Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

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10 janvier 2006

20 - J’ai lu… Le Crime de Napoléon

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Mardi 10 janvier 2006

«Le Crime de Napoléon» de Claude Ribbe, éditions Privé.

Je ne suis pas assez qualifié pour critiquer le contenu historique de ce livre. Je vais uniquement faire part de mes impressions en essayant de me limiter à quelques points qui m’ont interpellé.

Ai-je appris quelque chose ?
Oui, c’est incontestable. L’auteur est un historien et narre des faits que j’ignorais. Il traite de la période ou Napoléon n’était que premier consul et durant laquelle il a rétabli l’esclavage (a partir de 1802) qui avait été aboli par la convention le 4 février 1794. Il faudra attendre 1848 pour la seconde abolition. On découvre le personnage de Toussaint Louverture, son apogée puis sa déportation et sa mort en métropole. On découvre aussi les raisons et les drames de la naissance de l’Etat d’Haïti ainsi que l’implication de personnages dont les noms sont familiers comme Rochambeau. Et finalement, on apprend comment tout un système a été mis en place pour reprendre par la force une liberté si récente. Les moyens utilisés vont jusqu'à l’extermination de ceux qui refusent de céder, en utilisant certains outils permettant le « meurtre à la chaîne » comme le gazage, les chiens (3000 ont été spécialement nourris uniquement de chair humaine), etc...
Quelques chiffres :
- 250 000 personnes retrouvent le statut d’esclaves
- 100 000 personnes sont tuées
- 200 000 africains sont importes aux Antilles et portent ainsi le nombre d’esclaves a 450 000
- 1 000 000 meurent durant le voyage (1 sur 5 seulement arrivait a bon port)

Le « ton » de l’ouvrage :
Il s’agit d’un pamphlet. Le ton semble volontairement provocateur et le style est très subjectif. Les qualificatifs et les comparaisons utilisés reflètent du militantisme de leur auteur, qui dénote assez avec l’objectivité que l’on attend d’une œuvre d’historien. Je pense qu’il faut en être averti afin de ne pas abandonner la lecture dès les premières pages. Le personnage de Napoléon est catalogué d’entrée et est ensuite appelé par divers qualificatifs qui demanderont à ses admirateurs une bonne dose d’abnégation.

L’architecture du livre :
Le récit n’est pas totalement chronologique et plusieurs aller et retour dans le temps demandent une bonne agilité intellectuelle. J’avoue avoir du relire certains passages pour ne pas être complètement perdu. On se demande si le récit des faits est vraiment l’objectif premier de ce livre. Il semble plutôt que la trame soit la démonstration du racisme de Napoléon et de son influence sur des dictatures ultérieures… Ainsi, les faits distribués dans le désordre dans le temps ne seraient cités que pour enrober la dite démonstration.

Mes impressions :
Je trouve l’auteur trop agressif, ce livre juge l’histoire plutôt que de la dire. Il donne très peu de liberté au lecteur pour se faire son propre jugement. Je ne suis pas un admirateur de Napoléon, loin de la, aussi je suppose que la lecture sera encore plus difficile pour d’autres. De plus, certaines affirmations comme le lien d’inspiration entre Napoléon et Hitler peut se retourner contre les objectifs de l’auteur. Il me semble inutile de choquer et d’un point de vue de la communication, je trouve cela maladroit. C’est dommage car l’érudition de Claude Ribbe est précieuse dans le travail de mémoire qui reste à faire.

A lire ?
Oui, mais a condition d’être prêt à ne pas partager tout ou partie des opinions de l’auteur. Passer ce cap permet d’apprendre une page de l’histoire que l’on occulte a l’école. L’histoire des Français leur appartient, il leur appartient de la connaître.

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8 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Combien d'historiens occidentaux objectifs connaissez-vous? Je parle des occidentaux, par qu'ils sont les seuls habilités à écrire l'histoire. N'avez-vous pas cette impression? J'en veux pour exemple, les historiens africains sont purement et simplement mis à l'écart. Lorsque leurs collegues occidentaux n'arrivent pas à apporter l'anti-thèse d'une thèse défendue par un africain, ce dernier est attaqué jusqu'à la morale. N'avez-vous pas cette impression?
Alors, quand vous nous parler d'objectivité à propos de M. RIBBE que voulez-vous nous dire à la lumière de ce qui précéde?
La question que je vous pose, à la lumière de ce qu'était Napoléon, avez-vous entrepris le travail de recoupage pour confirmer ou infirmer les dires de M. RIBBE?

Merci pour la suite.

Mackite.

31 janvier, 2006 12:24  
Blogger Titophe said...

