Racisme et Histoire: Le Tabou

La société Francaise souffre d'amnésie. Elle se refuse à reconnaitre les périodes peu glorieuses de son histoire durant lesquelles l'esclavagisme et le colonialisme ont été justifiés par un racisme institutionnel. Ces périodes sont révolues, mais mal assumées, formant ainsi un bon terreau pour permettre au racisme institué à l'époque de survivre sous d'autres formes.

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Marié a une femme noire depuis bientot 20 ans, père d'enfants metis, je suis de plus en plus inquiet face aux non-dits de notre société occidentale. Admettre et reconnaitre notre histoire dans ses composantes les moins glorieuses serait enfin admettre qu'etre Francais, ce n'est plus seulement etre un descendant des gaulois. Nous pourrions rendre leur dignité a celles et ceux qui se sentent exclus.

Le coin des compteurs
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26 février 2006

31 - Complexes et susceptibilité

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Dimanche 26 Février 2006

Le sujet est délicat. Je crains que mon propos d’aujourd’hui soit mal interprété et se retourne contre moi en me prêtant des pensées qui ne sont pas les miennes.
Pourtant je prends ce risque car mon objectif reste inchangé, je souhaite décortiquer le racisme, ses causes et ses manifestations pour permettre de mieux le combattre. Il est parfois nécessaire de déranger les consciences, et j’aimerais pour cela avoir le talent de certains blogueurs pour le faire avec le plus de tact possible.

L’hégémonie occidentale s’est développée au cours du temps en s’accompagnant d’un complexe de supériorité. C’est la base principale du racisme qui résiste toujours a l’usure du temps dans l’esprit de nombre de nos contemporains. Malheureusement, ce complexe est accompagné par son corollaire, un complexe d’infériorité de certaines personnes conditionnées par des siècles d’aliénation. Celui-ci est avant tout le carburant du fatalisme, frein terrible a l’évolution positive des peuples laissés pour compte.
Une anecdote parmi d’autres : J’ai connu en Afrique des personnes noires qui souhaitaient se faire soigner par un médecin blanc car elles ne faisaient pas confiance au médecin noir, tout aussi compétent, qui devait normalement les prendre en charge. Il s’agit bien entendu d’une vision très négative de leur propre image que ces individus projettent sur le malheureux médecin. Une telle anecdote est du pain béni pour les racistes en tout genre qui ne ratent pas une occasion de détourner certains faits afin de rajouter une pierre à leur édifice pitoyable.

Cette mésestime de soi de certains s’avère insupportable à d’autres, à juste titre. Aussi, pour compenser, se développe un sentiment de fierté. Je regrette l’inefficacité de celui-ci, et même sa malignité. Encore une fois, cette fierté se retourne contre ceux qui la ressentent, car elle alimente trop souvent une certaine mauvaise foi et un certain aveuglement, occulte le sentiment critique et ne permet pas de voir la réalité avec recul. J’opposerais ici la fierté à la dignité, la seconde se nourrissant de l’estime de soi.

C’est une forme aussi de victimisation parfois justifiée, parfois déplacée. Se développe ainsi une susceptibilité à fleur de peau qui n’admet plus aucune critique et surtout n’autorise plus l’autocritique. Au nom des souffrances du passé, parfaitement inexcusables et qui doivent, encore une fois, être reconnues et réintégrer leur place légitime dans l’histoire de l’humanité, on ne peut pourtant pas considérer ce passé comme la seule cause du mal qui ronge les quatre cinquièmes de notre planète. En d’autres termes, tout n’est pas toujours de la faute des autres. Toutes les critiques ne sont pas forcément des actes racistes parce que ceux à qui elles s’adressent ne sont pas blancs de peau. Certaines peuvent même s’avérer utiles, à condition de les prendre pour ce qu’elles sont sans chercher de sous-entendus.

Afin d’éviter de froisser cette susceptibilité, une forme d’auto censure frisant l’hypocrisie empêche trop souvent une spontanéité dans la communication, ce qui ne fait que renforcer le communautarisme. Pour dépasser et vaincre le racisme qui ronge nos sociétés, il faudrait pourtant pouvoir vivre, travailler, rire ensemble sans devoir constamment surveiller son propos en fonction de l’identité ethnique de chacun.

