126 - Humanité
Vendredi 21 septembre 2007
Comment définir le concept d’humanité ? Sommes-nous tous des humanistes ?
Voila quelques questions bien tordues.
Le thème du racisme est un prétexte, car c’est bien notre humanité qui m’intéresse.
Nous passons un très court séjour sur le chemin de la vie. Nous nous attachons à le définir et à l’orienter. C’est notre quête de sens durant toute notre vie.
Notre humanité, c’est notre conscience d’être, conscience d’exister dans un contexte qui nous dépasse dans toutes les dimensions. C’est la conscience d’être éphémères aussi. Cette conscience est un différentiateur et constituant majeur par rapport aux autres espèces.
Notre humanité, c’est aussi notre libre arbitre. Il détermine les directions que nous prenons sur ce chemin. Notre libre arbitre nous permet de nous transformer. Nous pouvons nous changer.
Notre humanité c’est aussi notre propension à vivre en société, à constamment devoir équilibrer notre besoin d’individualité et notre place dans la société. Nous avons besoin des autres pour exister en harmonie avec notre humanité. Lorsque cet équilibre fragile bascule, c’est notre humanité qui en pâtit.
En effet, trop d’individualisme nous laisse souvent seuls, peut-être ridiculement riches, mais seuls. Cette solitude n’est pas synonyme d’isolement, c’est plutôt un enfermement affectif. A la recherche d’un bonheur inconnu, nous nous perdons dans un non-sens. Notre humanité fait place à l’égarement.
Mais oublier notre individualité est aussi un égarement, car nous perdons notre libre arbitre, donc une partie importante de notre humanité aussi.
Notre humanité, c’est aussi notre unicité. Chacun de nous étant unique, notre diversité est en conséquence une composante fondamentale de notre humanité. Renier nos diversités, rechercher constamment la ressemblance, c’est ainsi nous éloigner de notre humanité, donc de nous-mêmes.
Notre humanité, c’est notre capacité à ressentir des émotions, à les transmettre, à communiquer. Le bonheur est un concept bien difficile à définir. Mais il se partage, c’est sa caractéristique principale.
Le lien qui nous relie tous les uns aux autres, c’est L’Humanité, sans laquelle notre humanité propre n’est rien. Voila notre plus grande richesse, celle que nous perdons souvent au profit d’une autre bien plus futile, bien plus éphémère. Car notre humanité ne meurt pas avec nous, elle se transmet et constitue un point de départ pour les générations suivantes.
Finalement, cette humanité, chacun l’appelle comme il veut. Dieu pour les religieux, la substantifique moelle ou le sens de la vie pour d’autres, peu importe. L’important est de comprendre que notre vie n’a d’autre sens que de s’en rapprocher constamment. Les formes sont multiples. Cette quête de sens permanente, c’est aussi la recherche d’harmonie entre conscience et inconscience. Recherche de paix intérieure.
Apres ce délire ésotérique, il convient, outre de se demander ce que j’ai bien pu fumer, de s’interroger sur les directions que l’on nous impose. Refuser de considérer l’Humanité comme un tout dans lequel chacun a une place essentielle, c’est un peu ce que l’on fait lorsqu’on décide qui peut se déplacer librement sur terre et qui ne peut pas. C’est ce que l’on fait lorsque l’on saucissonne le monde, en le hiérarchisant et en le rendant imperméable aux mouvements de notre diversité. Cette paix intérieure est bien compromise.
Finalement, accepter passivement le racisme, ignorer la communauté de nos chemins de vie dans notre histoire, c’est perdre notre humanité. Car ne nous leurrons pas, si chacun de nous porte son humanité, l’Humanité elle ne sera jamais qu’Une. A nous de faire en sorte qu’elle perdure… ou éclate. L’humaniste, c’est chacun d’entre nous qui a compris la place centrale qu’occupe son humanité.
Titophe
PS: Merci à Isa de m'avoir fait découvrir cette interview d'Edgard Morin qui parle d'humanisme. 4 minutes seulement.
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12 Comments:
Non Titophe, je te rassure tu n'as rien fumé (du moins pas encore).
Serais-tu, comme moi, un passionné de philosophie?