Bonjour Mackite

Je ne conteste en RIEN les informations apportées par Claude Ribbe. Je serais tres mal placé pour cela et d'ailleurs je pense qu'aucun de ses confrères ne le conteste.
Ce que je dis est que le style de l'ouvrage, ouvertement pamphlétaire, amène automatiquement une certaine forme de polémique. Je me suis moi-même attaché à essayer de comprendre quelle serait la forme la plus efficace de communication dans le combat pour le respect de la memeoire et contre le racisme. C. Ribbe a chosit une autre voie, c'est tout.

31 janvier, 2006 13:32  
Anonymous Anonyme said...

A titophe:

Je pense que quel que soit le ton du livre, la polémique était lancé du fait que l'une des icônes du nationalisme français était mis à nu! En plus, la parallèle avec un certain HITLER était tiré.
Ne pensez-vous pas l'idéologie ambiante à ces époques reculées ou même recentes auraient pues influencer ce HITLER? La suprématie de la race blanche sur toutes les autres, ce qui a même gangé l'inconscient collectif, vous dit quelque chose?
Si certains se sentent géner par la dureté de certains faits historiques, le débat n'avancera jamais. La volonté sera toujours au vernissage de ces faits.

Merci pour la suite.

Mackite.

31 janvier, 2006 14:05  
Blogger Titophe said...

A Mackite:

Absolument. Il n'empeche qu'il est toujours bon de definir des objectifs.
Le mien et de voir un monde plus juste ou le sentiment de superiorité d'une race (je n'aime pas ce terme) sur d'autres ait disparu.
La polemique, le culte de la culpabilite et de la victimisation, ne me paraissent pas pouvoir atteindre cet objectif. Ils ne font que cultiver et alimenter le communautarisme.
Mettez vous a la place d'un enfant métis qui aime autant chacun de ses parents. Le discours de confontation devient un non-sens pour cet enfant. Il doit bien entendu connaitre ses origines et je me bats pour cela. Par contre, ne lui demandons pas de juger, simplement de savoir.

31 janvier, 2006 16:06  
Anonymous Anonyme said...

A titophe:

Savoir! Le fait de savoir entraînera nécessairement le questionnment, ne pensez-vous pas? C'est à ce moment là que vous interviendrez! Comment allez-vous y prendre, par quel bout commencer, sans heurter le parent qui a été incriminé des siècles durant?

Par ailleurs, chèr titophe, quel était l'éssor éconimique de l'Europe avant l'esclavage et quel en était-il avec l'esclavage et après? Il faut avoir une lecture claire de toutes ces phases? Le confort matériel en Europe aujourd'hui d'où vient-il? C'est autant des débats qui vont s'amorcer à n'en point douter.

Merci pour la suite.

Mackite.

31 janvier, 2006 18:17  
Blogger Titophe said...

Mackite:

Savoir sans juger, c'est possible. Le confort materiel est bien entendu en partie le resultat d'un imperialisme (esclavage, colonisation et neo-colonisation. Par contre, ce confort n'est pas celui d'une couleur de peau. C'est celui des habitants d'un lieu, et heureusement aujourd'hui ils ne sont pas tous blancs.
Ceci etant dit, je represente le parent blanc, mais je ne suis pas le parent incriminé. Mon epouse et moi vivons heureusement dans le meme confort, comme nos filles.

Cela ne nous empeche pas d'etre particulierement sensibles aux injustices du monde. Lisez mon billet sur le sentiment de revolte que ces injustices provoquent en nous pour vous en rendre compte.

Ma conviction est que cette scission du monde est principalement due a la culture historique du sentiment raciste, qui permet de faire accepter aux masses ce qui est intolerable. Lutter contre ces injustices commence donc par lutter contre ce racisme. Ce n'est pas en opposant les uns aux autres que l'on atteindra cet objectif.

01 février, 2006 09:31  
Anonymous Anonyme said...

"La polemique, le culte de la culpabilite et de la victimisation, ne me paraissent pas pouvoir atteindre cet objectif.é

j'avais déja lue deux trois choses sur votre blog qui m'ont choquée!

Avec cette phrase, je suis donc convaincue que vous ne mesurez pas toutes les implications de l'histoire coloniale et esclavagiste, de la guerre impitayable qui est menée contre tout être ne revètant pas la peau blanche!

Vous me faites penser à ce vendeur raciste que j'ai rencontré un jour et qui s'octroyait le droit de m'agresser parce que dixit, ces enfants étaient métisses!

14 août, 2006 21:02  
Blogger Titophe said...

cher anonymous, avez-vous lu les autres billets de ce blog ou vous etes-vous contenté de celui-ci? J'ai l'impression que vous vous méprenez...

16 août, 2006 11:31  

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