19 - Pourquoi?
Samedi 7 janvier 2006
Lorsque j’étais au collège, je me souviens de la diffusion, aux “dossiers de l’écran” de la série sur l'Holocauste tirée du roman “Au nom de tous les miens” de Martin Gray. Mon père m’avait très inhabituellement permis de veiller afin de pouvoir regarder cette suite de films remarquable, car il considérait (et considère toujours) qu’il était essentiel que les jeunes gens de mon époque connaissent cette période afin de ne jamais la reproduire. Je me souviens avoir été marqué par la dureté des images proposées, reflétant hélas une réalité que nul ne doit ignorer.
Nos professeurs d’histoire et de français avaient bien entendu rebondi sur cette diffusion et avaient adapté leurs cours afin de poursuivre en classe les inévitables discussions relatives à un sujet aussi grave.
J’avais entre 12 et 13 ans. J’ai compris par cet événement l’importance du “devoir de mémoire” et de la connaissance de l’histoire lorsque l’on veut bâtir un avenir meilleur. Au lycée, quelques années plus tard, nous avions dans notre classe de terminale des élèves de confession juive et j’ai pu mesurer a quel point leur communauté restait marquée par la Shoah, et combien était important pour eux le programme du cours d’histoire sur cette période.
Encore plus tard, j’ai découvert l’Afrique et ai été très surpris de constater combien est encore présente là-bas la mémoire de la période coloniale, période dont j’ignorais à peu près tout. De nombreuses personnes m’ont raconté des anecdotes qu’elles avaient vécues et j’ai été choqué par la violence et par l’inhumanité de certaines scènes. Bien entendu, je ne suis pas historien et ne peux que me baser sur ce que l’on m’a relaté.
Il n’empêche, je me mets à la place de jeunes français d’origine africaine qui suivent les mêmes programmes d’histoire et qui constatent donc la place que nous réservons au remarquable travail de mémoire concernant le martyr du peuple juif. Ils doivent ressentir un sentiment d’injustice en réalisant que le martyr de leurs ancêtres est lui passé sous silence. Pourtant, nous parlons de la même époque (milieu du XXeme siècle).
Je mets tout de suite en garde le lecteur. Je ne partage pas les propos de Dieudonné. Je considère au contraire que le travail fait sur la Shoah est absolument nécessaire. Pour la même raison, je considère que le même travail devrait être fait sur les périodes esclavagistes et coloniales.
Mes détracteurs rétorqueront qu’il vaut mieux se tourner vers l’avenir au lieu de victimiser la communauté africaine. Alors je leur pose une question simple : que pensent-ils du travail de mémoire autours de la Shoah? Pensent-ils aussi qu’il ne fait que victimiser le peuple juif? Pourquoi cette différence?
Je ne souhaite pas opposer deux malheurs. Je souhaite partager avec le lecteur mes interrogations tout en l’assurant que je suis plus que sensible au drame de la Shoah.
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34 Comments:
Je ne crois pas au devoir de mémoire, mais plutôt à la transformation de l'Être: il y a eu la Shoah, les Arméniens, le Burundi, le Kosovo,les Khmers...qu'a changé le devoir de mémoire? Tant que chacun d'entre nous gardera une once d'exclusion, cette dernière perdurera. C'est au niveau individuel, à mon sens, qu'il faut agir. Oui, d'une part ne pas nourrir le sentiment de victime, et d'autre part, se changer soi. Tous. C'est ue question de prise de conscience et de l'acceptation de la part d'ombre en soi, et l'inclusion de l'autre. Les petits ruisseaux font les grands fleuves et on sait aujourd'hui que la masse critique qui fait basculer les choses est en fait très faible.
C'est tres surprenant et tres interessant.
Effectivement, chaque individu doit paser par une prise de conscience. Mais la collectivité ne doit-elle pas aussi jouer son role afin de provoquer cette prise de conscience? Si personne ne prend cette initiative, quel phenomene pourra declencher cette transformation?
Autre point de vue contradictoire: L'antisemitisme existe aujourd'hui chez nombre de nos concitoyens. Pensez-vous que sans le travail de memoire effectué sur la Shoah celui-ci ne serait pas present chez encore plus de personnes?