En te lisant m'est revenu cette citation d'Edgard Morin : "La pleine conscience de l'incertitude, de l'aléa, de la tragédie dans toutes choses humaines est loin de m'avoir conduit à la désespérance. Au contraire, il est tonique de troquer la sécurité mentale pour le risque, puisqu'on gagne ainsi la chance. Les vérités polyphoniques de la complexité exaltent, et me comprendront ceux qui comme moi étouffent dans la pensée close, la science close, les vérités bornées, amputées, arrogantes. Il est tonique de s'arracher à jamais au maître mot qui explique tout, à la litanie qui prétend tout résoudre. Il est tonique enfin de considérer le monde, la vie, l'homme, la connaissance, l'action comme systèmes ouverts. L'ouverture, brèche sur l'insondable et le néant, blessure originaire de notre esprit et de notre vie, est aussi la bouche assoiffée et affamée par quoi notre esprit et notre vie désirent, respirent, s'abreuvent, mangent, baisent."
Je te joins aussi cette vidéo d'E. Morin sur l'Humanisme.
Merci Isa! Quelle éloge de la pensée libre!
Je ne vois pas du tout l'humanité comme ça. Pour moi, l'humanité, c'est juste respecter ses sensables, faire preuve de compréhension, de tolérance, de genntillesse. Être prêt à aider, savoir oublier son moi pour se consacrer aux autres.
Concernant ton petit jeu, je suppose que je vais m'y brûler les ailes, mais je veux bien essayer (sans garantie de pouvoir passer tous les jours : c'set que j'ai du boulot !)
Merci à Isa et à toi Titophe de rappeler la notion d'humanisme (Montaigne, les Lumières... et Morin dont je recommande le dernier ouvrage sur le monde moderne et la question juive). La philosophie devrait être ce qui nous anime dès notre plus jeune âge, seulement il faut en parler de manière simple et accessible (je pense au goûter philo dans les petites classes)malheureusement elle est devenue l'apanage d'initiés. Je ne crois pas qu'elle donne du sens à la vie, mais elle aide à l'ouverture (en principe, j'en connais qui se targuent d'être philosophes et sont loin d'un début de sagesse). Ce sont des intellectuels de grande envergure comme Morin, Chomsky, Jacquard et compagnie qui nous aident à espérer.
@ Zébu: Je t'ai répondu en privé.
@ Polly: Oui, notre société manque cruellement de philosophie, non pas au sens "intello" du terme, mais plus dans le sens du courage qui est parfois nécessaire lorsu'il est temps de se poser des questions. Une société trop pleine de certitudes, qui a perdu le sens du doute, est malheureusement sur le déclin.
Bonjour Titophe,
J'ai trouvé ce billet très intéressant mais nuit blanche oblige je suis victime de "déconnexions neuronales passagères" Pas moyen d'aligner deux mots sensés. Je reviendrai relire tont post et les commentaires. Avant que les neurones soient en mode fusion j'y vais. Merci pour tes visites. Amitiés. Malaïka
Bonjour Malaïka. Dès que tes connexions sont rétablies, fais moi signe ;-) !!!
En attendant: "Mbamb alou!"
Amicalement
Titophe
J'ai trouvé votre article particulièrement intéressant car il propose une définition. J'aimerais vous soumettre ma propre définition
Avant de commencer, j'aimerais faire ma profession de foi du "donneur d'avis" :
Je jure solennellement de n'être qu'un individu parmi d'autre, n'être ni penseur, ni érudit mais d'avoir mûrement réfléchi avant d'avoir posté cet écrit. Ne détenant aucune révélation, aucune certitude, je suis prêt à discuter chacune de mes propositions jusque dans les limites de la logique humaine. Dans tous les cas, je jure de garder à tout instant l'humilité de celui qui ne sait que peu de choses et par là je vous prie tous, d'excuser mon ignorance.
Il est facile d'écrire à propos du racisme, mais avant tout je pense qu'il serait préférable d'engager un petit travail définitionnel tout à fait personnel : la définition de ce terme étrange qu'est "racisme".
Si je pars du principe certain qu'aucun individu sur Terre ni ne se ressemble ni ne diffère en tout point, car du clone aux "jumeaux parfaits", des différences existeront toujours entre eux ou du suédois au congolais des ressemblances existeront toujours. Alors qu'est ce que le racisme sinon une chose étrange. Cette chose n'est pas un piège de la pensée car elle n'est soutenue par aucun fondement logique, c'est un piège passionnel ; irrationnel. Ma proposition qui me semble purement logique, raisonnable, ne provenant d'aucune considération humaniste ou philanthropique n'a aucune résonance chez ces individus, qui se représente l'autre, malgré sa stricte singularité, à travers une couleur, un pays, un groupe, une culture, une religion, une idéologie,une sexualité... Attention, je ne pense pas que les groupes n'existent pas, je pense que ces individus qui composent ces groupes sont singuliers et au delà de ceux-ci nous le sommes tous pareillement.