Parler d’une personne noire, quand on est blanc, et le trouver con ou moche ne signifie pas automatiquement que l’on attribue cette faiblesse à sa couleur. On peut aussi par la critique reconnaître le caractère universel de la connerie, faculté qui rapproche pourtant tellement les hommes qui la partagent très équitablement…




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PS: Je compte sur vous, la liste n'est pas terminée!

17 février 2006

30 - Les oubliés de l'histoire (à vous de jouer)

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Vendredi 17 Février 2006


Billet un peu spécial aujourd'hui, inspiré par un échange avec mon ami Eugene dont le blog manque singulièrement de visiteurs.

L'idée de départ est que certains préjugés racistes dans l'esprit des "honnêtes gens" sont partiellement dus à la croyance que seules les populations occidentales (donc blanches) ont contribué à l'évolution de notre société vers plus de modernité. Cette croyance est largement partagée car notre histoire ne mentionne que très rarement les hommes et les femmes d'autres origines ethniques qui pourtant ont aussi brillé et marqué l'histoire de l'humanité dans la politique, les sciences, la littérature, l'humanisme, les arts, etc...

Ainsi, ce billet est destiné à évoluer au gré de vos commentaires afin de donner de façon structurée des pointeurs vers des sites sortant ces personnages de l'anonymat. Je commence aujourd'hui avec un premier personnage déterré par Eugène. J'espère que la liste s'allongera au cours du temps, je compte sur vous.

Personnages illustres


XIe siècle
- Avicenne (Ibn Sina) (980-1037)
XIIe siècle
- Averroès (1126-1198)

XIVe siècle
- Ibn Khaldoun (1331-1406) [2]
XVIe siècle
- Takiyuddin

XVIIe siècle
- Evliya Tchelebi (1611 1682)

XVIIIe siêcle
- Abraham Hanibal(1696-1781)
- Benjamin Banneker (1731-1806) [2] Merci Gladys!
- Toussaint Louverture (1743-1803) [2]
- Salem Poor (vers 1850-?) Merci Gladys!
- Louis Delgrès(1766-1802)[2]
- La Mulâtresse Solitude (1772-1802)

XIXe siècle
- Jim Beckwourth (1798-1866) Merci Gladys!
- Dred Scott (1799-1858) [2 3] Merci Gladys!
- Alexandre Dumas (1802-1870) [2 3]
- Frederick Douglass (1818-1895) [2 3] Merci Gladys!
- Harriet Tubman (1819/20-1913) [2] Merci Gladys!
- Mary Ann Shadd (1823-1893) [2] Merci Gladys!
- Booker T. Washington (1856-1915) [2] Merci Gladys!
- Ida B. Wells (1862-1931) [2] Merci Gladys!
- Madam CJ Walker (1867-1919) Merci Gladys!

XXe siècle
- Matthew Henson (1886-1965) [2 3 4] Merci Gladys!
- George Washington Carver (1866-1943)[2] Merci Gladys!
- Félix EBOUE(1884-1944), l'inconnu du Panthéon [2]
- Léopold Sédar Senghor (1906-2001)[2]
- Rosa Lee Parks (1913-2005) [2 3] Merci Gladys!
- Aimé Césaire (1913-)
- Nelson Mandela (1918-) [2]
- Jacques-Stephen Alexis (1922 - disparu) Merci Gladys!
- Patrice Lumumba (1925-1961) [2]
- Franz Fanon (1925-1961) Quel hasard! Mêmes dates que Patrice Lumumba!
- Édouard Glissant (1928-)
- Cheikh Hamidou Kane (1928-) Merci Gladys!
- Martin Luther King (1929-1968)
- Pierre Rabhi (1933-)
- Le Dalaï Lama (1935-) [2]
- Maryse Condé (1937-) [2]
- Angela Davis (1944-) [2 3]
- Aung San Suu Kyi (1945-)
- Patrick Chamoiseau (1953-)
- Dany Laferrière (1953-)
- Philipp Emeagwalli (1954-) (Merci à Stef!)
- Rigoberta Menchú Tum (1959-)

Sites traitant du même sujet


- Inventeurs et savants noirs : un sujet tabou!
- Liste d’inventions réalisées par des Noirs
- Les inventeurs noirs américains (Merci à Isabelle)
- île en île (Merci Gladys)


Au fur et à mesure de l'allongement de cette liste, j'essayerai de structurer par ordre chronologique. Bref, c'est loin d'être figé.

