Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

Le coin des compteurs
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20 juillet 2007

Bonnes vacances!

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Vendredi 20 juillet 2007

Je pars ce soir en congés annuels et ne serai certainement pas présent sur la toile dans les semaines qui viennent. Je souhaite de bonnes vacances à tous ceux qui auront, comme nous, la chance de pouvoir changer d'air quelques jours. Je pense bien entendu à tous les autres et souhaite qu'ils puissent se reposer eux aussi.



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17 juillet 2007

119 - Sarkozy ou le triomphe d’une histoire apologétique de la colonisation

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Mardi 17 juillet 2007

Olivier Le Cour Grandmaison m'a contacté ce matin pour me fournir le texte suivant qui est également paru dans le journal "l'Humanité" du vendredi 11 mai 2007 et dans le journal algérien El Watan daté du 11 et 12 mai 2007. M'ayant fait savoir qu'il ne voyait pas d'objection à ce que cet article soit publié sur cet espace, j'ai décidé de le partager avec les passants de la blogosphère s'arrêtant ici.

Sarkozy ou le triomphe d’une histoire apologétique de la colonisation

Par
Olivier Le Cour Grandmaison
mercredi 9 mai 2007
www.mouvement-egalite.org

Enseignant à l’Université d’Evry-Val-d’Essonne, Olivier Le Cour Grandmaison est l’auteur de « Coloniser. Exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial » (Fayard, 2005).

« Le rêve européen a besoin du rêve méditerranée. Il s’est rétréci quand s’est brisé le rêve qui jeta jadis les chevaliers de toute l’Europe sur les routes de l’Orient, le rêve qui attira vers le sud tant d’empereurs du Saint Empire et tant de rois de France, le rêve qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation. »
Après cette énumération supposée rendre compte d’une glorieuse tradition incarnée par la France depuis des siècles et inlassablement défendue par tous ceux qui furent soucieux de défendre son rayonnement, le même ajoute : « Faire une politique de civilisation comme le voulaient les philosophes des Lumières, comme essayaient de le faire les Républicains du temps de Jules Ferry. Faire une politique de civilisation pour répondre à la crise d’identité, à la crise morale, au désarroi face à la mondialisation. Faire une politique de civilisation, voilà à quoi nous incite la Méditerranée où tout fût toujours grand, les passions aussi bien que les crimes, où ne rien fut jamais médiocre, où même les Républiques marchandes brillèrent dans le ciel de l’art et de la pensée, où le génie humain s’éleva si haut qu’il est impossible de se résigner à croire que la source en est définitivement tarie. La source n’est pas tarie. Il suffit d’unir nos forces et tout recommencera. »
Quel est auteur de ces lignes qui se veulent inspirées alors qu’elles ne font que reprendre la plus commune des vulgates destinée à légitimer les « aventures » coloniales de la France ? Un ministre des Colonies de la Troisième République ? Un membre de la défunte Académie des « sciences coloniales » ? Un nostalgique de l’Algérie française qui les aurait rédigées pour prononcer un discours destiné à célébrer cette période réputée faste où la France commandait à 70 millions « d’indigènes » répartis sur 13 millions de kilomètres carrés ?

Non, l’auteur de cette prose, aussi mythologique qu’apologétique de la colonisation, n’est autre que Nicolas Sarkozy qui a prononcé ces fortes paroles en tant que ministre-candidat lors d’un meeting à Toulon le 7 février 2007.

Singulièrement passée sous silence par la plupart des médias et des autres dirigeant(e)s politiques engagés dans les élections présidentielles, cette intervention confirme que la réhabilitation du passé colonial de la France n’est pas une embardée conjoncturelle de l’actuelle majorité et de son principal représentant. Au contraire, cette réhabilitation, sans précédent depuis la fin de la guerre d’Algérie, s’inscrit dans un projet politique cohérent, systématique et crânement assumé par le candidat de l’UMP désormais chef de l’Etat français.
Pour des motifs partisans, et pour défendre ce que ce dernier croit être l’honneur de la France et de ses citoyens, il se fait donc porte-parole d’une histoire officielle, mensongère et révisionniste des causes qui ont conduit à la construction de l’empire français, érigé par de nombreuses guerres de conquête, puis dirigé par des institutions coloniales racistes et discriminatoires. En témoigne, notamment, le statut des « indigènes », considérés alors non comme des citoyens libres et égaux mais comme des « sujets français » privés des droits et libertés démocratiques élémentaires et soumis, qui plus est, à des dispositions répressives - le Code de l’indigénat, entre autres, - qui ne pesaient que sur eux.

