Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

Le coin des compteurs
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31 mars 2006

36 - Se connaître ou se reconnaitre?

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Vendredi 31 Mars 2006



A plusieurs reprises, j’ai considéré que se connaître, se découvrir, est la façon la plus sure de mettre fin aux préjugés racistes. Encore faudrait-il définir un peu mieux ce que l’on entend par «se connaître». Je tiens à préciser que j’ai délibérément choisi de parler de jugement de l’autre dans le contexte de ce billet. Je pense ainsi que le racisme n’est rien d’autre qu’une forme de jugement biaisé par des préjugés. Aussi, même si certains pensent que l’on peut exister sans avoir à juger les autres, c’est qu’ils sont déjà dans une démarche personnelle qui relègue le racisme aux oubliettes, et donc sont peu concernés par la suite.

« Se connaître » Cette expression est utilisée fréquemment pour designer des situations sensiblement différentes.



  • On peut en effet « connaître de vue » ou « vaguement connaître » quelqu’un. Dans ce cas, la connaissance que l’on a de la personne est extrêmement superficielle. On connaît son nom, éventuellement ses traits ou son activité, mais cela s’arrête là. Souvent d’ailleurs la connaissance est-elle unilatérale, c'est-à-dire que la personne en question ne nous connaît pas. On peut par exemple illustrer ce type de connaissance par celui que l’on a de personnes vues ou entendues sur des medias (télévision, radio, journaux, Internet). Rien dans cette pseudo-connaissance ne permet de dissiper le malentendu du préjugé car aucun échange n’a permis un quelconque rapprochement. Tout jugement de l’individu relèvera dans ce cas uniquement du préjugé, si tant est qu’il y a jugement.



  • On peut ensuite « assez bien connaître » une personne. Cela signifie souvent qu’une communication a eu lieu, mais qu’elle s’est limitée à des sujets très ciblés qui ne permettent finalement pas de connaître la personne elle-même, mais plutôt d’approfondir la connaissance du sujet en question. La personne « connue » n’ayant eu que le rôle de vecteur d’une information étrangère à sa nature même en tant qu’individu. Le jugement de l’individu sera dans ce cas limité à l’expérience vécue lors de cet échange et ne relèvera pas de sa valeur intrinsèque. Nous sommes ici dans le cas de relations de type professionnelles ou épisodiques (parents qui discutent en attendant leurs enfants, amis d’amis, etc…). Encore une fois, rien dans cette relation ne permet de juger objectivement cet autre qui, s’il est « différent », sera souvent affublé des préjugés courants liés à cette différence.



  • Et finalement, on « connaît très bien » un nombre plus réduit d’individus avec lesquels on a tissé une relation étroite. Il s’agit souvent ici d’amis ou de personnes proches que l’on voit non pas pour ce qu’ils paraissent être, mais pour ce qu’ils sont vraiment. Je me demande même si l’on ne se reconnaît pas en eux, ce qui facilite bien entendu un regard plus ouvert. Seule ce type de connaissance de l’autre peut amener à s’affranchir de la pollution des préjugés. Dans ce contexte, j’ai observé que l’on oublie inconsciemment les apparences et que le regard que l’on a de l’autre est en quelque sorte bien plus intrusif, que l’on réussit presque a percer son armure. Bien que réalisant la longueur de ce billet, je ne résiste pas a narrer une petite anecdote assez révélatrice : Il y a bien longtemps, nous nous trouvions, mon épouse et moi, dans une grande surface de vêtements. Nous étant séparés un instant, je la recherchais entre les étalages lorsque je fus abordé par une vendeuse qui me demanda gentiment si elle pouvait m’aider. Lui ayant dit que je ne faisais que chercher ma femme, elle m’a proposé son aide en me demandant « comment était cette dame ». Je me suis mis à scruter ma mémoire pour lui décrire son habillement, sa taille, sa coiffure etc… sans penser un instant qu’il était bien plus simple de lui dire qu’elle était noire ! C’est quand finalement nous l’avons trouvée que ma femme m’a suggéré ce raccourci ma foi bien pratique ! Cette anecdote qui peut faire sourire illustre bien le regard épuré par la connaissance de l’autre ou les différences ne sont que les leurres. Bien entendu, lorsqu’il s’agit d’un couple, d’autres facteurs peuvent dénaturer la démonstration.