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10 février 2006

29 - La diversité, c’est quoi?

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Vendredi 10 Février 2006

«La diversité est une richesse», «notre société doit être fière de sa diversité», sont des phrases maintes et maintes fois prononcées par nos tribuns dès qu’ils sont en face d’un micro ou d’une camera de télévision.

Bien que je souscrive entièrement à ce type de déclarations, je pense que sans autre développement, elles restent vides de sens car non perçues comme il se doit par ceux qui les écoutent. Ce ne sont que des paroles sans lendemain. Aussi est-ce aux citoyens que nous sommes de les retenir afin d’alimenter notre propre réflexion.

Il me parait essentiel de préciser le contexte dans lequel le mot diversité est utilisé. Il désigne ici la multiplicité des origines géographiques, ethniques et culturelles des populations qui composent notre société. Pourquoi ce facteur serait-il une richesse? Bien de nos concitoyens le considèrent plutôt comme un mal de notre société, qui ferait peu à peu disparaître nos racines gauloises.

Regardons maintenant le point de vue plus pragmatique de ceux qui créent de la richesse économique, les dirigeants et plus généralement le management de nos grandes entreprises occidentales. Toutes ces multinationales ont en interne un «programme de diversité» dont l’objectif est de s’assurer que chaque groupe, chaque équipe est suffisamment équilibré en ce qui concerne le sexe et les origines de ses membres. Pourquoi? Mais tout simplement pour maximiser la profitabilité de ces équipes. Ne nous leurrons pas, le philanthropisme et l’humanisme patronal a ses limites, et elles sont vite atteintes. S’ils considèrent comme stratégique cette diversité, s’ils investissent pour l’avoir, c’est qu’ils en attendent un retour sonnant et trébuchant. Et ils l’obtiennent.

Ainsi, si cette diversité semble effectivement être d’un certain intérêt, nous ne savons toujours pas pourquoi.

Considérons maintenant la réalité du monde qui nous entoure. Regarder ce monde, l’interpréter et se faire sa propre compréhension ne le change pas pour autant. Par contre, dès que l’on veut agir, construire, s’élever, changer ce monde justement, il est essentiel d’en avoir la plus complète perception. Il se trouve que nos spécificités d’origine, avec l’armure qui les accompagne, sont souvent un masque qui ne nous permet de percevoir qu’une partie de cette réalité. Nos préjugés nous amènent à négliger ce que nous considérons aller de soi, à finalement «rater» des opportunités parce que nous ne les voyons pas. C’est là que la diversité nous apporte toute sa richesse. En effet, selon nos origines nous portons en nous des armures différentes qui parfois deviennent complémentaires et qui réunies élargissent considérablement notre champs de vision.

Les grands patrons l’ont bien compris, et cette prise de conscience doit s’élargir a tous, afin que nous comprenions que nous ne serons jamais plus forts qu’ensemble et surtout multiples. Rejeter les autres, leur culture, leurs origines, c’est se priver effectivement d’une richesse considérable, qui n’est accessible à aucun séparément. La diversité est ainsi non seulement une richesse, mais surtout le bien de chacun. Elle doit être préservée comme le reste des richesses de la terre. Elle nous est essentielle et certainement nécessaire pour éviter une uniformisation qui nous amènerait inévitablement vers un déclin.

En conclusion, la mondialisation sera une opportunité pour l’humanité si nous avons la sagesse de ne jamais en faire une uniformisation. Les flux migratoires qui l’accompagnent, s’ils résultent en une «intégration» pure et simple ou seuls persistent la culture et la sensibilité des peuples hôtes, seront un gâchis inestimable car ils annuleront tout simplement la diversité qui pourrait naître de ces flux.

Finalement, le métissage est certainement l’assurance de conserver cette diversité car c’est la mise en commun de deux regards, de deux angles de perception.

