Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

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10 octobre 2007

133 - Embarrassante Cité de l’immigration

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Mercredi 10 octobre 2007

Ouverture aujourd'hui de la Cité de l'immigration. On notera un certain embarras de la nouvelle classe dirigeante qui joue avec le feu depuis quelques mois et se retrouve fort dépourvue devant ce cadeau inattendu et encombrant. Je livre l'article de Libé tel quel:

Pas de flonflons pour la Cité de l’immigration
En contradiction avec la politique actuelle, le musée national ouvre aujourd’hui. Sans inauguration officielle.

Par CATHERINE COROLLER
QUOTIDIEN : mercredi 10 octobre 2007


Nicolas Sarkozy est en Russie, Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration, en Espagne. Les agendas de François Fillon et de Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ne prévoient rien, et chez Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, la question suscite l’incompréhension : «La cité quoi ?» «De l’immigration ?» «Il se passe quelque chose de particulier cette semaine ?» Oui, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI), musée national s’il vous plaît, premier du genre en France, voire en Europe, ouvre ses portes au public ce matin. Côté inauguration officielle, en revanche, on attendra. Des quatre ministres de tutelle, seule Christine Albanel, la ministre de la Culture, s’y rendra ce soir, à 19 heures, non pas pour l’inaugurer, mais pour le visiter.

«Ça coince». A côté des tambours et trompettes qui avaient accompagné l’ouverture du musée du Quai-Branly ou de la Cité de l’architecture et du patrimoine, le silence du gouvernement interroge. «Il n’y a pas d’inauguration officielle parce que ça coince, ­explique l’historien Gérard Noiriel. Le discours de la Cité est de montrer les apports de l’immigration. Il est en contradiction avec celui du ministre de l’Identité nationale [Brice Hortefeux, ndlr], qui joue sur la suspicion généralisée de l’immigrant avec l’instauration de tests ADN.»

Il y a une vingtaine d’années, Gérard Noiriel avait ressenti, parmi les premiers, la nécessité de doter la France d’un musée susceptible de «changer le regard» sur l’immigration. La gauche rate le coche. Chirac reprend l’idée à son compte. Jacques Toubon, le président de la CNHI, est UMP tendance Chirac, les chercheurs sont plutôt de gauche, mais tous travaillent en bonne harmonie. En mai dernier, première véritable fausse note, huit historiens, dont Gérard Noiriel, démissionnent des instances dirigeantes de la Cité pour protester contre la création d’un ministère dont l’intitulé associe immigration et identité nationale.

Exaspéré. «Cette association de mots ne pouvait que conforter les stéréotypes et les préjugés qui existent aujourd’hui en France sur l’immigration», expliquent-ils. Ils continuent toutefois à soutenir le projet, et à y participer. Hier, lors d’une visite organisée pour la presse, Gérard Noiriel était présent ainsi que Marie-Christine Volovitch-Tavares, autre démissionnaire. En tête de la visite, donc, Jacques Toubon. Il est là pour parler du musée, pas pour commenter le manque de soutien officiel du gouvernement. «La Cité, c’est la Cité, la politique, c’est la politique», répète-t-il. Puis, exaspéré : « Le Président et le Premier ministre viendront dans quelques semaines et diront tout le bien qu’ils pensent de la Cité.»

En réalité, Brice Hortefeux est déjà venu, lundi soir, tout seul, en catimini. Qu’a-t-il pensé des photos montrant des manifestations de sans-papiers contre la politique de répression menée par les gouvernements successifs, ou le périple d’un immigré clandestin parti d’Afrique en bateau, débarqué aux Canaries, puis en France, où il a finalement été régularisé ? On n’en saura rien.

En l’absence d’inauguration officielle, la Ligue des droits de l’homme et d’autres associations appellent ce matin à une «inauguration citoyenne» de la Cité.




En supplément:
- Le site du musée

Petite vidéo sur l'immigration au XXeme siècle en France


Presse:
- Libération - Cet article sur le site de Libé
- Libération - Bien plus qu’un musée, un forum citoyen
- Le Figaro - La Cité de l'immigration naît dans la douleur


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8 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Merci, Titophe, d'en parler. Le comportement gouvernemental pose effectivement question...je qualiefierais même cette décision d'en faire un non-évènement d'une puérilité affligeante.
:-)
Isabelle
ps: je vais peut-être en parler aussi

11 octobre, 2007 07:01  
Anonymous Anonyme said...

