87 - Exemplarité et élites: quelle efficacité?
Mardi 2 janvier 2007
On met de plus en plus souvent en avant les «success stories» de personnes «visiblement minoritaires». On associe ces succès divers et variés a la fameuse discrimination positive prônée par le candidat Sarkozy. Je me suis très longtemps interrogé sur ce principe, et pense avoir enfin répondu a mes interrogations: je ne pense pas qu’une telle mesure représente une solution miraculeuse aux problèmes d’exclusions qui sont à l’origine des frustrations, du communautarisme, de la violence et de la déstructuration du modèle social dans les banlieues, ou plus généralement dans les communautés pointées du doigt.
En effet, les élites dont il est question sont avant tout des hommes et des femmes d’exception, dont le talent et l’intelligence sont naturels et innés. Quelles que soient les conditions, ceux-ci réussissent car ils portent en eux tous les atouts de leur succès. Mais comme leurs homologues talentueux blancs, ils sont une infime minorité. Quelque soit la communauté ethnique les élites n’ont jamais transformé la masse en élites. Dans les années 60, je ne pense pas que le phénomène des «blousons noirs» ait été endigué par l’exemplarité des énarques ou des polytechniciens de l’époque. Il en va de même aujourd’hui. Le problème, à mon sens, est ailleurs. Les jeunes arabes, noirs ou disons «visiblement exotiques» ne deviendront pas diplômés, ne trouveront pas automatiquement leur voie et le job en accordance parce qu’ils ont vu à la télévision une personne de leur couleur qui a la chance d’être surdouée.
Encore une fois, c’est le regard qu’ils se portent sur eux-mêmes qui sera leur meilleur moteur. Et, pour cette masse qui n’est pas naturellement surdouée mais tous simplement «dans la norme», ce regard est fortement dépendant de celui que les autres leur portent. Nous sommes ainsi de retour au thème qui m’est cher: comment changer les regards que nous nous portons les uns les autres? La réponse est dans la communication, dans les medias, bien plus que dans la législation. Mais cette communication se doit d’être politique et démocratique, comme toute initiative citoyenne dans ce pays.
Ceci étant dit, il va de soi que mettre en avant celles et ceux qui réussissent est positif. Mais il convient de ne pas croire que cette mise en avant est suffisante.
Et vous, qu'en pensez-vous?
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8 Comments:
Bonne Année, Titophe!
Et pour ce post, toujours de ma part la même façon de penser: changeons notre regard sur nous-mêmes pour le changer sur les autres! Enseignons à nos enfants à s'aimer, d'où qu'ils viennent, quelles que soient leurs origines! Qu'ils soient fiers d'être qui ils sont, tout simplement, et quel que soit le regard jeté sur eux!
:-)
Isabelle
J'avoue que j'ai du mal à suivre le fil de ta pensée. A mon avis, noir, blanc ou jaune, le talent ne suffit pas pour percer. Et à l'inverse, la TV nous délivre chaque jour des gens en haut de l'affiche qui n'ont aucun talent.
Ton post me fait dorcément penser à Harry Roselmack : est-il devenu présentateur du 20 heures grâce à son talent ou à sa couleur ?
Je suis d'accord avec toi, en tout cas, sur le fait que la mise en avant de telles réussites est un moteur pour les jeunes de minorités. Même si cela ne suffit pas. C'est néanmoins un bien plus beau modèle qu'un gagnant de la Star'Ac qui fait rêver bien des jeunes..............
Isabelle, Zebu, vous avez raison. Ce billet est completement raté. Je l'ai écrit à la va-vite le 2 au matin durant mon court trajet en TER et la précipitation en est la cause principale. Je vais le reprendre pour exprimer plus clairement ma pensée dès que j'en trouverai le temps. Je voulais simplement réagir à cette nouvelle mode qui consiste à mettre en avant quelques exceptions qui cachent bien des maux. A suivre... et merci pour votre sincérité!
Titophe,
Et si l'on regardait le demi-verre plein plutôt que le demi-verre vide?
Bien sûr, le chemin est long encore...et en même temps, l'arrivée dans les medias de personnes de toutes origines est pour moi le signe que les choses commencent à bouger. Encourageons plutôt ce mouvement.
Je ne sais pas si les medias anticipent le mouvement ou le suivent, mais dans le 1er cas, elles seraient donc moteur d'un changement, certes lent, des mentalités, dans l'autre elles signent le changement déjà en cours.
Il reste beaucoup à faire, évidemment, il serait illusoire de porter un regard exclusivement positif. L'évolution est un processus, elle prend du temps et, à mon sens, passe par l'éducation. De plus en plus d'enfants n'ont déjà plus le même regard que nos parents. Le demi-verre plein, Titophe?
à Zebu: est-ce vraiment important de le savoir? L'essentiel n'est-il pas qu'il ait été là?
:-) à tous deux,
Isabelle
Absolument Isabelle! C'est simplement que ce billet est si mal ecrit qu'il communique le contraire de ce que je voulais dire... A revoir, comme disait un de mes profs...
Salut,
Tout à fait d'accord.
J'ai moi aussi rendu hommage à Samy Naceri : http://albator.hautetfort.com/archive/2007/01/04/encore.html
Bisous.
Al
espérons qu'avec Ségolène Princière on aura une France encore plus colorée, multiple et riche
L'ouverture c'est la richesse
Bien entendu, El Greco, notre diversité est encore si peu mise en valeur que peu ont conscience de l'incroyable potentiel qu'elle offre! Mais celle-ci n'est réellement une richesse que lorsqu'elle s'exerce dans un contexte multiple, c'est à dire au sein de groupes formés de toutes les composantes de notre société. Les exemples mis en avants ne sont pas vraiment (tous) dans cette catégorie, ils sont plutot des exemples communautaires d'exception. C'est ce qui me dérange.
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