Pour résumer et faire une parabole un peu osée, je dirai que :
Intégration simple revient à dire: 1 + 1 = 1
Intégration et prise en compte de la diversité nouvelle revient à dire: 1 + 1 = 2+ (et même plus)



Comprenne qui voudra…

Titophe

Autre billet sur le sujet: Les reliefs de la diversité


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08 février 2006

28 - Kirikou voyage (humour)

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Mercredi 8 Février 2006

Un peu d'humour aujourd'hui.
AFP: Kirikou s'est échappé d'une salle de projection ce matin, profitant de l'inattention des spectateurs. Heureusement, Karaba a pu joindre Sarko au téléphone pour qu'il lui prête ses fétiches...

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03 février 2006

27 - Les dessins sataniques

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Vendredi 3 Février 2006

Cette semaine, un journal danois a publié des caricatures de Mahomet, le prophète des musulmans. Au nom de la liberté d’expression, d’autres journaux européens ont repris ces dessins en solidarité avec leurs confrères scandinaves. La réaction du monde musulman, parfaitement prévisible, ne s’est pas fait attendre. Manifestations, menaces de mort, condamnations, etc… ont alimenté les images d’actualité de ces derniers jours.

Qu’en penser? Il me parait essentiel de prendre un peu de recul face à une certaine pensé unique.

Mes parents sont un couple “mixte” eux aussi, dans le sens ou mon père est catholique pratiquant et ma mère athée convaincue. Ils sont mariés depuis 45 ans bientôt et jamais leur amour n’a eu à souffrir de leurs convictions divergentes. Ils ont fait de moi un athée pratiquant…
Une des règles à la maison, surtout lorsque la fougue de la jeunesse aidant, je défendais mes certitudes avec trop d’ardeur, était de couper court aux éclats de voix avec la fameuse formule : ”La liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres”


Ainsi, bien que viscéralement athée, en parfaite harmonie de pensé avec toute expression anti-religieuse, je suis encore plus attaché à la paix, à la concorde entre les peuples et au respect de chacun.
Bien entendu, ma soif de liberté voudrait que j’adhère à toute manifestation de celle-ci, surtout quand elle concerne l’expression publique. Mais si j’écris ce billet, c’est avant tout parce que je considère qu’il y a un lien entre ce sujet et celui qui fonde ce blog.

Hier, j’ai fait la publicité d’une émission d’Arte qui traitait de la colonisation. Plusieurs intervenants ont analysé le lien entre la colonisation d’hier et le sous-développement d’aujourd’hui. Prenant l’exemple de l’Algérie, ils ont en effet expliqué qu’en 1830, le peuple d’Abdel Kader était au moins aussi évolué que celui de France, sinon plus. La guerre de colonisation a provoqué un arrêt brutal de tout développement de cette société puis, la présence française a entrainé un recul sous forme de replis communautaire et de retour aux traditions religieuses les plus ancestrales. Ainsi, en 1962 l’Algérie s’est-elle retrouvée à un niveau de développement, de culture, d’implication dans les progrès de l’humanité, inférieurs a ceux qu’elle avait en 1830.

La société occidentale serait donc en partie à l’origine d’un certain “retard” de la société orientale dans la maturité de son opinion publique à accepter la critique. On m’a souvent dit “dans le malheur, de nombreux athées se tournent vers Dieu pour obtenir un réconfort”.
Ainsi, on peut regarder les événements de ces derniers jours sous un autre angle. On a une société occidentale ayant atteint à ce jour une liberté d’expression indiscutable et qui reproche à une autre partie de l’humanité son “archaïsme” dans ce domaine, sans considérer un seul instant que cet archaïsme est le résultat de deux siècles d’aliénation coloniale.

D’autre part, ma culture professionnelle m’amène à souvent raisonner en terme d’objectifs. La question que je me pose est “quel est l’objectif de ces publications?”. S’il s’agit de convaincre l’orient des bienfaits de la liberté d’expression, la manière mérite d’être revue. Je pense plutôt qu’il s’agit-la d’une provocation sans objectif réel. Celle-ci est perçue comme une humiliation de plus. En effet, de la même manière que la naïveté américaine ne peut pas imposer la démocratie par la force, l’arrogance occidentale ne peut pas changer des mentalités qu’elle a largement contribué à aliéner.