  • Pour terminer, je citerai une autre anecdote que je trouve aussi révélatrice du changement que la connaissance peut engendrer dans le regard que l’on a les uns des autres. Il y a quelques années, nous nous sommes installés dans une toute petite commune rurale ou la couleur de mes femmes était une nouveauté. L’accueil général a été plutôt excellent, mais quelques uns ont toutefois montré une certaine réserve, si ce n’est une réserve certaine. Ce fut le cas pour une de nos proches voisines qui nous battit froid, nous regarda de loin et trouva une multitude d’excuses pour refuser nos invitations a répétition jusqu'à ce que nous nous lassions. Le hasard fit que nous eûmes des amis communs, nous amenant à nous rencontrer de façon indirecte lors d’une belle bringue comme nous en faisons (peut-être un peu trop) souvent dans notre quartier. Cette voisine découvrit finalement en ma femme une personne très au fait des coutumes locales, très a l’aise dans une ambiance relâchée et pleine d’humour (voir mon billet sur le sujet), et finalement très proche d’elle ! Elles sont depuis devenues les meilleures des amies et représentent un peu le cœur de notre lieu-dit dans lequel elles ont remis de la vie et de la joie. Tout cela grâce au fait de s’être réellement connues, d'avoir chacune reconnu en l'autre une part non négligeable d'elle-même. Nous rions souvent lorsque notre voisine parle des gens qui vont et viennent au grée des mouvements de notre petite population, en souhaitant que ce ne soient pas des étrangers qui les remplacent, sans plus jamais prendre mon épouse pour l’une d’entre eux…

    Bon, j’en termine avec ce long billet un peu laborieux mais qui me tenait a cœur, car c’est un des premiers dans lequel je passe du simple constat a plus d’optimisme car des solutions existent !




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    23 mars 2006

    35 - Ignorance

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    Jeudi 23 mars 2006

    Quel est le rôle de l’ignorance dans le racisme ? Y a t il un lien entre ignorance et préjugé ?

    L’homme déteste l’incertitude qui naît de la prise de conscience d’une certaine forme d’ignorance. Alors, pour combler ce manque, il se bâtit des préjugés qui forment un rempart face au doute.
    Plus on étudie, plus on prend conscience de son ignorance. J’ai souvent remarqué qu’en apprenant, on perd beaucoup plus de savoir qu’on n’en acquiert. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement, on prend conscience que ce que l’on croyait savoir n’était qu’une illusion. Le fait d’apprendre quelque chose de nouveau révèle soudain l’aspect illusoire du savoir préconçu.

    Pourquoi n’en serait-il pas de même dans le domaine des préjugés ? En ayant une vision préconçue du monde, en le considérant comme morcelé en fonction de tel ou tel critère sensé nous classifier, nous les êtres humains, ne sommes-nous pas dans le domaine de l’illusion ? Finalement, quel phénomène révélateur pourrait amener une prise de conscience ?

    J’ai entendu il y a peu qu’une étude montre qu’un tiers des Français se considèrent comme racistes. Le phénomène en question, quel qu’il soit, doit être dans le domaine de la communication de masse !

    Finalement, le pire n’est pas l’ignorance, c’est l’ignorance de notre propre ignorance.

    Et si l'humilité devenait le meilleur rempart contre le racisme?

    Denis Diderot: "On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés" (*)


    (*) Encore une fois, pioché dans les ressources inépuisables de Zebu


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    17 mars 2006

    34 - Persévérance

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    Vendredi 17 mars 2006

    Je dois être honnête: J'ai très peu de temps à consacrer à ce blog en ce moment. Aussi vais-je plagier notre amie Zebu que je salue au passage.

    Brecht a dit:

    Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu

    Je trouve qu'il s'agit ici d'un message d'espoir pour toutes celles et tous ceux qui seraient tentés de baisser les bras.






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    08 mars 2006

    33 - Racisme et Sexisme, même combat?

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    Mercredi 8 mars 2006

    C'est aujourd'hui la journée de la femme. Bien que pas très partisant de ce genre d'évènement, je voulais juste faire un petit geste en posant cette réflexion:

    Quels sont les mécanismes communs au sexisme et au racisme? Quels sont les points qui les différencient?

    ... à méditer. J'avoue être intéressé de connaitre votre opinion.


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    PS: Gladys detient un record, à vous de relever le defi!

    06 mars 2006

    32 - Colère!

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    J'ai trouvé aujourd'hui cet article sur le blog de mon ami Jean-Jacques.

    «On m'a battu, violenté et insulté pour rien, juste parce que je suis noir»

    En transit à l'aéroport de Madrid après un vol en provenance de Dakar, Magatte Mbengue, journaliste français de 37 ans, a été violemment frappé fin novembre par la police espagnole sans explication • Témoignage •
    La suite ici

    Le fait date de quelques mois, mais il ne m'est connu que depuis ce jour... Outre la colère qui m'envahit, je ne cache pas mon inquiétude, père d'une adolescente exposée chaque jour a une telle barbarie potentielle. Pourquoi une telle affaire a-t-elle fait si peu de bruit?


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    PS: Gladys detient un record, à vous de relever le defi!