136 - Histoire et communautarisme
Mercredi 31 octobre 2007
Le communautarisme est la plaie de notre société. Nous avons déjà abordé le sujet à maintes reprises. Ce phénomène nous éloigne les uns des autres alors que nous avons la chance d’être si proches.
Si nous voulons inverser cette tendance destructrice, encore faut-il s’intéresser aux facteurs « communautarisant ». Qu’est-ce à dire ?
Nous réduisons trop souvent les communautés à des types ethniques ou à des origines géographiques. Je pense qu’on se trompe par cette approche simpliste.
Le terme « communauté » a comme racine « commun », c'est-à-dire le partage de certains facteurs. Les apparences sont parfois trompeuses, et dans ce domaine autant qu’ailleurs. Les communautés sont devenues des communautés de ressenti, des communautés émotionnelles, de souffrance, de frustrations, d’aveuglement, de mauvaise foi. Un ennemi partagé est trop souvent le fédérateur.
Le premier des facteurs est l’histoire, car nous l’appréhendons encore avec une approche communautariste. Les gloires de certaines communautés sont systématiquement mises en avant, alors que d’autres sont ignorées ou à peine abordées. Ceci est vrai dans l’enseignement, mais aussi dans les medias, dans les arts, dans la littérature, dans le cinéma.. Et que dire des antihéros, les ennemis historiques sur lesquels se fondent aussi les communautés ?
Le lien entre les individus et l’histoire est un lien chargé affectivement et émotionnellement. Une histoire controversée renvoie une image négative sur ceux qui se sentent les héritiers de cette histoire.
Les gens aujourd’hui s’associent et s’identifient à ceux qui les ont précédés et en qui ils aiment se reconnaître. Ainsi ils préfèrent regarder l’histoire de façon positive car cette image positive est celle à laquelle ils s’identifient. Ils vont donc développer un sentiment de culpabilité ou de victime selon les cas.
Bien que n’ayant pratiqué ou subi aucun acte de violence en relation avec les périodes historiques évoquées, ils portent toujours en eux l’esprit qui a conduit leurs ancêtres dans ces situations. Cet état d’esprit est en lui-même porteur de culpabilité ou de sentiment victimaire.
Notre société se diversifie sans pour autant élargir le champ du rétroviseur. Les héros des uns sont les « méchants » des autres, ce qui ne fait qu’alimenter le sentiment communautaire.
Et si nous cessions de regarder l’histoire avec nos tripes ? Et si nous sortions de cette logique romantique lorsque nous nous retournons sur le passé ? Le cas « Guy Môquet » parle de lui-même. On joue sur le registre émotionnel et on renforce frustrations et fausse gloriole.
Et si nous trouvions un ennemi vraiment commun ? Ne serait-ce pas le communautarisme ?
Titophe
A lire:
- Comment l'apparition d'un nouvel "ennemi" rend caduques les barrières communautaires: E.T. nous observe
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7 Comments:
Lorsque vous écrivez "Nous réduisons trop souvent les communautés à des types ethniques". Qu'incluez-vous dans ce "nous"? Je ne vois pas bien ce dont vous parlez.
Piotrevski, ce "nous" désigne l'inconscient collectif, la pensée unique. Les média l'utilisent comme pré-requis.
@Titophe
Je ne comprends pas très bien les références graphiques de Toussaint Louverture et de Cheikh Anta Diop et leur lien avec ton sujet!
Précisément, s'agit il d'en faire des communautaristes aussi? ;-)
Non O houé, ces personnages sont les héros de l'histoire des uns et sont souvent instrumentalisés dans un but communautariste, tout comme le sont Napoléon ou De Gaulle, d'ailleurs.
Salut Titophe,
Ravie de revenir après ma panne d'Internet. je vais m'installer devant la vidéo que tu proposes (moi, je n'ai pas la tv). Je viens de lire dans le diplo un article passionnant sur la "mémoire de la traite négrière", ou comment durant des siècles on a considéré l'esclave comme un objet; l'inconscient collectif a besoin d'un super bon psy.
Je suis bien d'accord, je vis personnellement avec plusieurs personnes de différentes ethnies, et le mélange de culture que j'ai pu avoir est tout simplement excellent. Je ne force pas le métissage, le mélange de cultures etc bien sur que non, je suis "juste" très scéptique face au communautarisme ethnique. Les autres peuvent être justifiés c'est à voir.
Oui Polly, le sujet est complexe et le regard historique ne suffit pas, je suis d'accord pour un regard psychologique aussi, dans un souci d'holistisme.
Cher anonyme, savez-vous que vous pouvez facilement vous identifier sous un pseudo de votre choix, sans avoir à vous abonner? C'est plus simple pour savoir qui s'adresse à qui.
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