"Les blancs" existent-ils ? Non car aucun blanc ne se ressemble parfaitement. "Les hétérosexuels" existent-ils ? Non car aucun hétérosexuel n'a strictement les mêmes pratiques sexuelles, les mêmes fantasmes, etc... Les catholiques existent-ils ? Non car aucun catholique ne pratiquera sa religion de la même manière. Cela ne signifie pas pour autant que les groupes n'existent pas, cela nierait les ressemblances qui existent parmi les individus et c'est d'ailleurs par cela que des individus se rassemblent mais certains ont tendance à oublier les différences qui existent au sein du groupe auquel ils appartiennent.
Ainsi, les blancs existent-ils ? Oui car ils ont tous la peau pâle. Les hétérosexuels existent-ils ? Oui car ils pratiquent leur sexualité avec un individu du sexe opposé. Les catholiques existent-ils ? Oui car ils croient tous à transsubstantiation, etc...
Ce paradoxe, à nuances, à degrés de ressemblances et de différences semble n'avoir aucune résonance chez ceux qui ne voient qu'hostilité dans les différences et nient toutes ressemblances
Mais je me trompe, je tombe dans le piège de l'anti-racisme et c'est cela que l'on pourrait reprocher aux anti-racistes, ils oublient ce que moi-même j'aurais pu oublier : de fait, aucun raciste ne se ressemble parfaitement, spirituellement ou physiquement. Le "racisme" étant une chose irrationnelle, impossible : Oui les racistes n'existent pas ; le racisme n'existe pas et l'anti-racisme combat ce qui n'existe pas.
Etre anti-raciste c'est avoir une conception raciste des racistes, pointer du doigt un individu "raciste" est aussi irrationnel que pointer du doigt la différence de couleur d'un individu. Si je me dis défendre un noir victime de blancs racistes, je me pose en défenseur des noirs contre les blancs racistes, si je défends un blanc victime de noirs racistes, je me pose aussi en défenseur des blancs contre les noirs racistes. Le chat voulant bien faire se mord la queue et rate sa cible
Ce n'est pas leur racisme qu'il faut pointer c'est l'irrationalité sous-jacente et singulière de chacun de ces individus. Ce n'est ni un noir, ni un blanc, ni un juif, ni un musulman qu'il faut défendre mais un individu ou un citoyen, victime d'un autre individu ou d'un autre citoyen. Ce n'est pas l'anti-racisme qu'il faut défendre et répandre mais une conception commune de l'être humain, et même en faire une notion inébranlable. Ce n'est pas le racisme qu'il faut combattre mais l'irrationnel, l'hypocrisie, le mensonge et la mauvaise foi.
Mieux vaut un combat long et difficile pour une victoire certaine et implacable, que des lois et des irresponsables empirant la fausseté.
Bonjour Enempto, et tout d'abord, bienvenue!
Je suis d'accord avec vous, et j'ai, à ma manière, déjà abordé cette thématique en m'interrogeant sur le bien-fondé du "Combat" anti-raciste.
Mais attention, il faut savoir dissocier les individus (racistes) et le concept (racisme). Je pense que vouloir combattre les racistes est une erreur. Tout d'abord parce qu'effectivement, ce serait combattre tout le monde, et ensuite parce que cet engagement a pour objectif de construire et non de détruire. Il ne faut donc que des gagnants, et le combat n'est jamais la bonne approche pour atteindre un tel objectif.
Combattre le racisme, ou disons vouloir que ce concept soit remplacé par de l'inclusion, ou de l'humanité, est une autre histoire. Il s'agit ici d'une action visant à faire prendre conscience de certaines absurdités (ou irrationnalités), comme vous le dites d'ailleurs très bien.
A bientot j'espère
Je jure solennellement de n'être qu'un individu parmi d'autre, n'être ni penseur, ni érudit mais d'avoir mûrement réfléchi avant d'avoir posté cet écrit. Ne détenant aucune révélation, aucune certitude, je suis prêt à discuter chacune de mes propositions jusque dans les limites de la logique humaine. Dans tous les cas, je jure de garder à tout instant l'humilité de celui qui ne sait que peu de choses et par là je vous prie tous, d'excuser mon ignorance.