J'ai dû mal m'exprimer: je crois en l'initiative individuelle; je ne crois pas qu'il faille attendre un "phénomène", mais choisir, ici et maintenant, chacun, d'évoluer. La solution, à mon sens, ne vient pas de l'extérieur, d'un phénomène, de la collectivité: c'ets à nouveau remettre la responsabilité du changement à l'autre, alors que,à mon avis, elle commence par soi.
malgré le travail de mémoire, l'antisémitisme est plus que jamais vivant... en fait, je crois que plus on parle des juifs comme d'un peuple différent, plus on nourrit l'anti...
Bonjour à vous et bonne année!
Je trouve que le devoir de mémoire est nécessaire, d'autant plus quand cette histoire est NOTRE Histoire. Le but n'est pas de "victimiser" les uns, ou de "culpabiliser" les autres, mais seulement d'intégrer cette Histoire, de l'assumer, afin tout simplement de pouvoir avancer sereinement ENSEMBLE.
C'est le fait de minorer un crime contre l'humanité, de ne pas lui reconnaître sa place dans les livres de "notre" Histoire qui fait mal. Finalement, ce n'est pas tant une question de victimisation que de reconnaissance, de la part d'une collectivité...
Je doute que l'initiative individuelle puisse suffir à produire une conscience collective...
A+
A isabelle: Que faut-il faire, alors? Rien? Attendre que les individus prennent eux-meme l'initiative de se remettre en question?
A Adèle: Effectivement, je penche plutot pour votre analyse. Neanmoins, je comprends Isabelle qui, par son activité professionnelle, se focalise sur les individus pour les aider à se reveler. Neanmoins, lorsque l'on parle de problèmes de société, il me semble nécessaire de prendre en compte le groupe et non pas les individus séparément.
à Titophe: se remettre en question soi-même: vous, moi, etc... seul et ensemble, prendre conscience fait immanquablement changer notre comportement. Trouvez-vous vraiment que la conscience collective, telle qu'elle nous est proposée aujourd'hui, avec le devoir de mémoire etc... fonctionne bien de nos jours? Moi, je ne trouve pas. Nous le savons l'histoire se répète; nous avons appris l'histoire des génocides, enfin certains (dans ma liste, je n'ai pas parlé des Amérindiens, des Aborigènes,les Ukrainiens). Et pourtant, ça continue. Alors, je cherche une solution qui fonctionne mieux.
à Adèle: à mon sens, là où où met un devoir, un il faut, on ne fait pas agir le libre arbitre de la personne, sa capacité de choix. C'est pareil avec les enfants: on peut être autoritaire, ou on peut expliquer, faire prendre conscience, faire adhérer. Certes, c'est plus long, beaucoup plus long, parfois. Mais croyez-moi, le résultat, en bout de course et à long terme, n'est pas le même. Ceci ne veut pas dire qu'entre temps il faille laisser faire n'importe quoi, loin de là: mettre les gens, quand c'est nécessaire, hors d'état de nuire, est bien sûr nécessaire.
Justement, "expliquer, faire prendre conscience, faire adherer" implique un dialogue et donc une forme, quelle qu'elle soit de communication. Si le travail de memoire n'est pas la bonne communication, quelle doit-elle etre?
Non, je ne veux pas dire communiuer sur le devoir de mémoire, mais sur la prise de conscience de soi et de l'autre, en général. De l'exclusion et de l'inclusion. Du miroir qu'est l'autre, etc etc etc. Ici et maintenant. Car notre seule réalité, c'est le moment présent. Cela dit, ce n'est que mon point de vue.
C'est certainement tres efficace, mais est-ce accessible à tous? Cette démarche n'atteint-elle pas ses limites en ne touchant qu'une certaine élite? Finalement, si l'objectif est de faire changer les mentalités des masses, une telle démarche a-t-elle des chances de l'atteindre?
Ce que je dis peut etre percu comme un peu démagogique, mais comment rester efficace autrement?
