Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

Le coin des compteurs
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07 septembre 2006

64 - E.T. nous observe – (3/8) Captifs!

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Episodes précédents:
1 - Les longueurs d'ondes mystérieuses
2 - L'enlèvement


Jeudi 7 septembre 2006

Robert, le premier, ouvre l’œil. Des chants d’oiseaux diffusés en sourdine lui laissent penser que le soleil a du se lever depuis déjà un bon moment. Son regard balaye le plafond qui semble avoir pris de l’altitude depuis la veille. Intrigué, il relève la tête et constate avec stupeur qu’un lit avoisine le sien, dans lequel dort… UN BLANC! Quelques secondes suffisent pour qu’il se mette à hurler en appelant sa sécurité rapprochée, ce qui a pour seul effet de réveiller ce voisin inattendu.
Jean-Marie, trop brusquement sorti de sa torpeur, sent son cœur tambouriner violemment sur ses tempes. La première image qui suit ce réveil brutal est celle d’un noir d’à peu près son âge qui hurle, assis dans un lit jouxtant le sien en le fixant avec un regard plein de peur et de haine. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il se retrouve lui aussi dans la même position et dans le même état. Bref, autant dire que la nuit est terminée pour Kémi.
Le tableau offert à Sirprus dépasse ses espérances, bien qu’il craigne qu’un excès de stress ne vienne polluer l’expérience.
Kémi, le premier, reconnaît Jean-Marie et se pince pour s’assurer qu’il n’est pas encore en train de dormir. Vérification faite, il se décide à entamer une phase de clarification en posant la question : «Mais que faites vous dans ma chambre ?»
Jean-Marie : «Je vous retourne la question, que faites vous ici ?»
Robert : «C’est un coup d’état ! J’avais interdit à tout blanc l’entrée dans mon palais !»
Kémi : «Quel palais ? De quoi parlez-vous ?»
Chacun scrute enfin la pièce et prend conscience de l’incongruité de la situation. Un long silence accompagne les regards dubitatifs. Jean-Marie reprend la parole.
Jean-Marie : «C’est une plaisanterie ! Quel est l’imbécile qui n’a rien trouvé de mieux que de me transporter à côté de deux nègres?»
Robert et Kémi : «Quoi ? Tu nous insultes en plus, sale blanc!»
Jean-Marie : «Oh ! Vous les négros, vous ne perdez rien pour attendre! Et dites-vous bien que quelques soient vos plans, vous avez perdu d’avance!»
Robert : «Dis-donc cochon gratté, tu te crois encore au temps des colonies ? Sais-tu que tu t’adresses à un président?»
Jean-Marie : «Président, tu parles! Si tu es à ce poste, c’est parce que ca doit bien arranger quelqu’un, c’est tout!»
Kémi : «Ca suffit!» (S’adressant à Robert) «Il veut certainement se trouver deux esclaves par nostalgie, mais il est tombé sur les mauvais numéros!» Puis se tournant vers Jean-Marie: «Ton monde est révolu! L’heure de ton jugement est proche, tu payeras pour tous les crimes de tes ancêtres!»
Jean-Marie: «Mais de quoi parlez-vous ? Ne croyez pas que c’est moi qui vous ai amenés ici!»
Robert et Kémi: « … ?»
Tous se lèvent pour arpenter la pièce. Aucune fenêtre ne donne sur l’extérieur, mais trois portes tendent leurs poignées à nos captifs. Afin de ne pas se toucher, chacun se dirige vers l'une d'elles. Robert ouvre la sienne qui donne sur une magnifique salle de bains, soigneusement fournie en linge de toilette. La porte ouverte par Jean-Marie est celle de toilettes spacieuses sentant très fort le désodorisant. Celle de Kémi refuse de s’ouvrir.
En constatant cela, chacun observe les deux autres avec suspicion. Qui détient les clefs? Une explication est nécessaire.



>>> La suite

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5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est une histoire que vous avez écrite, vous publiez un livre ?

07 septembre, 2006 17:37  
Anonymous Anonyme said...

'La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire ou sa population blanche a pratiqué l'esclavagisme, le colonialisme en les justifiant par un racisme institutionnel. Les effets s'en ressentent aujourd'hui.'

Mais bon sang de bon soir ! Qu'est-ce que j'y peux moi si y'a des annees des gens blancs etaient marchands d'esclaves noirs ? (entre autres choses).

Faut-il nous rouler dans la boue a jamais pour des crimes que nous (les blancs vivants) n'avons pas comis ? C'est aussi ridicule d'etre raciste que de dire 'la societe Francaise souffre d'amnesie'. Qu'en savez-vous ? Avez-vous menez des etudes a ce sujet ? Y-a-t'il des gens qui niant l'esclavagisme ?

De ce que j'ai vu sur ce site, il ne me semble pas. J'ai plutot l'impression que des gens essayent de raisoner plus rationnellement en essayant d'ecarter autant que possible les prejuges et vont parfois a l'encontre du bon gros sens moral.

