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Sommaire de tous les billetsLundi 6 novembre 2006
Les Français ont-ils le monopole du racisme et de l’exclusion ? Certainement pas ! Tous les hommes partagent très équitablement ces travers qui affectent notre capacité à vivre ensemble.
Pourtant, vus de l’étranger, les Français sont quasiment toujours perçus comme arrogants. Ou sont les liens entre cette “arrogance” et les préoccupations fondatrices de ce blog ? Quelles sont les conséquences de cette “arrogance” ?
Commençons donc par considérer la France dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui. Une majorité d’économistes de renom s’accordent pour constater le manque criant d’anticipation de la plupart de nos entreprises hexagonales face à un changement rapide et radical de la situation économique internationale. Les pays émergeants, et en premier lieu les pays d’Asie, passent en TGV de l’état de simples exécutants en charge de taches à faible valeur ajoutée, à celui de décideurs et de leaders sur des marchés les plus divers. On s’inquiéterait même en observant les initiatives chinoises en Afrique, à l’heure du premier sommet Sino-africain de l’histoire. Chez nous, les délocalisations de main d’œuvre se suivent à un rythme croissant et ne font que précéder celles des pôles dirigeants lorsqu’ils ne se défont pas assez vite de cette embarrassante “arrogance”, sujet du jour.
Mais quelle est donc cette “arrogance” qui nous caractériserait, vue de l’extérieur ? Interrogeons-nous sur le discours, assez récent, des classes dirigeantes Françaises qui ont souvent décrit la mondialisation comme une relocalisation d’activités “à faible valeur ajoutée”, comme si des “petits” chinois, des “petits” noirs ou des “petits” magrébins ne pouvaient de toute façon qu’exécuter nos ordres pour le prix d’un bol de riz.
Cette sous-estimation des capacités des “autres” à égaler notre génie inventif ou même à le dépasser, a constitué la paire d’œillères typiquement Française (d’après d’autres pays qui sont un peu dans le même cas, admettons-le) conduisant à la situation présente. Et d’où vient cette sous-estimation systématique des “petits autres” ? N’est-ce pas de la croyance, un peu mythique et relevant plus du fantasme que d’une réalité, de la “grandeur” de la France, concept injecté a haute dose à tous les petits Français il n’y a encore pas si longtemps ? Cette grandeur a longtemps reposé sur le prestige de “l’empire” colonial et son rôle “civilisateur” sur les “petits colonisés”. Ainsi, notre incapacité à digérer notre histoire se retourne-t-elle contre nous, et pas seulement sur les anciens colonisés qui nous ont rejoints. Cette “arrogance” est un héritage qui pourrait cependant facilement disparaître si nous savions tirer avantage de notre diversité nouvelle. En effet, nous sous-estimons ces pays au même titre que nous sous-estimons certains d’entre nous en raison de leurs origines. Pourtant, ce sont eux qui devraient élargir nos horizons et notre regard sur le monde, si nous valorisions un tant soit peu la richesse qu’ils nous apportent.
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