Bonjour Titophe,
Peux-tu me dire pour quelles raisons serais-tu plus que sensible à la Shoah ?
Personnellement je suis très sensible à la maltraitance de l'être humain, car j'imagine la douleur que ressent un maltraité, un torturé ou un supplicié.
Des hommes eurent détruit d'autres vies de diverses manières, mais le résultat de ces abominations est le même : la mort.
Depuis l'apparition de l'être humain sur terre, il y a de nombreuses abomminations. Celles qui ont le haut degré de l'inhumanité sont l'esclavage, la shoah, et le bombardement de Nagassaki et Yiroshima.
A Eugene: Si je précise ma compassion vis a vis du drame de la Shoah, c'est pour eviter toute incomprehension de certains visiteurs tentés d'assimiler mes propos avec ceux de Dieudonné. Ce que tu dis, je le partage a 100%. Je veut tout simplement comparer la place que nous réservons à la Shoah dans notre histoire avec celle laissée à l'esclavage et au colonialisme. Comparer sans opposer, c'est à dire sans considérer que la commémoration de l'Holocauste des juifs est surdimensionnée. Au contraire, j'aimerais une société plus honnête qui fasse le meme travail sur les drames infligés au peuple noir.
Encore une fois, je réalise combien une maladresse d'écriture peut etre mal interprétée. Comment aurais-tu rédigé cette phrase?
Je crois que ça n'a rien à voir avec l'élitisme. C'est le développement de l'amour, tout simplement. De soi et de l'autre. Nous ne sommes pas obligés d'être des Caïns et des Abel...Ce n'est pas un raisonnement intellectuel, c'est une vision de la vie et une façon de la vivre. L'idée n'étant pas, peut-être, de faire changer mais d'aider. Soi et l'humanité; mais comme je ne peux changer que moi, je m'y attèle...parce que, à un moment ou à un autre, ça fait tâche d'huile. Rome ne s'est pas construite en un jour... ;-)
A Isabelle: Je comprends mieux maintenant, merci de cette précision.
En considérant que notre vision d'un monde meilleur soit assez semblable (ce dont je suis de plus en plus certain), en considérant en outre que vous connaissez de mieux en mieux ce blog et son modeste animateur, que me conseilleriez-vous de changer?
1) Il ne faut pas oublier que la mémoire est ce qui nous constitue. Sans parler de la choas, de la colonisation etc... Une personne adoptée ressentira le besoin de connaître ses racines afin de se construire, c'est primordial. Il ne faut pas attendre des gens comme dieudonnée pour réécrire l'histoire.
2) Il faut arrêter de parler de victimisation. De fait, la société exclue les plus faibles et aujourd'hui, la couleur de la peau est une de ces faiblesses. Je le déplore mais c'est comme ça. Personne de demande de nous considérer comme des victimes, mais tout simplement d'en parler dans un peu plus que trois lignes dans les manuels.
Mon histoire c'est aujourd'hui que je l'apprends. Mes ancêtres ne sont pas les gaulois et ne l'on jamais été. Je suis française mais d'ailleurs et cet ailleurs n'est expliqué nulle-part. Cet ailleurs, c'est la france et l'histoire de cet ailleurs reste l'histoire de france.
Tres emu par ce que tu viens d'ecrire, Gladys.
Et si au lieu de parler de l'histoire de France, on parlais plutot de l'histoire des Francais? (et par extension, de l'histoire des hommes)
C'est effectivement la somme de toutes nos histoires qui constitue l'histoire des hommes. Alors oui!
Je crois, Titophe, que personne ne peut le savoir à votre place...;-)
Oui, Gladys, nous sommes porteurs de mémoires, y compris cellullaires. En prendre conscience est très important. et cependant, rien ne nous oblige à nous y identifier. Ce sont seulement des mémoires, pas qui nous sommes vraiment, chacun unique.
Ce qui nous constitue définit implicitement se que nous sommes. Demandez à un enfant adopté si l'absence de racine ne chamboule pas sa vie. certes nous sommes uniques mais imaginez juste votre vie si on l'amputait de ses racines. Si vous n'aviez aucune info sur vos parents, vos arrières grand-parents, leur histoire... La logique est la même à l'echelle superieur
Tant que l'on n'est pas un jour l'"autre", on ne réalise pas le mal occasionné.
