n’autorise plus l’autocritique. Au nom des souffrances du passé, parfaitement inexcusables et qui doivent, encore une fois, être reconnues et réintégrer leur place légitime dans l’histoire de l’humanité, on ne peut pourtant pas considérer ce passé comme la seule cause du mal qui ronge les quatre cinquièmes de notre planète. En d’autres termes, tout n’est pas toujours de la faute des autres. Toutes les critiques ne sont pas forcément des actes racistes parce que ceux à qui elles s’adressent ne sont pas blancs de peau. Certaines peuvent même s’avérer utiles, à condition de les prendre pour ce qu’elles sont sans chercher de sous-entendus.
Afin d’éviter de froisser cette susceptibilité, une forme d’auto censure frisant l’hypocrisie empêche trop souvent une spontanéité dans la communication, ce qui ne fait que renforcer le communautarisme. Pour dépasser et vaincre le racisme qui ronge nos sociétés, il faudrait pourtant pouvoir vivre, travailler, rire ensemble sans devoir constamment surveiller son propos en fonction de l’identité ethnique de chacun.
Parler d’une personne noire, quand on est blanc, et le trouver con ou moche ne signifie pas automatiquement que l’on attribue cette faiblesse à sa couleur. On peut aussi par la critique reconnaître le caractère universel de la connerie, faculté qui rapproche pourtant tellement les hommes qui la partagent très équitablement…
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PS: Je compte sur vous, la liste n'est pas terminée!