Merci Titophe d'en parler et de m'informer par la même occasion de l'embarras que suscite l'inauguration de ce musée. Il y a du chemin à faire dans les mentalités pour se défaire de certains schémas de pensée... en chacun de nous, d'ici ou d'ailleurs. Tu sais quoi Titophe ? Plus je réfléchis à la question, plus je me dis que le vécu de la migration et de ses blessures m'a conduite à une réflexion qui je l'espère fera de moi quelqu'un qui saura le recevoir l'autre comme je voudrais être reçue. Cette expérience m'aura conduite à un travail sur moi et à une prise de distance et je trouve qu'au fond c'est salutaire. Même si parfois je me laisse submerger par des informations ou des événements qui me choquent. Je sais qu'on peut n'être pas d'ici et aimer profondément ce pays. Pas ce que certains veulent en faire mais la France que j'ai au coeur et celle là personne ne me la prendra.
Cette France que j'aime, tu participes à la rendre belle en aidant à réfléchir ensemble sur ses mutations. Merci.
Tu vois je ne réagis pas souvent probablement par auto censure ou par culpabilité mais je voulais te dire merci pour ton blog utile et salutaire.
Amitiés
Malaïka

11 octobre, 2007 09:19  
Blogger Titophe said...

Isabelle, le terme de puérilité est faible, et certainement trop gentil, car il sous-entend une certaine innocence, que je ne pense pas de circonstance. En effet, j'ai la faiblesse de croire que la stigmatisation systématique de l'immigration comme cible idéale pour redresser la société francaise est une stratégie parfaitement orchestrée, dangereuse, perverse, mais pas innocente. On peut me taxer de paranoia, ce que je comprends. Mais à bien y réfléchir je ne pense pas tellement exagérer. Je vous conseille la lecture de mes précécents billets relayant l'étude détaillée de Teun, enseignant et chercheur en analyse discursive. Le premier episode se trouve ICI.

Malaïka, je partage ta réflexion d'autant plus que je me suis moi aussi trouvé dans la peau d'un immigré, lorsque je vivais au Cameroun. Je t'invite à lire ce petit billet sur le sujet bien précis de l'introspection du migrant: Voyager sans armure

11 octobre, 2007 11:35  
Anonymous Anonyme said...

L'inauguration officielle aura bien lieu... mais un peu plus tard. Là, c'était juste l'inauguration administrative. C'est du moins ce que j'ai lu hier. Beaucoup de politiques seraient venus... mais pas de Voici ni de Gala sur le perron !
On ne peut pas dire que les médias aient fait grand cas non plus de cette Cité. Cela gêne donc tant de monde ?
Je me demande pourquoi la Gauche n'en a pas profité pour s'attaquer au Gouvernement. La brèche est pourtant grande ouverte en plein débat sur l'ADN !

12 octobre, 2007 06:08  
Blogger Titophe said...

Bonjour Zébu. Il me semble qu'effectivement le gouvernement va devoir inaugurer cette cité, et qu'ils s'en seraient bien passé. Par contre, s'ils le font un peu "forcés", c'est justement que pour une fois, les médias ont bien relayé l'information, contrairement à ton propos. Le 7-10 de France Inter ce matin était en direct de la cité et, ma fois, fort intéressant. Qu'est-ce que j'ai pu pouffer lors des multiples énervements embarrassés de Toubon dès que les questions touchaient des "tabous" qu'il aurait souhaité plus enfouis...

12 octobre, 2007 11:38  
Anonymous Anonyme said...

Je suis en fait assz d'accord avec les analyses entendues à la radio: création de Chirac, qui n'a pas fait que de mauvaises choses et est plus humaniste qu'on ne pourrait le croire; s'il ne fut pas un bon président, il a eu quelques initiatives remarquables et remarquées.
:-)

12 octobre, 2007 15:52  
Anonymous Anonyme said...

As-tu écouté "là-bas si j'y suis" sur France Inter le 10.10 à 15h, avec Gérard Noirel?
Tu peux toujours aller sur le site Http://www.la-bas.org et écouter l'émission en différé.
Très intéressant.
Il reste encore quelques plages horaires qui ont un autre regard.

12 octobre, 2007 17:48  
Blogger Titophe said...

Oui Isabelle, Chirac avait cette ambiguité, ce partage entre une forme d'humanisme l'ayant conduit à ce discours, et d'un autre coté ses relations malsaines avec certains dictateurs post-coloniaux, au Benin ou au Gabon.

Merci Polly pour le lien. Je ne suis pas à l'écoute de France Inter à 15h00 malheureusement. J'essayerai de trouver le temps d'écouter le podcast.

15 octobre, 2007 08:31  

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