Vous me dites Isabelle qu'il ne faudrait pas que je m'identifie à la mémoire de mon "peuple", mais toute ma vie on m'a demandé de m'indentifié à la mémoire officielle française. vous ne trouvez pas qu'il y a là un paradoxe?
en gros je suis noire, mais il faut que je pense comme vous et que je laisser au placard l'histoire de mes grand parents pour prouver mon intégration.
Rappelle, ma mère est de la réunion, je suis française... En toute logique, je n'ai pas à m'intégrer. Avec votre logique, la loi du plus fort (en l'occurence les français dit de souche) est la meilleure et les autres, qu'ils acceptent et basta.
A Isabelle: Je crois qu'une certaine forme de résilience (comme dirait BORIS CYRULNIK) peut etre décidée par ceux qui souffrent du silence. Dans ce cas, leurs potentiels propres leur permettront de se trouver une voie. Par contre, peut-elle etre conseillée par ceux qui n'en souffrent pas?
Je crains qu'un tel message ne soit percu de maniere plutot negative, car generateur de frustrations additionnelles.
En d'autres termes, dire a quelqu'un qui souffre du regard des autres: "compte sur toi et rien que sur toi, le regard des autres ne changera pas" n'est-il pas un peu "nier" sa souffrance?
Attention, je ne dis pas que vous la niez, je suis convaincu du contraire. Je dis que cela peut-etre percu comme tel. L'empathie m'amene plutot a reconnaitre la souffrance de l'autre puis, si je le peux, a l'aider a trouver des solutions en soi. Mais la reconnaissance est pour moi incontournable.
sans aller jusqu'à la "reconnaissane", on pourrait juste commencer par la connaissance, ce qui implique même à une petite echelle, une certaine compréhension.
A vous:
Vos echanges me rejouissent car ils montrent que le debat est possible. Vos message sont avant tout des messages d'amour, ce debat n'est pas un combat mais plutot un rapprochement. C'est un de objectifs de ce modeste blog. Connaissons nous, acceptons nous, soyons "open and honest" comme disent les anglo-saxons et cela ne peut que deboucher sur du positif.
à gladys: ça tombe bien, j'ai trois enfants adoptés, métis... ;-)Je comprends votre frustration, gladys, devant ce que j'écris. Il ne s'agit pas de nier quoi que ce soit, mais de prendre conscience que nous sommes beaucoup plus que tout cela.
à titophe: je ne le formulerais pas ainsi "compte sur toi seul". Mon hypothèse est que nous sommes à 100% responsables. Il ne s'agit pas, loin de là, de nier la souffrance. il ne s'agit pas non plus de nier une appartenance. Et en même temps, je crois que nous sommes tous beaucoup plus que cette appartenance.
à tous les deux: C'est très difficile à développer en quelques lignes, l'écrit dans ce cas est trop réducteur. Je vous conseille la lecture du dernier livre d'Eckart Tolle: Nouvelle Terre et au passage le précédent: Le Pouvoir de l'instant Présent). Passionnant.
amitiés,
Je vous comprends et je crois qu'a l'echelle familiale, votre message est le bon. J'ai le meme vis a vis de mes filles.
A l'echelle de notre societe, je pense que le regard des parents ne suffit pas. Je connais et frequente un nombre assez important de personnes d'origine africaine (mais pas que, notre univers est plutot eclectique). Tous (je dis bien tous) les noirs que je connais me disent leur frustration et leur besoin de cette reconnaissance. Ainsi, leur repondre que le devoir de memoire est inefficace ou tout du moins tres discutable est une reponse dont je ne peux pas me contenter. Leur besoin est bien reel, leur attente aussi. Pourquoi refuser? Accepter aurait-il des effets que je ne soupconne pas?
Bien évidemment, il faut s'en sortir par soi-même. J'ai moi-même des difficultés à couper le cordon avec ma mère et ce boulet me poursuit...