Sous le prétexte fallacieux de lutter contre on ne sait quelle « pensée unique » et désir de « repentance », lesquels n’existent que dans l’esprit de Sarkozy et de ceux qui ont forgé ces pseudo-concepts grossiers, sur le plan intellectuel s’entend, pour mieux faire croire à leur propre courage et originalité, on assiste donc à une instrumentalisation spectaculaire du passé colonial de la France. Manipuler cette histoire par la surexposition de certains de ses aspects « positifs » supposés - la colonisation au nom de la civilisation par exemple -, par l’euphémisation ou la sous-estimation des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis au cours de cette longue période de l’empire colonial, et par l’occultation enfin de l’oppression et de l’exploitation imposées à ceux qu’on appelait alors avec mépris « les indigènes », tels sont les ressorts principaux de cette opération.

Moderne et audacieux Sarkozy ? De tels discours nous ramènent au plus convenu de la doxa officielle forgée sous la Troisième République. Quel est l’adjectif qualificatif adéquat à cette opération qui repose sur un mépris souverain de l’histoire et des innombrables victimes des guerres et des répressions coloniales ? Réactionnaire, assurément.

Jamais depuis des décennies, un candidat soutenu par le plus important parti de la droite parlementaire ne s’était engagé dans cette voie. Stupéfiante involution. Elle témoigne d’une radicalisation significative des discours élaborés sur ces questions par l’UMP et son représentant en même temps qu’elle légitime et banalise des thèmes qui n’étaient jusque-là défendus que par l’extrême-droite et quelques associations de nostalgiques de la période coloniale. Pour les amateurs d’exception française, en voilà une remarquable mais sinistre car la France est le seul Etat démocratique et la seule ancienne puissance impériale européenne où l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle ose tenir de pareils propos. A quoi s’ajoute le fait que ce pays est également le seul où une loi - celle du 23 février 2005 -, toujours en vigueur en dépit du tour de passe-passe politico-juridique du Président de la République, sanctionne une interprétation officielle de ce passé colonial. « La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. » Telle est, en effet, la première phrase de l’Article 1 de ce texte voté par l’UMP et l’UDF au terme de débats où Rudy Salles, le très officiel porte-parole de cette dernière formation politique à l’Assemblée nationale, a joué un rôle particulièrement actif. Qu’en pense François Bayrou lui qui prétend dépasser le clivage gauche/droite et incarner une autre façon de faire de la politique ? Il n’est pas besoin d’être un brillant philologue pour comprendre que le terme œuvre, employé dans ce contexte, emporte une appréciation évidemment positive de la période considérée.

Face à cette offensive politique, engagée depuis longtemps par les diverses composantes de la droite parlementaire, notamment, et son principal représentant que comptent faire les dirigeants de la gauche parlementaire et radicale ? Ils doivent le faire savoir au plus vite.

Olivier Le Cour Grandmaison





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08 juillet 2007

118 - La repentance est-elle utile?

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Dimanche 8 juillet 2007

Mercredi dernier, 4 juillet 2007, je suis tombé par hasard sur une émission de France Inter: "ça vous dérange". Le thème du jour: "La repentance est-elle utile?". Inutile de préciser l'intérêt sucité chez moi par ce débat entre deux invités que tout oppose:

Olivier LE COUR GRANDMAISON
Maître de conférences en sciences politiques à l'Université d'Evry-Val-d'Essonne.
Coloniser, exterminer
éditeur : Editions Fayard
parution : Janvier 2005


Daniel LEFEUVRE
Professeur d'Histoire contemporaine à Paris 8
Pour en finir avec la repentance coloniale
éditeur : Flammarion
parution : Septembre 2006


J'avoue être resté sur ma faim, car le thème du racisme n'a été que survolé, le sieur LEFEUVRE faisant tout pour couper son interlocuteur ou dévier la discussion dès que celle-ci franchit le seuil des limites qu'il semble s'être fixées. On sent très bien le poids du tabou, la peur qui conduit ce dernier à ne pas laisser s'exprimer son interlocuteur, pourtant lui très respectueux de la parole de l'autre. Le débat dure environ 1 heure, et je crains que peu de visiteurs n'aient la patience de suivre celui-ci. Mais j'ai choisi néanmoins de le partager. Ceci m'a pris du temps, ne serait-ce que parce que j'ai du au préalable l'enregistrer pour m'assurer qu'il restera bien disponible dans la durée. Il vous suffit de cliquer sur la flèche de lecture ci-dessous, en sachant que certains utilisateurs d'Internet Explorer devront cliquer deux fois. Je vous souhaite une bonne écoute et serai très intéressé de connaitre les impressions de celles et ceux qui auront eu le temps et la patience de ré-écouter cette émission.





PS: Si le message "Error opening file" apparait, cliquez ICI


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