Par exemple, un de ces prejuge commun est de dire que les immigrants ne sont pas plus delinquants que les autres. S'ils sont majoritaires dans les prisons, c'est a cause de la vie difficile qu'ils mennent en etant des exclus de la societe...
Une etude (passee sous silence) a montre le contraire, que les immigrants ont plus tendance a etre delinquants meme quand les status sociaux sont identiques. (Par immigrants, comprenez 'issus de l'immigration').

Voila une verite d'aujourd'hui, qui est surement plus importante que de nous rouler dans la boue a jamais.

08 septembre, 2006 00:34  
Blogger Titophe said...

Elisabeth: Non, je n'ecris pas de livre. J'invente simplement cette petite fable pour metre un peu d'humour et de recul dans ce blog qui se prenait trop au serieux jusqu'ici.

Wam Vous n'y pouvez rien et je ne comprends pas en quoi vous vous sentez roulé dans la boue. Personnellement, je me sents plutot propre. Pour votre etude "scientifique" je prefere m'abstenir de commenter. Mais j'en ai tenu compte dans le billet suivant ;-)

08 septembre, 2006 09:27  
Anonymous Anonyme said...

Salut,

J'ai lu le billet suivant (65) et n'ai pas vu de reference a cette etude, peut-etre parliez-vous du billet 66.

Enfin bref, c'etait juste une remarque au passage.

Pour revenir a mon propos precedent, il s'agissait juste d'une petite illustration.

Oui il existe des differences, oui il y a des situations qui nous mettent mal a l'aise, on ne peut le nier. Le malaise du jeune homme dans le metro est legitime, le malaise dans le commentaire de cette note (reference au chanteur dans le metro) l'est tout autant. Quand la Marseillaise a ete outrageusement sifflee au stade de France lors du match France - Algerie, beaucoup de francais ont du se sentir outrages, et je les comprends.

Cependant, ce n'est pas a cause d'un racisme 'anti-francais' ou 'anti-blanc' que ces faits me choquent.

Reprenons ces exemples en les modifiants quelque peu :

1) Je suis dans le metro a la place du jeune homme. Dans la trame il n'y a que des blancs, et a cote de moi deux personnes debatent du probleme des etrangers avec les arguments que l'on connait (ils nous prennent nos alloc', etc...). Dans cette situation, je me serais senti tout aussi mal a l'aise. Les deux meme alternatives s'offrent a moi : me taire ou partir dans une discussion sans fin. Je choisi de me taire et de penser a autre chose.
Pour revenir au recit original, il est tout a fait possible que le jeune homme n'etait pas le seul a etre mal a l'aise. Tous les immigrants ne pense pas ainsi et beaucoup sont heureux d'etre en France qui leur a permis par exemple de faire des etudes superieures de qualite. Ils ont choisi (tout comme je l'aurais fait) de ne pas partir dans le debat sans fin. Le jeune quant a lui, a tire une conclusion hative : puisque ce discours etait tenu par 2 immigres, tous les autres immigres ne peuvent qu'etre d'accord.

2) Dans le recit laisse en commentaire suite a cette note, un chanteur dit que si les blancs ne sont pas contents, ils n'ont qu'a descendre.

3) La Marseillaise sifflee, huee comme jamais au stade de France par de nombreux francais d'origine algerienne. Il s'agit de l'exemple le plus fort je pense, Chirac lui-meme a montre som mecontentement.


Ce serait trop facile, faux, sterile et absurde de conclure en disant que le racisme blanc est legitime car les autres n'aiment pas la France. Les autres retorquent que ce sont les francais qui ont commences, les francais disent que ce n'est pas vrai, qu'il fut une epoque ou les autres exploitaient les blancs... Et ainsi de suite.

Et alors ? Ou nous menne de savoir qui de l'un ou de l'autre a commence ? Sommes-nous donc si pueril pour jouer a ce jeux ? Chacun ne veut bien entendre que ce qu'il veut, jamais nous n'en sortirons de la sorte.

D'autre part, il y a les anti-racistes adeptes de la generalisation inverse. La seule difference avec le racisme, c'est qu'ils s'auto-critiquent volontier au lieu de critiquer les autres, ce n'est pas beaucoup mieux...

Donc que faire au milieu de tout ca ?

08 septembre, 2006 15:41  
Blogger Titophe said...

Wam: C'est bien dans le billet 65, relisez-le plus attentivement peut-etre?
Pour ce qui est du malaise et de votre derniere question, c'est à mon sens la question, la bonne, celle qui peut enfin esquisser un debut de solution. Je pense qu'un peu de recul ainsi qu'une bonne dose de bonne foi sont les ingredients essentiels. Il est aussi important de se dire que le plus simple à changer, c'est soi-meme. Changer les autres est une illusion, sauf si les autres font aussi la demarche de se remettre eux-meme en question...

08 septembre, 2006 15:49  

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