En conclusion, ces dessins sont plus l’expression d’un manque de recul sur nous même et sur notre histoire que celle d’une réelle volonté de défendre la liberté d’expression. Cette liberté, nous l’avons déjà. Elle sera celle des autres sociétés lorsque celles-ci seront prêtes à l’exercer et surtout lorsque nos regards mutuels seront enfin basés sur le respect.



PS: Je recommande la lecture d'une autre vision de ce problème qui considère les choses sous un autre angle.


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02 février 2006

26 - Les trois couleurs de l'empire

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Jeudi 2 Février 2006

Hier mercredi la chaine Arte a diffusé un reportage remarquable sur le thème de la colonisation francaise. Je recommande fortement à ceux qui ont raté ce programme d'enregistrer la rediffusion du 4 Février prochain. Le lien de cause à effet entre le racisme d'aujourd'hui et l'occultation de cette période de l'histoire y est notament analysé avec une très grande finesse. On notera le parallèle cité entre la colonisation de territoires lointains et la répétition des mêmes mécanismes dans les banlieues. Tous les détails ci-dessous:

mercredi, 1 février 2006 à 20:40
Rediffusions :

04.02.2006 à 15:05

LES TROIS COULEURS DE L'EMPIRE
(France, 2001, 70mn)
ARTE F
Réalisateur: Jean-Claude Guidicelli


Colonisée au nom de valeurs humanistes et républicaines, l'Algérie symbolisa pendant deux siècles l'utopie coloniale française. Ce documentaire rythmé et richement documenté retrace les étapes d'une "idée coloniale" qui marque encore le présent.

Sûre de sa mission civilisatrice et désireuse de construire un empire puissant, susceptible de rivaliser avec celui des Anglais, la France entreprend dès 1830 de conquérir l'Algérie. Les soldats, les ingénieurs puis les colons agriculteurs s'emparent du territoire. Massacres des opposants, expropriation des indigènes, entreprise de "désislamisation", installation d'industries et constructions de voies de communication : tout est légitimé par une certaine idée du progrès et par la nécessité d'une "Algérie française". Sous l'égide de l'Agence générale des colonies, créée en 1919, la colonisation est aussi affaire d'image et de propagande. Malgré les voix discordantes, la politique coloniale s'affiche républicaine et humaniste. Elle atteint son apogée lors de l'exposition coloniale de 1931. Défendant l'idée d'une hiérarchie entre les "races", les tenants de l'empire vont bientôt devoir affronter les soulèvements de ceux qu'ils ont "éduqués" pendant un peu plus d'un siècle.

LES PETITS PLUS

L'utopie coloniale

Les trois couleurs de l'empire retrace les différentes étapes de l'idée coloniale en décortiquant les images de propagande, les récits et les discours de ceux qui ont participé à cette longue entreprise "civilisatrice" (officiers, hommes politiques, saint-simoniens...). En contrepoint sont présentées des prises de vues non officielles - moins élégantes, car souvent filmées en Super 8, mais plus réalistes -, et des textes sans complaisance pour la politique française (récits de voyage de Maupassant, écrits de Césaire ou de Senghor). Voulant appréhender une réalité complexe, toujours pas totalement assumée, le documentaire cerne parfaitement le malentendu entre colonisateurs et colonisés, éclairé par le point de vue de sociologues, d'historiens et d'anthropologues. Avec le recul, les propos et les idées sont choquants - surtout quand Jules Ferry parle de "races inférieures" ou quand on constate que les manuels scolaires de l'époque étaient truffés d'articles racistes. Oeuvre d'histoire plus que de mémoire, ce film tire avec pertinence les enseignements de la "dérive" de l'humanisme glorieux. Par là même, il souligne combien l'illusion d'une supériorité de l'Occident et du christianisme sur l'Orient et l'islam peut être dévastatrice. Un rappel salutaire, alors qu'un passé colonial non soldé et donc mal cicatrisé entretient aujourd'hui des mémoires conflictuelles.


PS: si quelqu'un trouve une version video de l'émission sur le web, merci d'avance de m'en indiquer l'URL!

17 janvier 2007: Elle est sur Dailymotion, la voila:











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