Monsieur,
Je découvre peu à peu ce blog et je suis heureux, heureux de trouver des personnes qui me ressemblent, intéressés passionnément et rationnellement par le "vivre ensemble" : Ce site est d'utilité publique ! Je me sentais réellement seul face à l'absence de réflexion, au manque d'humilité, aux pensés truquées et tronquées et servant des objectifs plus ou moins racistes. Réfléchir pour moi est un moyen de rendre ce monde moins anxiogène et pour cela j’ai non seulement besoin de l’enseignement des livres mais aussi des autres.
Une des questions que je me pose trait à la dissociation individus racistes/concept raciste, peut-on les dissocier ?
Le racisme est un concept dont la définition est trop peu clair pour que l’on puisse le décrire, encore fois aucun raciste ne se ressemble. Je pense qu’aujourd’hui le racisme devient « à la carte », cochez telle case pour l’antisémitisme, cochez telle case pour hostilité envers les musulmans, les gitans etc. Le concept est en lui-même irrationnel mais ajoute sous l’effet de la mondialisation des conflits, des ressentiments internationaux, régionaux et même départementaux, un effet de confusion du concept. Le fondement de la thèse raciste se perd parmi la multitude de ses représentants. Ainsi, je pense pouvoir dire que ce concept n’en est pas un parce qu’il n’est pas strictement limité. Je ne sais pas trop quels termes pourrait-on associer à ce « concept », illusions, fantasmes ?
Par conséquent, parler d’individu raciste revient à parler d’individu irrationnel.
Mais je crois que nous sommes d’accord sur ce point, ce que je souhaiterais souligner est la chose suivante : L’on m’a enseigné au collège que l’extermination des juifs durant la seconde guerre mondiale avait pour objectif la purification d’un territoire soutenue par une thèse raciste, cette explication ne me suffisait pas car je n’en comprenais pas la logique. Aujourd’hui je pense que la seule volonté d’Hitler et de ses comparses étaient purement la création de morts et de souffrances, que les thèses racistes n’étaient qu’un prétexte. Je pense, sans aucune certitude, que le prisme par lequel il faut interpréter le fait raciste ou fait irrationnel est psychologique. Selon moi, Hitler a su cristalliser au travers sa propre volonté, la volonté de tuer, de torturer etc. de ceux qui le suivirent.
J’aimerais pour étayer ma théorie, vous raconter un événement durant lequel je me suis retrouvé. Dernièrement, j’ai témoigné lors d’un procès pour viol, en effet, ma meilleure amie s’étant faite abusé par son beau-père durant son enfance et m’ayant révélé les faits en premier, j’ai dû témoigné de ce qu’elle m’avait raconté. Bref, j’aimerais vous parler de cet homme qui malgré les témoignages divers et accablant a tout nié, du début jusqu’à la fin, les expert psychiatres parlèrent de psychorigidité, d’incapacité à discerner la souffrance de l’autre, de sentiment de toute-puissance pour contrer un vide existentiel extrêmement angoissant. Ces mots vous semblent peut-être étranger pour une affaire qui vous est étrangère, et je vous demande de bien vouloir croire en ce que je recueillis de logique : De cet homme, par ces experts analysant son histoire, fut révélé les causes et la réalité des actes qu’il niait.
J’aimerais mettre en parallèle l’individu raciste ou irrationnel et cet homme, les deux se refusent à toute logique et n’écoute que leur désir. Oui, le « raciste » désire passionnellement, un monde imaginaire et incapable d’en relever l’irrationalité, ils en refoulent les causes essentielles.
En conclusion, je pense que la réflexion met en évidence l’irrationalité, la psychologie pourrait en venir à bout.
Bonjour Enempto
Je pense que la réflexion, plutot que de se poser en rationnel/irrationnel, se situe sur le couple conscient/inconscient. Prendre conscience d'une certaine absurdité, prendre conscience de notre soumission aux stéréotypes, c'est ouvrir la porte de sortie. C'est ce que j'avais essayé de développer dans ce billet
Bonne journée
Dossier sur le racisme scientifique et réfutation de la notion de "races humaines".
http://www.rationalisme.org/french/sciences_racisme_scientifique.htm
Salutations
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