Mais les fondements se font sur le vécu, l'histoire et la mémoire. Pour réussir à se libérer de ses chaînes, il faut au préalable avoir compris pourquoi elles sont à nos poignets. Les réponses à nos pourquois se trouvent un peu partout, mais aussi dans la mémoire vive de nos ayeux.
Oui, Gladys, je suis d'accord.
Titophe, mon expérience est différente: mes amis, noirs et arabes, s'expriment différemment. C'est assez naturel... qui se ressemble s'assemblent!!!! ;-)
Trève de plaisanterie: oui, la reconnaissance, bien sûr, mais en tant qu'homme, point barre. Maintenant, bien sûr, il n'est pas question de nier leur réalité,, mais au contraire de l'accueillir, nous sommes bien d'accord. Et, en même temps, peut-être, d'élargir...
Il est bien aisé de parler d'équiter, de"reconnaissance... en tant qu'homme" quand il y a des inégalités individuelles. Comme je ne cesse de le répéter, la couleur, la langue et bien d'autres critères subjectifs sont discriminants, est-ce qu'il faut laisser les discriminés se défaire seul des chaînes que la société dite démocratique leur a posé. Où est-ce qu'il faut trouver ensemble des solutions viables permettant à chacun de partir sur les mêmes bases?
Pour moi la première des discriminations est sociale. Hzureusement qu'il y a des ZEP (Zone d'éducation prioritaire), des aides et qu'on n'abandonne pas les opprimés sociaux à leur triste sord.
Je ne suis pas pour la discrimination positive, mais comme je l'ai écris, je préfère être choisi pour cela que rejeté pour cette même raison et jusqu'à preuve du contraire, la société génère elle même les victimes du système.
Je ne suis pas très patiente alors je réappuye plusieurs fois, je vais essayé de me contenter d'un message. Désolée.
A Isabelle: Pourquoi ne demanderiez-vous pas à vos amis de s'exprimer ici? Je serais tres interessé d'avoir des points de vue diversifiés sur ce blog.
A Gladys: Bon effectivement, ta souris mitrailleuse a fait un "comment storm" que je viens de nettoyer ;-) Pas de probleme.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-728816@51-728919,0.html
Merci Stef! Je vais le lire attentivement et voir si je peux en tirer quelque chose pour un nouveau billet.
Bon, dis donc, mes matinees sont silencieuses depuis que tu ne viens plus nous chanter un petit air de rien...
Si je peux me permettre d'ajouter ma pierre, je dirai qu'il ne faut pas faire de contre-sens sur le terme "devoir de mémoire". Il ne s'agit pas d'une obligation de considérer rétrospectivement les actions de telle ou telle nation, ni de ne pas oublier un "quelconque" drame historique. Il s'agit de garder à l'esprit une horreur indescriptible, celle du MEURTRE prémédité et surtout SYSTEMATIQUE de plusieurs groupes humains sur la base de leur religion (les Juifs), de leur constitution (les handicapés), de leur orientation sexuelle (les homosexuels) et de l'internement d'autres groupes humains sur la base de leur option politique (les communistes) ou de leur option humaniste (les francs-maçons) ou de leur mode de vie (les nomades). Il ne s'agit pas d'un "simple" drame comme l'Histoire en a connu beaucoup, mais d'un fait exceptionnel par son envergure et sa sauvagerie. Quelque chose de si inconcevable que nul jugement ne peut le racheter. Seul le "devoir de mémoire" peut tenter d'en honorer les victimes et porter le flambeau de la vigilance de génération en génération. Cela n'enlève rien à la légitimité d'un regard historique objectif et sans concession sur les politiques menées par la France en Afrique, par exemple. Mais il me semble abusif, voire scabreux, d'assimiler cela au "devoir de mémoire". Dans l'histoire de France, le Massacre de la Saint-Barthelemy relèverait plutôt de cet ordre de choses. En tout état de cause, nul besoin du "devoir de mémoire" pour voir aujourd'hui combien la misère, la corruption, les guerres et les maladies asphyxient une grande partie du continent africain duquel nous (sous)tirons moultes richesses... Et que faisons-nous ?
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